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Histoire 01 - À la veillée : les ancêtres Cosaques
Sur Krasnodar, les orages électromagnétiques sétaient propagés, violents. Tout le monde sétait donc calfeutré 2 heures auparavant lorsque lalerte générale avait été donnée par lEM local. Rapidement et sans panique, les infrastructures de production avaient été mises au ralenti pour empêcher toutes surcharges. Les travailleurs étaient rentrés chez eux : interdiction formelle de sortir pour la sécurité de chacun, blackout complet. La planète entière vivait avec le minimum vital, attendant que la tempête solaire passe.
Les éclairs claquaient maintenant, inondant de lumière le ciel noir des nuages qui sétaient formés soudainement. Pourtant aucune goutte de pluie ne tombait du ciel. Derrière les volets blindés de protection, tous attendaient que cela cesse : quelques heures à tenir tout au plus car ça ne durait jamais bien longtemps. Face à l'attente et à l'angoisse qui montait chez les plus jeunes, les vieux racontaient alors les contes et les histoires dantan. Les légendes de l'Ancien Monde, d'Hantaria l'Ancienne, les récits des combats plus récents aussi. Tout était bon pour faire passer le temps et rassurer la famille avec ces histoires merveilleuses.
Dans une petite maison isolée, la matriarche, qui descendait dune famille aux origines très ancienne, bien au delà de la création de la nation hantarienne, entreprit de raconter une histoire aux 3 paires dyeux effrayés de la maisonnée. La babouchka sétait assises près de l'âtre. Les adultes sétaient rapprochés à leur tour pour écouter. Elle avait alors commencée ainsi :
Mes enfants, tout ce bruit et ces lueurs me rappellent une histoire qui me vient de ma mère qui la tenait elle-même de sa mère...
Elle se transmet ainsi depuis des générations et des générations et même bien avant encore !
Il y a très longtemps donc, sur une planète lointaine et maintenant disparue sans doute, vivait un groupe dhommes appelés les cosaques.
Au tout début, cétaient des hommes libres et fiers qui sétaient regroupés pour survivre à des invasions de hordes qui dépeuplaient leur pays.
Ces fiers cavaliers et guerriers connaissaient lart équestre et maniaient le sabre et la lance comme personne. Ils vivaient parfois de pillages et de rapines sur les convois marchant qui passaient par là. Cest pourquoi, de nombreuses fois, ils furent asservis par des souverains étrangers qui les considéraient comme hostiles. Parfois ils faisaient allégeances et dautres fois ils se révoltaient. Il sen suivait de farouches affrontements. Pourtant, malgré ça, leur culture a perduré et nous en sommes les descendants.
Plusieurs communautés existaient alors. Lune delle était la communauté des Cosaques du Don. Nos ancêtres en faisaient partis.
Mes chers petits, je vais vous raconter une histoire qua vécue lun de nos ancêtres. Elle va vous montrer le courage dont on doit faire preuve et labnégation face au danger et à une mort certaine.
A cette époque, les cosaques dépendaient d'un souverain (le Tsar) qui était en guerre contre un autre souverain. La guerre semblait mal engageait pour le Tsar. Ses armées avaient été rapidement repoussées par lenvahisseur.
Bien que peu nombreux les Cosaques formaient quelques unités farouches et prêtes à se faire tuer sur place pour permettre aux troupes du Tsar de se regrouper et darriver en renfort. Ils ne restaient donc pas inactifs et excellaient dans ce quils savaient faire de mieux : les coups de mains rapides, le harcèlement des convois de ravitaillement et des troupes isolées.
Notre ancêtre, Dimitri Pechkov, faisait parti dune troupe de 200 lances bien organisée. Les hommes se connaissaient bien. Ils venaient tous des mêmes villages. Depuis le commencement des combats, la petite troupe se contentait de harceler le ravitaillement ennemi. Certes, cela ne bloquait pas linvasion mais, telle une nuée de taons qui assaille un cheval, cela gênait beaucoup lennemi.
