Histoires de la Nation Hantarienne

L'aventure hantarienne - Univers S01

Chapitre 04

Chapitre 04 - La vie n'est jamais un long fleuve tranquille

Retour présentation
Annexes

Épisode 01 - Galaxie 33 - Secteur 74, planète 4 (Kiev V) - le 25/02/anIII - Rencontre

Perchée sur un tabouret de bar, accoudée au comptoir, Tatiana buvait tranquillement son verre de vodka tonic bien frappée. Elle y avait pris goût depuis quelques temps. Peut être un peu trop même... Elle avait découvert ce bouge au retour de la G23. Ses longues errances dans les quartiers périphériques, l'avaient amenée ici, au "Massive Attack". Le "Massive Attack"... A lui seul le nom était déjà tout un programme.

Ce bar... Ce boui-boui plutôt ! Il n'était vraiment pas de haut standing, c'est certain. De la ruelle étroite, la façade de béton lisse, sans fenêtre, montait sur 1 ou 2 étages. Au premier regard cela ressemblait plus à un blockhaus qu'autre chose, mais l'énorme néon rouge qui traçait en lettres majuscules un M et un A indiquait bien que l'endroit était tout autre chose. Sur la façade brute, une seule ouverture : une porte, blindée, identique aux sas d'accès des casemates de l'EM planétaire et sans doute récupérée là bas. Généralement ouverte, elle s'ouvrait sur un couloir lugubre d'1 mètre de large sur 3 mètres de long c'est-à-dire exactement l'épaisseur du mur. A son extrémité, un vague rideau de fils suspendus, autrefois chatoyants, permettait d'accéder à la salle.
En y pénétrant c'était un choc : sombre, sans autre ouverture que la porte par laquelle on venait d'entrer et les 2 accès de service dont on ne devinait pas encore l'existence, une odeur animale vous saisissez à la gorge. Puis le manque d'éclairage vous obligez à avancer pour aller vers le fond où il était concentré avec 4 plafonniers puissants qui diffusaient une lumière jaunâtre. Le long des murs, quelques appliques ainsi que de petites lampes disposées sur les tables, tentaient de percer l'obscurité ambiante du reste de la pièce. La quinzaine de tables basses, formaient ainsi des îlots lumineux qui permettaient de distinguer des silhouettes indiquant que le lieu n'était pas désert. On remarquait assez vite des banquettes et des canapés plus ou moins avachis qui entouraient les tables et semblaient posés là depuis la nuit des temps. Entre ces îlots lumineux, on trouvait éparpillé des plantes vertes synthétiques, des paravents poussiéreux et de vieilles draperies suspendues qui tentaient d'égailler l'ambiance. En vain... Finalement, on arrivait au fond de la salle.
C'était donc l'endroit le mieux éclairé. C'était également là que l'on trouvait le débit de boisson, la caisse et le comptoir. Le comptoir était LA pièce maîtresse du "M.A.". Massif, en bois exotique de couleur cramoisi, il était recouvert d'une longue plaque de zinc sur sa partie supérieure et agrémenté de chromes aux angles et sur les différentes moulures et sculptures le constituant. Des tabourets, hauts perchés, complétaient l'ensemble, permettant de se poser là et de boire en solitaire, tranquillement, loin de l'atmosphère glauque et enfumée de la salle. Le comptoir occupait toute la largeur de la pièce et faisait face à l'entrée. On ne pouvait le manquer car c'était vraiment une pièce unique et bien visible depuis l'entrée. A ses extrémités, on trouvait les 2 accès déjà mentionnés. Ils donnaient sur des bureaux, des loges, une réserve,... c'est-à-dire sur les pièces de services se trouvant à l'arrière du bâtiment. Voici donc comment on percevait l'endroit lorsqu'on y pénétrait.
En dehors du comptoir, une autre chose était remarquable au "M.A.": le personnel. Il était bigarré et constitué, pour la plupart, des principales races connues de l'univers. En premier lieu, il y avait les serveuses, recrutées essentiellement pour leur physique attrayant. A vrai dire, il y en avait pour tous les goûts. Leur job principal était, sur le papier, le service en salle mais elles alternaient avec des "séances de danse" plus ou moins rythmées qu'elles effectuaient sur une dizaine de plateaux suspendus au plafond et dispersés dans la salle. En fait, il faut bien le dire, c'était ça la principale attraction du "Massive Attack" : des filles qui se dénudaient en dansant pour le bon plaisir des clients. Le bon goût n'était pas toujours au rendez-vous mais il fallait bien appâter la clientèle, surtout masculine, et l'inciter à rester pour consommer et dépenser son argent. En plus de la vingtaine de filles qui travaillaient là, par rotation entre la salle et des séances de striptease, on comptait 2 barmaids, 2 droïdes barmen, 2 videurs et 4 droïdes videurs. Ces derniers, toujours aux aguets, intervenaient au moindre signe de dérapage ou de bagarre.
Enfin, pour finir ce tour d'horizon, il y avait la patronne : May PEPE-GUES. C'était la maîtresse de l'endroit, la propriétaire. On la trouvait toujours au bar, faisant office de 1ère barmaid. Elle ne comptait pas les heures passées là et les sourires qu'elle distribuait largement aux clients, habitués ou non. C'était une jeune eurasienne aux cheveux couleur de jais et à la peau laiteuse. Bien qu'elle soit de petite taille, son corps était parfaitement bien proportionné et pulpeux. Son visage, rond, se terminait en un joli menton rond également, surmonté d'une petite bouche aux lèvres rouges et pleines. Un nez légèrement busqué aux narines minces, des fossettes coquines lorsqu'elle souriait, de magnifiques yeux bridés à l'iris mordoré, de longs cils fins et des sourcils savamment épilés complétaient l'ensemble. Pourtant ça n'était pas ce visage qui était le plus regardé, c'était plus ses formes, ses hanches pleines et sa nuque dénudée qui attiraient les regards. Et sa gorge... Encore plus sa gorge largement offerte par un corset qu'elle arborait chaque jour. C'était là que les yeux se portaient invariablement : sur ses seins pulpeux et rebondis qui enchantaient les regards et donnaient des idées à tous les hommes présents. Elle avait d'ailleurs bon nombre de soupirants, assidus ou non, mais ne s'en souciait guère. Elle restait souriante et aimable, les éconduisant d'un geste, d'un mot, voir même parfois avec l'aide d'un videur pour ceux qui devenaient trop pressants. Elle connaissait tout le monde et parlait avec tous. D'ailleurs, en dehors des danseuses, c'était surtout elle qui fidélisait la clientèle. En quelque sorte, elle était l'âme du "Massive Attack".

Tatiana sirotait donc sa vodka tonic comme elle en avait pris l'habitude. C'était son 7ème verre et une douce torpeur commençait à l'envahir. Elle-même, comme tous ceux qui étaient là, ne pouvait s'empêcher de regarder May et de plonger son regard dans le décolleté de la patronne lorsqu'elle en avait l'occasion. Elle était troublée. Cela ne lui ressemblait pas. C'était la 1ère fois qu'elle se sentait attirée ainsi par une autre femme.

Sans doute les effets de l'alcool, essaya-t-elle de se persuader pour la nième fois. Et puis, il n'y a pas de mal à regarder une jolie fille...

Elle but une nouvelle gorgée et reposa son verre tout en lorgnant de nouveau vers May. Malheureusement, son regard fut intercepté par les yeux mordorés de la patronne. Confuse d'avoir été découverte, Tatiana poursuivit son mouvement, faisant mine de regarder le grand écran accroché derrière le comptoir et qui déversait continuellement un flot d'images. Au même moment, un message d'alerte interrompit le programme et apparut :

**** FLASH INFO **** FLASH INFO **** FLASH INFO ****

Une présentatrice apparut à l'écran, le visage grave et annonça :

Madame, Monsieur, bonjour. Dernière information en provenance du Grand Conseil.
Nous apprenons de source sure que toutes les chaînes de fabrication de vaisseaux viennent d'être stoppées. Plus aucun vaisseau ne sort donc des chaînes depuis ce matin. Ceci vient de nous être confirmé par un représentant du Grand Conseil. La suite en image. (...)

Autour de Tatiana le brouhaha ambiant avait notablement diminué. Tous les visages étaient devenus graves et plus personne ne s'occupait des danseuses qui continuaient pourtant leur danse lascive, insensibles à ce qu'il se passait autour d'elles. Tatiana, tout aussi surprise par cette annonce, reposa son verre, continuant à fixer l'écran.

Il y a bien des rumeurs de récession et de baisse de rentrées des crédits depuis quelques temps mais quand même... songea-t-elle.

Elle n'avait pas remarqué que May s'était rapprochée pour compléter son verre. Tout en versant une bonne rasade de tonic, May s'adressa tout à coup à elle :

- Alors militaire ! Ça fait plusieurs fois que tu viens ici dis-moi... Et avec tout ça tu vas continuer car tu n'es pas prête de retrouver un vaisseau ! Dit-elle en faisant un mouvement de tête pour désigner l'écran.

Surprise par cet intérêt soudain, Tatiana rougit jusqu'à la racine des cheveux et bredouilla :

- Militaire ? ... Pourquoi vous pensez... Qu'est-ce qu'il vous fait croire... Je... Je ne suis pas en uniforme !
- Pourquoi !?
Répliqua May avec un beau sourire. Parce que j'ai été comme toi à une époque : officier dans la flotte. Alors je les reconnais au 1er coup d'oeil.

De plus en plus surprise Tatiana essaya de répondre.

- Ah... Mais vous...

May l'interrompit en posant la main sur sa manche.

- Dis-moi, nous allons nous tutoyer ça sera plus simple non ? Dit-elle d'une voix douce en lui lançant une oeillade.
- Ok... Comme tu veux. Articula Tatiana avec peine avant d'enchaîner timidement. Vous... Tu y es restée longtemps dans la flotte ? ... Pourtant tu es...
- Jeune ! Je le suis c'est vrai. Merci à toi de l'avoir remarquée. Mais tu sais, si tu veux que je te raconte ma vie ça va prendre du temps et un sacrément long même ! Dit-elle en posant les bras sur le zinc du comptoir pour s'y appuyer.
Décidément très jolie... Pensa Tatiana après avoir jeté un oeil dans le décolleté ainsi offert.

Elle aperçut au même moment une goutte de sueur qui, glissant du cou de May, vint s'arrêter juste entre les 2 seins pour y rester bloquée... Bloquée par cette barrière naturelle... Vraiment, elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle était autant troublée par May. Chassant cette pensée de son esprit, elle plongea son regard dans les yeux mordorés qui lui souriaient.
Tandis que la conversation continuait entre elles, le flash info développait les nouvelles sur cette information importante : les usines de vaisseaux étaient à l'arrêt et toutes les productions de minerai et d'hydrocarbure partaient dorénavant à la vente vers les planètes de la Guilde Marchande. Des dizaines de milliers d'ouvriers se retrouvaient ainsi en chômage technique.


Épisode 02 - Galaxie xx à bord d'un VML - le 02/03/anIII - Décision pour l'avenir

Le Grand Conseil s'était réuni, une nouvelle fois. La séance avait été programmée de longue date mais l'ordre du jour avait été modifiée au dernier moment : une nouvelle fois il était question de l'avenir et du devenir de la nation hantarienne dans cet univers.
Les 10 Conseillers restaient perplexes, bien peu avaient pris la parole. Il en était de même du Conseiller Svain GUILD qui habituellement ne se gênait pas pour attaquer la politique menait pas le Grand Conseil dès que l'occasion se présentait.
Le Grand Conseiller Zak LVOV prit donc la parole :

- Comme vous le savez tous, le CHAOS a subi un gros revers dernièrement et cela ne laisse présager rien de bon pour notre avenir. De plus, la baisse de nos revenus actuels ne va pas nous permettre de continuer à développer indéfiniment notre force de combat. Actuellement nos usines de production de vaisseaux sont toutes à l'arrêt et ça n'est pas les 2 ou 3 usines de produits manufacturés construites qui vont redonner du travail à nos ouvriers. Nous essayons, dans la mesure du possible, d'engranger un maximum de crédits pour les jours incertains qui s'annoncent car il est possible que les cours du minerai et de l'hydro s'effondrent totalement. Si cela se produisait, nous ne tiendront pas longtemps, à moins de se faire fossoyeurs ou de dissoudre notre Nation en espérant que notre peuple survive ensuite.

LVOV appuya bien sur ces derniers mots : un frisson parcourut l'assistance.

- Enfin, on peut craindre une attaque frontale directement sur nos terres de la part des fanatiques religieux de la VOX DII... Vous connaissez tous mon sentiment à ce sujet et je pense que vous pensez de même : plutôt mourir que de se plier au bon vouloir de ces gens là. Quand on sait ce que la religion a fait à notre peuple dans les temps passés ! Bref...

Plusieurs Conseillers acquiescèrent en silence, se souvenant des ravages de la religion et de son fanatisme dans l'histoire hantarienne. LVOV poursuivit :

- J'attends donc vos suggestions et vos idées.

Le débat commença enfin avec le Conseiller GUILD :

- Peut être serait-il judicieux d'envoyer des vaisseaux de colonisation dans d'autres univers ? Ne nous a-t-on pas parler de 2 autres univers ?

Le Conseiller MIELKAREC qui se trouvait à sa gauche répondit :

- Je ne vous le conseille pas ! Ne vous souvenez-vous pas de la mission envoyée vers l'univers appelé s02 ? Mon frère y était... Nous avons été détruits jusqu'au dernier et seul quelques survivants ont réussi à nous rejoindre.
- Et le s03 ? Surenchérit le Conseiller ROZAK qui se trouvait à la droite de GUILD.
- Bis repetita. Répliqua MIELKAREC. Autant lancer nos vaisseaux directement dans le coeur d'un soleil... Il vaudrait mieux les envoyer dans le grand univers encore inconnu, ils risqueront moins de disparaître pour rien.
- Pourquoi pas...
Rétorqua tout à coup LVOV.

Il regarda un par un la dizaine de conseillers qui l'entouraient.

- Qu'en pensez-vous ? Doit-on lancer de tels vaisseaux dans le grand univers ?
- C'est une idée qui me tient à coeur.
Intervint alors la Conseillère MALIOUKA, qui était restée silencieuse jusque là. Vous savez tous que j'ai déjà maintes fois demandé que de telles missions soient mises en place mais jusque là on m'a toujours dit que se serait un gaspillage de ressources. Nous ne sommes pas en guerre actuellement, et nous vivons une période de relative tranquillité comme nous n'en avons pas eu depuis longtemps. C'est le moment ou jamais !
- Oui
, intervint à son tour le Conseiller NHY, si il faut le faire c'est maintenant. Maintenant et pas lorsque nous serons attaqués de toute part et qu'il faudra fuir dans l'urgence...

Plusieurs "Oui" furent également prononcé par le reste des Conseillers.

- Je crois que nous sommes tous d'accord sur l'idée, dit LVOV. Je vous propose de passer au vote...
- A main levée
, le coupa GUILD, ce sera plus simple.
- Faisons comme ça.
Répondit LVOV. Qui est pour ?

10 mains se levèrent aussitôt.

- Bien ! J'envoie immédiatement les directives de mise en place de ces missions... Mais discutons tout d'abord de leurs compositions précises.

La séance se poursuivit, studieuse.


Épisode 03 - Galaxie 23 - Secteur xx planète Rostov VII, usine de recyclage, atelier 47 - le 05/03/anIII - Recyclage des prises de guerre

La CLD trônait, presque neuve, au beau milieu de la zone T de l'atelier 47. L'équipe de Mike QUEZ était à l'ouvrage. A son aspect on voyait bien que cette corvette était de fabrication étrangère.

Très certainement récupérée lors de l'une des dernières invasion en G23, pensa Mike.

Un robot pompe avait déjà vidé les soutes dans l'atelier voisin et d'autres équipes avaient dépouillé les aménagements intérieurs. Les droïdes de Mike démontaient maintenant les structures internes, retirant tout ce qui n'était pas en métal. Les différents morceaux retirés étaient déposés sur un tapis roulant qui les emmenait à l'unité de recyclage pour en extraire l'hydrocarbure qui serait très certainement vendue à la GM ensuite.
Pourtant, sur l'arrière du vaisseau, le couteau laser d'un énorme robot dépeceur entra en action, tranchant le blindage comme si il s'agissait d'une simple feuille d'arbre. De son pupitre, Mike supervisait les choses et envoya aussitôt un ordre aux droïdes : "Cessez votre activité - Retour en zone A de l'atelier." Ceux-ci sortir aussitôt de la CLD, laissant leur tâche inachevée.

- Il résistent peut être à la chaleur mais je n'ai pas envi d'en voir un coupé en deux par un couteau laser, marmonna Mike.

Il n'avait pas le temps de faire les choses comme il aurait aimé les faire mais les ordres étaient stricts et devaient être exécutés rapidement. Il enclencha une séquence et 2 robots dépeceurs supplémentaires s'approchèrent du vaisseau et entrèrent en action. En quelques minutes, la CLD fut proprement découper. Ses morceaux, coupés et calibrés, avaient été déposés au fur et à mesure du travail sur d'autres tapis roulant qui les emmenaient directement à la fonderie toute proche. Bientôt, ils seraient transformés en tôle ou en lingot et envoyés à la GM pour être vendus.
Dans l'atelier 47, une nouvelle CLD fut amené en zone T. Dehors, sur l'air de stockage, 48 autres CLD attendaient de subir le même sort.