Un jour pourtant, non loin dune petite ville, un grand combat se déclencha entre les 2 armées. Pour cette occasion, Dimitri et ses compagnons avaient été rattachés à un corps de cavalerie et ils durent participer à cette bataille rangée.
Les cosaques nétaient pas des plus à laise dans ce type de combat car, en tant que cavaliers légers, ils étaient plus aptes à éclairer une formation quà combattre en formation ordonnée.
La bataille sétait mal engagée : linfanterie du Tsar, bien que retranchée, avait été inexorablement repoussée et refoulée sur ses arrières. De grandes charges de cavalerie avaient eu lieu de part et dautre. Les heures passant, les morts, les blessés et les mourants jonchaient le sol.
Nos cosaques avaient été positionnés près dun pont dont il avait la garde. Ils entendaient la fusillade, les cris et le bruit du canon, un peu comme le grondement du tonnerre aujourdhui, qui se rapprochait de plus en plus. Les hommes et les chevaux étaient nerveux.
Vers la fin du jour, ils navaient toujours pas combattu et attendaient les ordres. Ils virent alors de nombreux fuyards qui les dépassèrent pour traverser le pont ainsi que plusieurs canons et leur attelage. Ces troupes étaient plus ou moins organisées mais on sentait que la débandade était proche. Alors quun bataillon dinfanterie franchissait le pont, un groupe de cavaliers tout chamarré dor et dargent sapprocha du pont, entouré dune forte escorte.
Cétait le Tsar en personne ! Un murmure parcourut les rangs.
Les officiers qui laccompagnaient firent stopper les fantassins ainsi que 2 canons et leur ordonnèrent de se positionner de lautre côté du pont. Puis, un peu méprisant, ils approchèrent le sotnik (chef de la troupe cosaque) et lui donnèrent lordre de se porter en avant, sur une hauteur, pour protéger ce déploiement. Il devait rester là 2 heures, c'est-à-dire jusquà la tombée de la nuit.
Saluant le tsar de son sabre il commanda aussitôt à ses hommes davancer, ce quils firent en un mouvement parfait. Au petit trot il séloignèrent du pont et gravirent une pente douce pour arriver sur la hauteur. De là, ils pouvaient embrasser du regard tout le champ de bataille. Ils virent très vite que larmée était en repli et que lennemi avançait sur tout le front.
De nombreuses unités amies en les apercevant les prirent comme aussitôt point de ralliement.
Tel un roc inébranlable dans les flots tumultueux et ininterrompus, ils furent ainsi dépassés par des hommes à pied, des fourgons, des canons, des cavaliers et leur monture fourbue. Lattitude calme et sereine des cosaques rassurait les fuyards.
Cela dura quelques temps mais bientôt un groupe affolé les rejoignirent et il fallut toute la maîtrise des cosaques sur leurs montures pour ne pas être emportée dans la tourmente. Quelques coups du plat de leur sabre les aidèrent également.
Pourquoi cet affolement me direz-vous ?
Lexplication était simple : lennemi approchait.
Bientôt nos cosaques furent seuls en haut de la colline.
Dans le ciel, lastre solaire commençait à décliner. Encore une heure et ils pourraient tourner bride et rejoindre le pont.
Hélas... Ils nen eurent pas le temps.
Un parti de cavalerie adverse venait de déboucher des bois en contre bas et quelques boulets de canons sécrasèrent non loin de nos 200 cavaliers.
Réalisant bien vite quils navaient aucune chance si ils restaient sur cette position, le sotnik ordonna la charge.
« Hourra ! Hourra ! Hourra ! »
Dévalant la pente comme des fous, tenant ferme leur lance, ils se lancèrent à la rencontre de la cavalerie adverse.