Épisode 04 - Galaxie 33 - le 06/03/anIII - Repos pour Tatiana

La nuit était calme mais dehors il pleuvait. On entendait juste un clapotis sur les dalles de la terrasse.
Dans la chambre silencieuse, Tatiana était réveillée. Comme toujours à 04H00, elle se réveillait. Pourtant elle ne s'était pas couchée tôt. Enfin "tôt"... Tout était relatif : soir ou matin !? Toujours est-il que s'étant couchée il y avait 2 heures de cela, elle s'était quand même réveillée comme d'habitude. Son organisme conservait le rythme des quarts qui se faisaient à bord des vaisseaux de la flotte hantarienne et à ce moment précis, habituellement, elle prenait son service.
L'habitude... C'était quand même tenace et dur de s'en débarrasser. Pourtant ça faisait déjà presque 3 mois qu'elle avait quitté le bord et qu'elle attendait à terre de nouvelles missions. Mais rien ne venait. Et puis... Quand elle commençait à penser à tout un tas de chose, tôt le matin, c'était un calvaire pour se rendormir ensuite. Après elle se tournait et se retournait et ça l'énervait encore plus. Cependant, cette fois, elle ne bougea pas, réfrénant l'impérieuse envie qu'elle avait d'aller à la fenêtre et de regarder la pluie tomber.
D'habitude elle le faisait. Elle se levait, mangeait quelque chose et aller jeter un oeil par la fenêtre du bacon pour revenir ensuite se recoucher et s'endormir. D'habitude... Un fourmillement désagréable lui agaça le pied et remonta le long de sa jambe. Il fallait vraiment qu'elle bouge. C'était intenable de rester comme ça. Elle entreprit donc de bouger ses jambes tout doucement, vers le bord du lit. Hélas... Un bras vint lui enserrer la taille, la retenant impétueusement. A ses côtés le propriétaire du bras venait de se retourner et soupira dans son sommeil, comme satisfait de l'avoir prise au piège. Tatiana sourit mais le fourmillement était toujours là. Il devenait insupportable. S'en était trop. Elle prit délicatement le bras et tenta de le soulever pour se dégager et, par reptation, progresser vers le bord du lit. Il fallait qu'elle se lève ou, tout du moins, qu'elle bouge. Mais c'est l'effet inverse qui se produisit et, comme un piège, le bras se resserra un peu plus sur elle. C'était impossible de rester ainsi pour Tatiana. Incapable de se maîtriser plus longtemps elle se tourna brutalement sur le côté, faisant face à son "agresseur". Bousculé, ce dernier sursauta et émit une plainte dans son sommeil :

- C'est déjà l'heure de se lever ?...
- Non, Non... Dors...
Répondit Tatiana dans un murmure.

Elle sourit à nouveau : en changeant de position, la sensation désagréable dans la jambe avait disparu. Elle n'avait donc plus à se lever maintenant. Après tout, elle n'était pas seule... Peut être même plus seule... Fini les longues nuits solitaires ? Elle le souhaitait hardemment. Elle préféra rester là et se lova un peu plus contre le corps chaud dont le souffle régulier indiquait que le dérangement avait été bref. Dans le clair obscur de la nuit, Tatiana scruta le dormeur qui reposait à ses côtés. Sur l'oreiller, elle distinguait parfaitement la masse couleur de jais des longs cheveux décoiffés, lesquels n'arrivaient pas à masquer le visage de porcelaine de May. Elle sourit encore une fois et se rendormit en écoutant le souffle régulier de sa compagne.


Épisode 05 - Galaxie 19 - planète *NO - le 26/03/anIII - Nouveaux combats avec récupération de vaisseaux

Le prédateur pénétra violemment dans l'atmosphère. Les moteurs au maximum il lui fallut quelques secondes pour rejoindre la surface. Puis, il ralentit brutalement et finit par enclencher ses stabilisateurs pour rester immobile à quelques mètres du sol.

- Bouton d'Or ? Dit le pilote dans son masque.
- Quoi ? Répondit l'homme à l'arrière.
- Le brouillage est trop fort... Je ne peux pas aller plus près sans risque. Je te dépose ici.
- Ok ça ira... Rétorqua l'autre maussade.
- Bonne chance ! Conclut le pilote.
- Ouaip... On lui dira. Grogna l'autre.

Le sas ventral du prédateur s'ouvrit et un lourd filin s'en échappa immédiatement suivi du commando qui y glissa comme une araignée sur son fil. Dès qu'il toucha le sol, le câble fut promptement aspiré par le sas qui se referma aussitôt. Le prédateur mit alors plein gaz et disparut dans les nuages.
Au sol, l'homme avait lui aussi disparu en s'engouffrant dans le bâtiment le plus proche dont il ressortit à l'autre extrémité. Bien qu'étranger à cette planète, il se dirigeait sans hésité, comme si il connaissait l'endroit et savait exactement où il allait. Il traversa ainsi plusieurs allées barrées par de nombreuses barricades et jonchées de cadavres. Il n'y avait pas âme qui vive ici. Rien que des morts et la puanteur qui commençait à s'en échapper. Sur le qui-vive, il progressait par bon, conservant le doigt sur la détente de son arme braquée et prête à faire feu au moindre signe de danger.
Soudain, dans l'embrasure d'une porte, quelque chose bougea. Il fit un roulé-boulé sur le côté et orienta son arme dans cette direction. Il allait faire feu mais suspendit son geste car ce qu'il vit dans son viseur l'en dissuada : une gamine se tenait là, les yeux exorbités... sale... les vêtement déchirés... les bras ballant le long du corps. Le temps se suspendit un bref instant, lui la regardant et elle le dévisageant. Elle n'avait d'autre réaction que ses yeux grands ouverts, bloqués par un effroi qui devait l'habiter depuis l'assaut allié qui avait eu lieu ici le matin même. Malgré l'intensité de la scène, le soldat reprit vite ses esprits et, terre à terre, il grommela :

- Putain de merde ! J'ai failli l'allumer...

Puis, il se redressa vivement et alla se planquer sous un escalier qui faisait face à cette porte.
Les ordres étaient clairs, seule la mission comptait. Il scruta longuement les alentours, sans plus s'occuper de la gamine.
Pourtant, avant de reprendre sa progression, il jeta un coup d'oeil vers la porte. La gamine n'était plus là, elle avait disparu comme happée par l'obscurité.

Mouaip... J'ai peut-être rêvé... Pensa-t-il en bondissant de nouveau, reprenant le chemin de son objectif.

Après avoir traversé un bloc de logements dans toute sa longueur sans rencontrer âme qui vive, il pénétra dans un bâtiment d'allure militaire. Traversant le hall d'accueil, il arriva devant une porte blindée qui pendait sur ses gonds. Il s'engouffra aussitôt dans l'ouverture béante et descendit alors 10 volées d'escalier au pas de course. En bas, sous la terre, il déboucha dans une pièce immense, circulaire et déserte. Plusieurs portes blindés colossales s'y trouvaient : c'était là le but de sa mission.
A l'aide d'une console de poche, notre homme les déverrouilla une par une. Elles s'ouvraient sur d'énormes hangars où régnait le chaos : de nombreuses carcasses de vaisseaux sabotées et disloquées se trouvaient là. Pourtant, dans plusieurs d'entre eux, des vaisseaux trônaient, intacts. En se connectant au pupitre central de contrôle notre explorateur en fit un rapide calcul : 100 FA et 100 FM. Il enclencha immédiatement son communicateur :

- De Bouton d'Or à VML orbital...
- ...

Un sifflement lui répondit. Il modifia plusieurs réglages en appuyant sur différents boutons.

- De Bouton d'Or à VML orbital. A vous.
- ... ci VML ... çoit ... sur 5...

Il affina un peu plus les réglages en pianotant de nouveau sur sa console.

- De Bouton d'Or à VML orbital. Me recevez-vous ?
- Ici VML orbital. Nous vous recevons 5 sur 5. Parlez.
- Ai trouvé les hangars souterrains. Environ 200 frégates à récupérer. Nombreuses carcasses à recycler. Vous pouvez déclenchez la procédure. A vous.
- Bien reçu Bouton d'Or. Procédure en cours. Restez sur place. Terminé.
- Bien pris VML orbital. Terminé.

Plusieurs cargos pénétraient déjà l'atmosphère avec à leur bord pour les uns, des équipages prêts à prendre possession des vaisseaux, et pour les autres, des équipes mobiles de recyclage. Dans quelques heures, l'opération serait terminée et cette planète de nouveau laissée à son triste sort.


Épisode 06 - Galaxie 19 - Secteur 54 - le 24/03/anIII - Combats de retardement

1ère partie

Après avoir pris d'assaut 2 planètes et envahi quelques *NO, la flotte de guerre hantarienne avait quittée la G19. Cependant, le général LVOV avait décidé de rester sur place avec quelques vaisseaux qui permettraient de faire du volume pour retarder l'avance ennemie, ce qui laisserait le temps de bunkériser une planète en secteur 54.
Les forces qu'il avait conservées sur le secteur comprenaient principalement : 2500 chasseurs, 1200 intercepteurs, 500 prédateurs, 100 CLG, 100 CTM détachés de la flotte principale, auxquels il fallait ajouter 100 intercepteurs, 120 FA, 120 FM et 26 CRE récupérés sur place lors de différentes invasions. Il y avait également en soutien une centaine de récolteurs, une dizaine de cargos X, quelques jumpers, des vaisseaux tactiques et, surtout, 1 binôme VML + VMC. Les vaisseaux de guerre avaient été regroupés en orbite de la planète sur laquelle tout le système de production avait été rasé pour construire une défense dense et bien développée. Plusieurs chaînes produisaient d'ailleurs à une cadence élevée des droïdes de combat et des droïdes travailleurs qui, aussitôt fabriqués, étaient reprogrammés pour le combat.
Ce matin là, sur les radars du QG planétaire, l'alerte fût donnée : 2 flottes hostiles pénétraient le secteur. Le s54 avait déjà été sondé en entier par l'ennemi peu de temps auparavant. Celui-ci semblait avoir pris l'initiative de venir "chercher" les Hantariens. La tension monta d'un cran : la veille, une flottille alliée avait été détruite par une force comprenant 70 CRE et quelques frégates dans un secteur voisin. La 1ère flotte qui arrivait en s54 avait une signature sensiblement moindre mais provenait de la même nation... Hors, face à ces croiseurs, les Hantariens avaient beaucoup de légers et peu de CRE. Seul les frégates étaient en surnombre dans leurs rangs. En outre, avec 1 heure de décalage, une 2ème flotte ennemie arrivait au même endroit. À quoi pouvait-on s'attendre ?
Après un rapide conciliabule avec son EM, le général décida d'envoyer le gros de ses forces (sans les corvettes qu'il préféra laisser en réserve) à la rencontre de ces forces hostiles. Les Hantariens avaient peut être une chance mais ce serait dur, il y aurait sans doute de lourdes pertes dans leurs rangs. Pourtant le rôle des vaisseaux était de tenir et de contenir l'ennemi pour permettre à la planète de se renforcer le plus possible. Le général prit donc lui-même le commandement et, sans utiliser aucun brouilleur, il déploya bravement ses vaisseaux sur zone en se regroupant avec quelques vaisseaux alliés qui surveillaient la zone. Les Hantariens attendaient l'ennemi de pied ferme. Après tout, la meilleure défense n'est-elle pas l'attaque ? Il fallait donc essayer de conserver un minimum d'initiative pour avoir une chance de résister.
Lorsque la 1ère flottille arriva sur place, à ses premiers mouvements, un énorme soulagement parcourut les équipages hantariens : elle avait enclenchée le mode fuite car elle n'avait que des intercepteurs à leur opposer. A son poste de commandement, le général se retourna vers l'officier d'EM le plus proche et ordonna :

- Lancer l'attaque de tous les vaisseaux.

La bataille s'engagea alors, violente et meurtrière, ne laissant aucune chance de fuite à l'ennemi. Au bout de 9 séquences de combat, tout fût terminé. Bien que la chasse hantarienne ait souffert, elle n'avait pas plié.

Rapport de combat.

Regroupant de nouveau les forces hantariennes, le général LVOV conserva la position. Ils avaient survécu au 1er choc, survivraient-ils au 2ème ? Dans 1 heure ils le sauraient.

2ème partie

Sur la passerelle blindée de la FM 07-10 c'était l'effervescence : les hommes étaient à leur poste et travaillaient sans relâche pour détruire les frégates ennemies. Leur chef, le capitaine Tatiana ZEJEWSK, restait impassible. Assise sur son siège de "pacha", elle contrôlait tout, ordonnant telle correction de tir ou telle changement de direction. Sa frégate faisait partie du groupe de FM n°07 de FM, lequel avait été désigné pour attaquer l'ennemi avec les groupes de FM n°01 à 10 et leurs homologues de FA.
Le combat s'était bien engagé et, dès l'arrivée de l'ennemi, la chasse s'était portée en avant comme à son habitude, harcelant les FM ennemies qui semblaient bien seules. Celle-ci ne faisait que peu de dégâts sur ces lourds vaisseaux ennemis mais par sa vélocité, elle permettait de dérouter leurs radars d'acquisition. Protégés par les FA, les FM se mirent donc à portée de tir pour décocher leurs flèches de mort. L'ennemi comprit très vite que c'étaient elles la menace principale. Alors, il se regroupa et faisant face courageusement à l'assaut hantarien, il concentra ses tirs de riposte sur elles. Cette riposte vigoureuse lui permettait également de se ménager une ligne de repli.
Malheureusement pour lui, il déchanta très vite car cette porte ouverte se referma bientôt : les CRE hantariens venaient de se démasquer et d'apparaître sur leurs arrières. Renforcés par 2 groupes de FA, 2 autres de FM et des FM alliées, ils déclenchèrent aussitôt le tir de leurs railguns lourds. Un bref instant, cela ne sembla pas troubler la formation adverse. Pourtant, la destruction brutale de plusieurs vaisseaux perturba son bel ordonnancement. Jusque là, elle avait fait face bravement mais, après un bref instant, elle se disloqua, chaque vaisseau essayant vainement d'échapper à l'étau hantarien qui se resserrait.
A bord de la FM 07-10, les tirs continuait sur les vaisseaux ennemis désemparaient car tels étaient les ordres. De son côté, la frégate n'avait subi que quelques dommages mais rien qui ne pouvait empêcher le tir de ses missiles « Strielka SMT » sur l'ennemi.
Bientôt il ne subsista plus que quelques FM ennemies et ce fut la curée. Après 13 séquences de combat le champ de bataille resta aux mains des Hantariens.

Rapport de combat.

Les récolteurs hantariens arrivèrent sur zone pour récupérer les survivants et recycler ce qui pouvait l'être. La flotte hantarienne se regroupa de nouveau, comptabilisant ses pertes et détachant les vaisseaux les plus touchés vers la planète toute proche. Là bas, les usines de montage continuaient leur oeuvre : droïdes combattants et vaisseaux sortaient maintenant à flux tendu.
Pourtant, ces 2 victoires ne laissaient rien présager de bon pour les Hantariens. L'ennemi voulait pénétrer ce secteur et il y arriverait, d'une façon ou d'une autre. La lutte serait encore rude dans cette galaxie et les combats de retardement sans doute nombreux.

3ème partie - le 26/03/anIII - la lutte continue

Les communications étaient saturées. Cris, éclats de voix... C'est pratiquement impossible de capter quelque chose dans ce brouhaha infernal.

- Coupe les retours de communications générales mais conserve le contact avec l'escadrille et la patrouille.

Sans attendre la réponse de son droïde copilote, Slaine bascula en communication extérieur :

- De P-510 à tous les P-500, au rapport.

Les 3 prédateurs de sa patrouille répondirent à l'appel :

- Ici P-511, OK.
- P-512, OK.
- P-513, paré.
- A tous bien reçu
, répondit Slaine. Je répète les consignes une dernière fois : restez groupés - ne vous occupez pas des autres. Notre mission : la protection des 2 frégates et rien d'autre. Passez à la vitesse 1500. Bonne chasse à tous. Terminé.
- Bien reçu. Terminé.
Répondirent presque simultanément ses 3 subordonnés.

Elle poussa un peu plus la manette des gaz et les 3 autres en firent autant, rivés à son aile. Devant eux, les lueurs du combat se rapprochaient, ils allaient bientôt y prendre part mais ils n'avaient aucune crainte car ils se sentaient puissants : ils faisaient partie d'une masse compacte de 5 escadrilles de prédateurs, unités d'élite, qui se ruait au combat.
Après 2 jours de relative tranquillité, une nouvelle incursion ennemie avait été détectée le matin même et une partie des forces hantariennes avait été dépêchée sur zone pour la stopper.
Enfin ils arrivèrent à portée de tir. Le droïde copilote de Slaine repéra une formation hostile à attaquer. Il en communiqua l'identification et l'acquisition aux autres copilotes de la patrouille.

- De P-510 à tous les P-500, restez en formation. Verrouillez vos cibles. Feu à mon top... TOP

Les tirs zébrèrent l'espace et vinrent s'écraser sur leurs cibles qui furent détruites.

Trop facile... Pensa Slaine puis elle ordonna :
- A tous. Ressource sur tribord à mon top. Restez en formation. Ne vous éloignez pas des frégates... TOP

Comme à la parade, la patrouille vira d'un seul bloc pour garder en visuel les 2 frégates qu'elle était chargée de protéger. Cependant, ce beau mouvement fut interrompu par une communication qui parvint à Slaine.