Lavantage était pour eux, les cavaliers ennemis neurent que le temps de se lancer au galop mais trop tard. Culbutant tout sur leur passage, les cosaques les taillèrent en pièce. Lennemi fut refoulé vers la lisière du bois désorganisant par la même occasion linfanterie qui en débouchait.
« Taille, pique et tranche » ne cessait de haranguer le sotnik.
Lennemi fut promptement repoussé, les sabres et les lances laissant de nombreux corps sur le terrain. Puis, stoppant in extremis la charge et ralliant ses hommes, le sotnik les ramenant sur leur ligne de départ, en haut de la colline.
Trois fois il répéta cette manuvre, interdisant à lennemi de déboucher du bois. À chaque fois pourtant, le nombre des cosaque diminuait. Ils ne furent bientôt plus quune centaine en état de combattre. Pour ces derniers, les chevaux commençaient à se fatiguer.
En bas, lartillerie ennemie tirait de plus en plus précisément.
Une quatrième charge fut portant lancée sur linfanterie qui débouchait une nouvelle fois des arbres.
Mais, alors quils étaient au contact et aller encore une fois refouler l'ennemi, ils furent assaillis par un parti de cavalerie ennemie : des dragons !
Pourquoi sappelaient-ils comme ça ?
Nul ne le sait plus aujourd'hui.
Ce qui est sûr cest quils avaient des montures plus grandes et en meilleure forme que celles de nos cosaques.
Pris de flanc, ces dernières résistèrent pourtant. La rage animée leurs bras. Les lances étant rompues ou perdues depuis longtemps, les sabres les remplacèrent.
Les adversaires croisaient le fer, leurs sabres sentrechoquant et étincelant dans le soleil couchant. Les cris, les hennissements, le bruit des armes et le râle des mourants. Cétait une vision dantesque dans le clair obscur de cette soirée.
Pourtant... Pourtant ils furent rompus.
La cinquantaine de cosaque qui restait encore, voyant la lumière disparaître, tourna bride et comme elle put, remonta pour la dernière fois en haut de la colline, poursuivit par les dragons ennemis qui les talonnaient.
A bride abattue, elle dépassa cette hauteur sans un regard derrière elle, laissant ses morts en bas, à la lisière de la forêt.
Les dragons les poursuivaient toujours, sabrant tous ceux qui ne pouvaient aller plus vite.
Finalement, dans leur fuite éperdue, ils aperçurent le pont.
Étaient-ils sauvés ? La bataillon positionnait là s'y trouvait-il toujours ?
Rien ne semblait plus s'y trouvait.
Il Franchirent le pont comme dans un rêve et au moment où, touchant lautre rive, ils pensaient tous mourir, une énorme fusillade éclata sur leur gauche et sur leur droite : linfanterie et les 2 canons postaient plus tôt étaient bien restés.
Les dragons furent stoppaient, plusieurs mordant la poussière. N'insistant pas, ils firent demi-tour.
La nuit venait de tomber, chacun des 2 adversaire resta sur sa position.
Les cosaques, il n'en restait qu'une trentaine, avaient faire leur devoir et grâce à eux larmée du Tsar pouvaient souffler un peu et se replier sans crainte et en bon ordre.
Tels étaient nos ancêtres dalors, mes enfants, et cest cela que notre nation essaye de perpétuer.
Ne pas avoir peur de linconnu et de la mort, affronter les choses avec fierté et honneur. Mais toujours garder lespoir, se battre jusquau bout en gardant lespoir.
De cet accrochage nul nen parla plus, seule la trentaine de cosaque qui en avait réchappé la raconta le soir à la veillée, encore et encore. Et moi, qui suis une de leur descendante, je vous le raconte ce soir.
Tant dis quelle prononçait ces derniers mots, lalarme annonçant la fin du black out retentissait sur toute la planète. Les enfants rassurés partirent jouer dehors, la tête pleine dimage merveilleuses de leurs ancêtres farouches et héroïques.