- De VMC-K à P-510. Répondez P-510.
- Ici P-510, parlez VMC-K.
- Dirigez-vous vers le cadran 8.00.03. Mission : destruction des intercepteurs hostiles que vous rencontrerez. Confirmez.
- Bien reçu VMC-K. Cadran 8.00.03. Destruction intercepteurs qui s'y trouvent. Terminé.
- Bien reçu P-510. Terminé.

Slaine transmit aussitôt ses nouveaux ordres à la patrouille qui se dirigea donc vers le cadran indiqué. Ils n'étaient pas seul, toute l'escadrille "Biélahia Krilo" avait été dépêchée sur les lieux.
Là bas la mêlée était intense. De nombreux chasseurs hantariens avaient succombé et les patrouilles d'intercepteurs semblaient sur le point d'être submergées.

- De P-510 à tous les P-500. Tayau !

A ce cri, la patrouille verrouilla ses radars de poursuite sur les proies qui se trouvaient déjà à sa portée. Toute l'escadrille fit de même, déclenchant son tir presque aussitôt. De nombreuses proies furent détruites et ce renfort inattendu dérouta les survivantes quelques instants. Mais l'ennemi se ressaisit rapidement et le jeu du chat et de la souris s'engagea alors, les rôles s'inversant régulièrement selon les manoeuvres et les esquives que chacun faisait. Pourtant, inexorablement, face à la supériorité des prédateurs, le nombre des intercepteurs ennemis diminuait et, après 9 séquences de combat, ils furent enfin tous mis hors de combat. La patrouille des P-500 avait survécu sans subir aucune perte. Elle avait ajouté à son tableau de chasse 7 nouvelles victoires dont 2 attribuées à Slaine.
Les forces survivantes se regroupèrent et, une nouvelle fois, les récolteurs furent appelés sur zone pour récupérer les survivants et recycler les carcasses des vaisseaux détruits. Un répit était encore accordé au secteur 54 de la G19.

Rapport de combat.

3ème partie - le 27/03/anIII - l'invasion commence

L'alarme sonnait, tonitruante. Depuis que les flottes ennemies étaient arrivées en orbite, elle sonnait ainsi sans interruption.

- Éteignez moi cette bordel à cul de putain de merde d'alarme de chiottes ! Hurla de lieutenant-colonel RENVOV dans la salle de contrôle de l'EM planétaire.

Un sous-officier, à l'aide de son clavier de contrôle, la coupa aussitôt et tous ceux présents dans la pièce poussèrent un soupir de soulagement.
Songeur, RENVOV, regarda l'écran radar qui donnait un visuel complet du secteur : plusieurs millions de flottes ennemies s'étaient regroupées la veille sur l'EV n°8, faisant fuir la maigre flottille hantarienne qui avait donc jumpé. Par conséquent, sans aucune défense extérieure, la planète allait tomber tôt ou tard, le but maintenant étant d'infliger le plus de pertes possibles à l'ennemi. Il faut dire que depuis plus de 10 jours, ils n'avaient pas chômé ici. La planètes avait été surdéveloppée pour cette dernière phase des combats : résister et infliger le plus de pertes possibles à l'envahisseur.
Cette planète, prise à l'ennemi, avait été complètement réorganisée et réaménagée structurellement. De plus, l'effectif d'environ 10 légions (tous les hommes étaient des volontaires, y compris le commandement) avaient été débarquées sur place pour former le noyau défensif. Leurs cadres et leurs effectifs avaient permis de former l'ossature de 50 phalanges de défense planétaire. La phalange... Cette structure pouvait paraître nouvelle mais, en réalité, elle avait le même effectif que la légion, la seule vraie différence étant qu'elle était constituée à 90% de droïdes. Ces phalanges avaient également été renforcées par d'anciens militaires ou guerriers habitant la planète, qui s'étaient présentés spontanément pour la défendre. Après tout, c'était leur pays.
À ses 50 phalanges s'ajoutait un nombre impressionnant de rangs de milice constitués principalement par l'amalgame de droïdes travailleurs fabriqués sur place et d'habitants qui s'étaient enrôlés comme volontaires.
Ce dernier point était nouveau pour les Hantariens qui n'avaient pas l'habitude de combattre mélangés à d'autres peuples.
Et puis... Et puis, le plus important dans tout ça était de savoir combien de temps ce mélange allait bien pouvoir tenir ? Telle était la question que tous se posait dans la salle de contrôle.

- Estimation de la force d'invasion ennemie ? Demanda RENVOV à son adjoint le plus proche.
- Aucune idée mon colonel... Sans doute l'effectif de 100 légions ou plus.
- Mouaip...
grommela le colonel pour toute réponse. On va bientôt être fixé. Regardez ! Là !

Il désigna sur l'écran radar des vaisseaux qui se détachaient de la masse qui faisait blocus en orbite.

- A vue de nez je dirais 100 barges... Il ne nous reste plus qu'à vendre chèrement notre peau. Messieurs, il est temps de descendre au bunker de commandement ! Poursuivit-il en se dirigeant vers l'ascenseur pour descendre d'un étage.

À l'extérieur, dans le ciel, les trainées d'entrée des barges dans l'atmosphère se dessinaient, comme des étoiles filantes. Sur terre, les troupes attendaient, prêtes à vendre chèrement leur vie.

Dans le bunker de commandement, après avoir été brièvement coupé du monde, un rapport parvint enfin au colonel :

------------------------- rapports de combat : -------------------------
** 1er assaut ennemi : 100000 hommes
pertes ennemies : 100000 hommes
pertes hantariennes : 50000 hommes des phalanges

** 2ème assaut ennemi : 44423 hommes
pertes ennemies : 44423 hommes
pertes hantariennes : 350 hommes des phalanges + 87446 hommes des milices.
------------------------- ------------------------- -------------------------

- Combien nous reste-il ? Questionna le colonel.
- Précisément 48368 hommes de miliciens mon colonel. Répondit un jeune lieutenant dans son dos.
- Bien... Plus aucune troupe de choc... Marmonna RENVOV. Messieurs, détruisez vos postes et le matériel stratégique. Où en sommes-nous de l'énergie et de la capacité de stockage ?
- Le tout est au plus bas mon colonel. Intervint un capitaine tout proche.
- OK... Nous remontons en surface. Messieurs, nous allons nous battre et mourrir. À LA MORT !

Dans un cri tous répondirent :

- A LA MORT !

3ème partie - le 28/03/anIII - Les derniers coups de feu

L'enfant posa la joue sur la crosse de l'arme, un MAKR-53, scrutant dans le viseur haute définition ce qu'il se passait jusqu'à 2000m de là. En haut de cette immense tour d'habitation, le tireur et son arme étaient invisibles de l'extérieur.
Dans cette pièce obscure aux murs ravagés, l'arme apparaissait démesurément grande à côté du jeune adolescent. Ce dernier l'avait calée au mieux sur son bipied, face à un trou qui se trouvait à la base du mur. Il était allongé sur le ventre, à son aise, couché sur une lourde fourrure trouvée dans un coin de la pièce. A ses côtés étaient posées d'énormes jumelles binoculaires qui lui permettaient, de son poste d'observation, de voir l'axe de progression de l'assaillant. Il attendait silencieux, immobile, comme déjà mort. Seul un léger tremblement de la main gauche indiquait qu'il était toujours vivant.
Devant lui, à 1000m, il distinguait l'un des derniers points de résistance qui subsistait encore. Il pouvait voir les défenseurs survivants qui repoussait encore et encore les vagues d'assaut, en particulier un arachnodroïde, dressé sur ses pattes face à l'ennemi. Sa soeur devait y être, là bas... Si loin de lui maintenant. Il n'arrivait pas à la voir parmi les murs et les gravats de ce qui restait de la position de défense.
Le tremblement de sa main s'accentua. Depuis le 2ème assaut il n'arrivait pas à s'en débarrasser. Il venait sans prévenir et repartait ensuite. Ça avait commencé lors du 2ème assaut... Le 2ème assaut... Un frisson parcourut son échine et le tremblement s'accentua. Le 2ème assaut... La terreur le submergea d'un coup et il perdit pied un bref instant. Puis, lentement, ce sentiment reflua, le ramenant brutalement à la réalité.
Dans son viseur il voyait distinctement un groupe ennemi qui contournait la position. La haine remplaça soudain la peur, irradiant tout son être. Le tremblement de la main gauche disparût aussitôt, lui permettant d'ajuster rapidement le réglage du MAKR-53. Puis, il empoigna plus fermement le garde-main de son arme et bloqua sa respiration, l'index droit déjà posé sur la détente il attendait le moment propice.
Un bref instant s'écoula... Il pressa la détente et l'arme tressauta légèrement. A 1200m de là, l'un des assaillants s'effondra sur lui même, le crâne percé de part en part par un projectile de 15mm. Les autres stoppèrent leur progression, se demandant d'où pouvait provenir ce tir. Le MAKR-53 s'était réarmé automatiquement, corrigeant les dérèglements provoqués par son mouvement lors du tir, prêt pour faire feu sur la même position. L'enfant corrigea pourtant légèrement ces réglages. Se faisant, il sourit brièvement...
Une image furtive venait de lui traverser l'esprit : il y a peu encore, il jouait avec sa soeur... C'était juste après la libération. Ces derniers temps avaient été heureux... Avant ça... Avant ! Avant c'était la peur, l'angoisse... La mort de son père déporté... La mort de ses frères à la guerre après l'enrôlement forcé... Et puis encore plus avant, les jours de bonheur, les parties de chasse avec son père et ses frères... La famille... Sa mère... Les veillée au coin du feu... Mais surtout les parties de chasse : tous avaient constaté alors qu'il était bon tireur...
Une secousse ébranla le bâtiment tout entier, le ramenant de nouveau à la réalité : ses pièges fonctionnaient dans les étages inférieurs, il lui restait encore un peu temps... Il sélectionna une nouvelle cible parmi le groupe qu'il avait choisi et pressa de nouveau la détente. Là bas, un autre corps tomba sur le sol. Un de plus qui n'approcherait pas sa soeur. Sa soeur...
Pour le point d'appui qui avait résisté jusque là, c'était la fin. Il était submergé. L'arachnodroïde était encore là mais il était réduit au silence et telle une statue des dieux anciens, il dressait ses membres désarticulés vers le ciel. Après un combat sans issu, les défenseurs avaient tous succombé.
Sa soeur... L'enfant repensa à elle. C'était elle qui avait eu l'idée de s'enrôler pour défendre leur planète. Il l'avait suivi. Leur mère avait bien protesté mais ils avaient tenu bon tous les deux, la persuadant de partir avec la petite dernière qui n'avait que 3 printemps. Elles avaient donc été évacuées par les Hantariens qui le proposaient à ceux qui le souhaitaient. Dorénavant ce serait les 2 seules représentantes de la famille, les seules survivantes...
Une secousse ébranla encore une fois la tour où il se trouvait. L'ennemi se rapprochait. Dans son viseur, l'enfant pouvait voir les couleurs ennemies claquer au vent sur le point d'appui réduit au silence. Il voyait même des hommes exhiber leurs trophées, en particulier une tête fraîchement coupée et d'une blondeur extrême... Cette blondeur... Ce ne pouvait être que celle de sa soeur... Il regarda plus précisément. C'était bien elle. Sa soeur... Elle aussi s'en était allée maintenant.
Sur cette planète lointaine de la G19, il restait donc le seul. Seul à combattre. Seul contre tous. Il pressa encore une fois la détente et celui qui brandissait la tête blonde s'affala sur lui-même, un projectif entre les 2 yeux.
Soudain, il se sentit vidé : il ne ressentait plus aucune émotion, seulement de la fatigue. De nouveau, le tremblement agita sa main gauche, remontant lentement le long de son bras. Résigné, il posa le front sur la crosse de son arme. Il attendait... Il attendait que l'ennemi atteigne enfin l'étage inférieur. Ils arrivaient, il les entendait maintenant. Ils se rapprochaient... Ils étaient là...
Une explosion ébranla les ruines de la cité : la principale tour d'habitation, tout du moins la plus haute, venait de partir en fumée. La planète était tombée. Prêt de 27000 assaillants étaient morts lors de ce 3ème et dernier assaut mené pour éradiquer la résistance opiniâtre qui avait subsisté jusque là.


Épisode 07 - Galaxie 29 - Secteur xx - Une cabine spacieuse à bord du VMC n°1 baptisé "Adine" - le 15/04/anIII - Fatigue

Zak entra dans la cabine. Il déboutonna sa vareuse et la jeta négligemment sur le vaste canapé qui occupait la longueur de la pièce. Il était fourbu. Avec cette nouvelle campagne en G29, les opérations battaient leur plein et il n'en pouvait plus. Devant son état d'épuisement physique et nerveux, le colonel HARTOP, soucieux, l'avait invité fermement à aller prendre du repos. Zak en avait convenu. Il s'était même laisser faire sans faire valoir son grade et son rang ce qui indiquait bien qu'il n'était pas comme d'habitude. Cela avait un peu surpris son état-major quand, sagement, il les avait salués avant de prendre le chemin pour rentrer dans ses quartiers.
Une fois dans la pièce, Zak se dirigea derrière le comptoir pour ouvrir le compartiment réfrigéré et il regarda à l'intérieur d'un oeil éteint. Rien ne lui faisait envi. Il n'avait même pas faim. Cependant son regard s'arrêta sur une canette de bière brune. Il s'en saisit et referma le compartiment. Nonchalant, il alla se planter devant la baie vitrée pour regarda la flotte en cours de regroupement. Il voyait les vaisseaux se déplacer, se regrouper par patrouille ou former de nouvelles unités. Il les regardait sans intérêt particulier mais plutôt comme un enfant qui vient de se réveiller et qui regarde, incrédule, sa mère préparer le petit déjeuner. Son cerveau était embrumé, complètement au ralenti. Il remarqua soudain qu'il tenait toujours sa canette à la main sans l'avoir décapsulée. Il sourit, saisit l'opercule et... pschitt ! Un peu de mousse s'échappa de l'ouverture ainsi créée.
Après avoir regarder une escadrille de prédateur qui se regroupait non loin de là, le général quitta son observatoire et alla s'affaler dans le canapé, saisissant au passage un bol d'arachides grillées qui trônait sur le comptoir tout proche. Une fois assis, il déposa la canette et le bol sur la table basse. Puis, après s'être enfourné une poignée d'arachides dans la bouche, il saisit un long verre et la bouteille de vodka qui étaient posés sur la table basse. Tout en mastiquant, il versa une bonne rasade de vodka dans le verre puis le rempota avec la bière brune selon sa méthode habituelle 1/3 vodka + 2/3 bière brune. Il déglutit pour porter le verre à ses lèvres et en boire une bonne gorgée. Le liquide descendit directement dans son estomac où Zak sentit aussitôt l'alcool faire son effet. Une douce torpeur l'envahit. Son esprit se mit à vagabonder, libre, calmé par l'alcool et la fatigue.
Il pensa à Slaine. La douce Slaine. Sa Douce... Son Amour... Il était heureux avec elle, même... Même si, et c'était le cas, ils ne se voyaient pas toujours aussi souvent qu'ils le souhaitaient. Il se répéta encore une fois que cette rencontre était la meilleure chose qui avait pu lui arriver dans la vie. Sans elle, il ne serait très certainement pas ce qu'il était à cet instant précis. Elle était sa force et sa faiblesse. Elle seule connaissait tous ces petits défauts. Elle seule connaissait ses points faibles... Elle était sa muse, sa raison de vivre. Puis, sans trop savoir pourquoi, ses pensées se firent plus intimes. Il pensa à son corps, à ses courbes, à sa peau... À leurs étreintes enflammées... À son rire... À sa fougue parfois et sa tendresse toujours...
Il sourit. Ses paupières avaient de plus en plus de mal à rester ouvertes. Il but encore une gorgée puis, ôtant ses bottes de pilote, il s'allongea sur le canapé en s'enroulant dans une couverture. Heureux, il s'endormit sereinement. Il était maintenant bien loin de tous les tracas que lui, général et chef suprême de la nation hantarienne, pouvait avoir.
A bord du VMC et dans toute la flotte, d'autres avaient pris le relai et, pour quelques heures, il n'était qu'un combattant fatigué qui devait se reposer.


Épisode 08 - Galaxie 29 - Secteur xx - le 21/04/anIII - Rapport hantarien sur les opérations en G29

- le 9/04/an III tard le soir : Arrivée en s58 sans grosse opposition.

- le 10/04/an III : Mouvement avec la nation Perturabo en s68 ; prise d'une planète -> la n°6.

- de 11/04/an III au 13/04/an III: Mouvement avec la nation Perturabo en s67, (incursion en s77 pour visuel radar) puis s66, s56 et s46. Très peu de résistance organisée. Nombreuses planètes MOD7 passées *NO et/ou colonisées pour récupération au sol (ressources principalement). Le soir du 13/04/an III, regroupement en s45.

- le 14/04/an III : Tôt dans la matinée, incursion en s45 d'une flotte hostile LOL qui détruit un allié prêt à envahir. Interception manquée d'environ 1 heure.
Dans la matinée, la nation Perturabo avec laquelle nous avions progressé de concert jusque là décide d'aller en s55. De notre côté, suite à l'incursion LOL en s45, nous décidons d'éclairer le s35 pour ne plus avoir de surprise désagréable. Sans doute ici le tournant de notre avenir dans la G29. Dans ce secteur, nous rencontrons une résistance plus dure que dans les autres :

Rapport de combat.

Pourtant un radar ainsi qu'un brouilleur ont pu être déployés et la flotte hantarienne se dirige dans le secteur car une flotte ennemie s'y dirige également. La nation Ewok fraichement arrivée se joint à nous, suivi par d'autres ensuite. Quelques accrochages et combats dont voici les principaux :

Rapport de combat.
Rapport de combat.
Rapport de combat.

Nous envahissons 1 planète (la n°3) que nous conservons et que nous développons pour produire de nouvelles légions et pour augmenter la couverture radar.

- le 15/04/an III, une partie de la flotte hantarienne se dirige en s34 en soutien d'invasion tandis que le gros de des forces se regroupe en s35 en attente des ordres du haut commandement. Au cours de la journée, ALERTE ! Une flotte hostile est en approche en 29.35.14. La flotte est dépêchée sur les lieux pour l'intercepter appuyée par un allié. Le soir :
Rapport de combat.
Face à cette incursion, il est décidé de pousser au maximum la couverture radar du secteur. En s34, prise de 2 planètes ennemies.

- le 16/04/an III, prise de 2 planètes ennemies en s46. En s35, un regroupement formidable des alliés s'opère pour recevoir l'ennemi. Il approche, la couverture radar du secteur atteint maintenant le niveau 24.

- le 17/04/an III, au matin, l'affaire est entendue : l'ennemi arrive en force et nous ne serons pas de taille. Il est décidé de refuser le combat et de se retirer.
visuel d'arrivée Au soir, la flotte hantarienne évacue la galaxie. Les planètes prises ont été ravagées puis abandonnées pour récupérer un maximum de ressources, de soldats et de travailleurs.

Résultat de la campagne :
-> + 3M de crédits en banque.
-> environ 1500 chasseurs et 5000 intercepteurs perdus (sans compter ceux qui ont été fabriqués sur place pour combler les pertes).
-> sur les 700k de soldats engagés, 150k ont pu être remis sur pied et évacués.
-> sur les 370k de travailleurs engagés environ 330k ont été évacués (leur formation en local a grandement comblé les vides).


Épisode 09 - Galaxie 33 - Secteur 57, centre d'entrainement n°3 - le 07/05/anIII - Incorporation

Dans son bureau fraichement remis à neuf, Nima, sanglée dans son uniforme de commandant, ajusta une dernière fois son ceinturon sur ses hanches. Elle jeta un coup d'oeil à sa silhouette dans le miroir qui trônait à côté de son bureau.

Ça ira, pensa-t-elle satisfaite. Pas besoin de chichi... Ce n'est pas un défilé de mode de toutes façons.

Cela avait mis du temps mais depuis peu elle arrivait enfin à se regarder dans une glace. Flavian y avait été pour beaucoup. Leurs retrouvailles dans un premier temps mais surtout la reprise de leur vie intime ensuite, avait permis à Nima de s'accepter comme lui l'acceptait : sans condition, tel qu'elle était. Ainsi, petit à petit, une certaine sérénité était revenue, lui faisant découvrir toutes les nouvelles capacités de son corps autres que la force brutale et l'insensibilité à la douleur qu'elle avait pu expérimenter maintes fois lors des combats.

Tout rentre dans l'ordre, se dit-elle en sortant du bureau.

L'adjudant-chef l'attendait dans le couloir, seul.

- Prête commandant ?
- Prête mon adjudant-chef.
Puis elle poursuivit. Ils sont rassemblés ? Pas de problèmes jusqu'à maintenant ?
- Tout est OK. Ils sont à vous commandant.
- Bien ! Allons y.

Sur ces derniers mots Nima s'engagea dans le couloir suivie par l'adjudant-chef. Elle déboucha bientôt dans le hall du rez de chaussée du bâtiment qui s'ouvrait sur la place du rapport de l'unité. Sans s'arrêter, elle franchit les portes et arriva sur un perron duquel elle dominait la place. L'officier de semaine aboya aussitôt :

- Pour l'ensemble. Garde à vous !

Dans un même claquement les nouvelles recrues incorporées au 3ème rang se mirent au garde à vous. Regroupées par compagnie puis par section, elles formaient de petits groupe parfaitement alignés qui lui faisaient face. L'officier de semaine fit alors un demi tour et aboya de nouveau après l'avoir saluée :

- 3ème rang, nouvelles recrues à vos ordres commandant.

Nima le salua à son tour puis, sans attendre, elle descendit les quelques marches qui la séparaient encore de la place, pour prendre la place de l'officier qui, de son côté, rejoignait les rangs. Elle salua le front de troupe et ordonna d'une voix claire :

- Pour l'ensemble. À mon commandement. Repos.

La troupe s'exécuta dans un même mouvement. Nima, nonchalamment, la jaugeant du regarda. Elle scruta les visages de la 1ère rangée un par un. Tous avaient les yeux rivés sur elle.
C'était ce genre de chose qui parfois montait à la tête des officiers supérieurs : le pouvoir de commander à une masse d'hommes qui s'exécute sans broncher. Nima ne se sentait pas atteinte par ce phénomène. Elle savait rester lucide : commander n'était pas un pouvoir, c'était une responsabilité qui pouvait être lourde, surtout au combat.
Après ce bref silence, assez brutalement, elle commença son discours :

- Soldats, je ne suis pas là pour vous faire un long discours sur le patriotisme et le don de soi à la Nation. Pour moi, votre engagement suffit.
Je tiens pourtant à vous prévenir que le 3ème rang de la 17ème légion est une unité d'élite.
C'est pourquoi l'entrainement sera rude. Très rude même car les combats le sont plus encore. Ils le sont beaucoup plus que ce que vous avez vécu jusqu'à ce jour. Ils le sont également beaucoup plus que tout ce que vous pouvez imaginer du combat à proprement dit.
Ne vous imaginez pas trouver la gloire sans le sang et les larmes.
Ne vous imaginez jamais que tout se fait simplement sans sacrifice.
La vie des troupes d'assaut n'est pas une sinécure et j'espère que vous en avez bien conscience.
Ce sont les forces vives de la Nation mais elles en payent le prix, et le plus fort.
C'est pourquoi, avant que l'entrainement au combat ne commence demain, je tiens ici à vous donner une dernière opportunité pour revenir sur votre engagement.
Il vous reste une nuit : cette nuit.
Profitez en pour réfléchir. Réfléchissez sur votre engagement, sur votre avenir.
Dès demain matin, tous ceux qui le souhaiteront pourront passer au bureau de l'adjudant chef LEC ici présent et demander leur radiation de l'unité. Ensuite vous pourrez incorporer une autre unité ou une autre arme si vous le désirer ou même, pourquoi pas, retourner à la vie civile.
Vous avez votre avenir entre les mains. À vous de décider ce que vous souhaitez en faire.
Voilà. C'est tout ce que j'avais à vous dire.

Mais, se ravisant soudain, elle dit avec un léger sourire :

- Une dernière chose pourtant : bonne chance à tous et toutes et bienvenue au 3ème rang de la 17ème légion.

Elle toisa la troupe une nouvelle fois, essayant de jauger sa valeur après ce discours. Rien ne transparaissait des jeunes visages impassibles. Elle se tourna alors vers l'officier de semaine et dit simplement :

- Prenez la suite mon lieutenant. Ils sont à vous.

Droit comme un "I" il salua et aboya :

- A vos ordres commandant !

Elle remonta alors les marches pour retourner dans son bureau suivie comme son ombre par l'adjudant-chef LEC. Derrière elle, les aboiements de caserne avaient repris leur cours : la formation continuait et ne rencontrait aucune interruption inutile. Demain pour les recrues, les choses sérieuses commenceraient.


Épisode 10 - Galaxie 25 - Secteur 74 - le 11/05/anIII - Interception

Nous ne tiendrons pas...

Cette phrase ne cessait d'occuper les pensées de Tatiana. Dès leur arrivée sur zone, elle avait compris que l'affaire était entendue. Quatre haures auparavant un assaut audacieux en s74 avait était programmé pour essayer de poursuivre le travail déjà entreprit en s84 avec un combat victorieux gagné sur l'ennemi. Hélas il semblait que le vent avait tourné cette fois et ce mouvement, sans doute trop audacieux, avait était éventé. L'interception était donc inévitable. La fuite étant impossible, ordre avait été donné de résister jusqu'au dernier. C'était cet ordre qui faisait tenir Tatiana et l'empêchait de craquer : l'idée de se battre jusqu'au bout.

Surtout ne pas paniquer... Faire face... Montrer l'exemple à l'équipage...

Elle essayait de faire bonne contenance et l'équipage semblait la suivre comme un seul homme. Pourtant, malgré ce bel allant, Tatiana le constata sur ses radars : la ligne des croiseurs hantariens avait déjà été pulvérisée.

Piégés comme des rats... Comme des rats ! Fulminait-elle intérieurement.
- Capitaine ? L'interpella soudain un jeune lieutenant la voix tremblante.
- Oui mon lieutenant ? Répondit-elle impassible.
- Manoeuvre d'évasion ? L'interrogea-t-il presque suppliant.
- Manoeuvre d'évasion !!!! Explosa-t-elle. Et où ? Et comment ? Vous voulez que nous nous fassions hacher menu ou quoi !!! Sans riposter !!?

L'interrompant, plusieurs explosions ébranlèrent la FM.

- Moteurs HS, annonça laconique l'officier des propulsions.

Tatiana se détourna du lieutenant et demanda, à la cantonade.

- Et l'armement ? Où en est l'armement ?
- Pratiquement réduit à néant
, répondit l'officier de tir.

Plusieurs alarmes incendie se déclenchèrent alors.

- La majorité des compartiments avant sont en flamme. Nous ne tiendrons plus très longtemps. Annonça l'officier en second. Je pense que nous devrions ordonner d'abandonner le vaisseau.
- Vous croyez... Ça en vaut encore la peine !?
Demanda Tatiana un peu décontenancée par cette demande.
- Je le pense capitaine... Espérons la clémence de nos vainqueurs.

Elle réfléchit un bref instant puis répondit :

- Faites comme bon vous semble, sauvez ce qui peut l'être. Pour ma part je reste à bord.

L'alarme de détresse ainsi que celle d'évacuation furent aussitôt actionnées, demandant aux survivants d'abandonner leur poste pour rejoindre les capsules d'évacuations.

- Tous aux capsules ! Ordonna le second au personnel qui était encore sur la passerelle.
Espérons qu'il en reste quelques unes, pensa Tatiana.

Elle était triste et abattue. Autour d'elle, la passerelle était maintenant vide et déserte.

C'est donc comme cela que je vais finir ? Se demanda-t-elle alors.

Elle n'avait pas remarqué que son second était encore là :

- Venez capitaine. Vous n'avez-plus rien à faire ici. Votre sacrifice ne servira à rien...

Il n'eut pas le temps de finir : une explosion venait de pulvériser l'avant du vaisseau, soufflant du même coup l'intérieur de la passerelle...

Rapport de combat.

Épisode 11 - Galaxie 25 - Secteur 74 - Capsule de survie

-------------- J+0 (le 11/05/anIII):

- Elle va mieux mon lieutenant ?

Le lieutenant en 1er Jeff HUSKOFF, perdu dans ses pensées, releva la tête. Il fixa le sergent-chef qui venait de l'interpeler et répondit :

- Elle est toujours inconsciente. Il vaut mieux d'ailleurs. Je ne lui souhaite pas de reprendre ses esprits avec une hanche brisée, l'épaule démise et toutes les contusions qu'elle a.

Brutalement les images du matin lui revinrent en mémoire. L'explosion à l'avant de la FM les avaient littéralement propulsés à travers la passerelle. Après, il se souvenait d'avoir eu juste le temps de trainer le corps du capitaine Tatiana JEWELSK et d'avoir rejoint la capsule encore intacte à l'arrière de la passerelle. Là, il avait retrouvé 2 sous-officiers de passerelle. Aussitôt la porte verrouillée, le sergent-chef Séb NEIDER avait actionné la procédure de largage et la capsule avait été expulsée violemment de la FM qui, en rupture de stabilisateur, commençait à tournoyer sur elle même. Jeff, lui, s'en était sorti avec une simple plaie au front. Les 2 autres, eux, étaient indemnes. Il n'y avait donc que le capitaine qui était gravement blessé.

- Et sinon, qu'allons nous faire ? L'interrogea à nouveau le sergent-chef.
- Nous attendons. Si nous sommes fait prisonniers tant pis... Sinon un signal de détresse automatique a dû être envoyé, espérons que des amis pourront nous récupérer, dit-il sans grande conviction. Mais pour le moment, essayez de prendre contact avec d'autres rescapés, poursuivit-il.
- Bien reçu mon lieutenant, répondit le sergent-chef.

Puis il se retourna vers son collègue et lui dit :

- Séb ! Ça donne quoi les transmissions ?

L'autre afférait à manipuler différents boutons du communicateur embarqué, grommela par dessus son épaule :

- Pas grand chose Mike... Beaucoup de communications ennemies... Plus aucune de nos vaisseaux et rien en longue portée.
- Ok. Continue quand même...

-------------- J+1

Le jour passait. Calme. Seul le ballet des récolteurs ennemis dans l'immense champ de ruine rompait la monotonie. Ils avaient réussis à établir le contact avec une dizaine de capsules identiques à la leur mais ils ne pouvaient rien faire d'autre que d'attendre. Par ailleurs, ils étaient plutôt à l'aise dans cette capsule car elle pouvait accueillir jusqu'à 10 personnes. Chacun avait donc aménagé un coin à lui : Séb près des transmissions, Mike près des réserves de nourriture et Jeff près du capitaine qui avait déposé au mieux sur la couchette médicalisée. Jeff avait décidé de s'occuper d'elle grâce aux faibles connaissances médicales qui lui restaient de ses études universitaires. De temps à autre, Mike venait aux nouvelles, posant toujours la même question :

- Toujours inconsciente ?

Et le lieutenant répondait invariablement :

- Oui. Toujours...

Et chacun de pensait en son fort intérieur :

Allait-elle survivre ?

-------------- J+6

6 jours s'étaient écoulés. Des quelques contacts qu'ils avaient eu avec d'autres capsules seul 2 ou 3 subsistaient.
Les 3 hommes se demandaient bien ce que les autres étaient devenues. Fait prisonnier ? Panne de transmission ? Ou pire encore... Broyées avec leurs occupants dans les mâchoires des récolteurs ennemis ? Ces derniers travaillaient toujours, réduisant inlassablement l'immense champ de ruine initial.
Une sourde tension s'était donc installée, chacun s'occupant comme il pouvait. La principale activité était de manger la maigre portion qu'il recevait chaque jour. Les stocks étaient presque vides, seul une grosse bombonne d'eau leur laissait encore l'espoir de tenir. Attendre. Toujours attendre...
Et puis, dans la 20ème heure, Jeff entendit une plainte : Tatiana avait enfin repris connaissance. Les soins avaient été très succincts jusque là : ils avaient principalement consisté à immobiliser les membres meurtris. Il s'en était pas mal sorti et, bien qu'un énorme hématome soit apparu sur la hanche brisée, il avait réussi à ralentir l'infection. Mais depuis le matin la fièvre avait augmentée amenant le réveil de la blessée. Maintenant, elle délirait, prononçant un flot de mots incompréhensibles entrecoupés par de longs gémissements. Au bout de quelques minutes c'était devenu insupportable. Les nerfs à fleur de peau, Jeff fit une injection assez forte de morphine qui eut pour effet de faire sombrer Tatiana dans une semi-conscience agitée mais sans cri.
Les prochaines heures risquaient d'être longues et bientôt, très certainement, ils ne seraient plus que trois dans la capsule.

-------------- J+7 (le 18/05/an III)

Un lourd bruit réveilla en sursaut les 3 hommes. Quelque chose venait de s'arrimer au sas de la capsule et commençait à déverrouiller la porte. Inquiets, les 3 compagnons d'infortune saisirent leurs armes de poing. Ils ne pourraient pas résister bien longtemps mais que pouvaient-ils bien faire d'autre. La porte s'ouvrit enfin et une silhouette menaçante apparut. Jeff, prêt à faire feu, suspendit son geste. La silhouette venait de lever les mains en l'air qu'elle agita ensuite dans tous les sens. Surpris les 3 hommes se regardèrent. Puis lentement, les mains s'abaissèrent sur le casque de protection qui masquait le visage. Elle l'enlevèrent et apparu alors un visage souriant, les yeux pétillants :

- Je suis Hantarien ! Caporal Aliocha RENVOV, unité de secours à bord du recycleur 251. Je fais parti de la flotte Katioucha22 envoyée à votre secours. Vous êtes saufs. L'ennemi est parti depuis quelques heures.

Un énorme poids s'envola alors des épaules de nos 3 survivants. Il étaient saufs ! Sauvés par les leurs. Se levant, ils embrassèrent alors le caporal, le serrant chaleureusement entre leurs bras. Mais, revenant soudain à la réalité, Jeff interpella le caporal :

- Nous avons ici une blessée grave qui a besoin immédiatement de soins. Une grosse infection s'est déclenchée... La hanche est brisée et...
- Bien reçu mon lieutenant
, répondit le caporal.

Se retournant, il appela 2 de ses camarades équipés d'une coquille de transport. Ils étaient accompagnés d'un officier médecin qui, après un rapide examen, ordonna d'emmener Tatiana immédiatement à bord du recycleur.
Autour d'eux, la flotte Katioucha22 recyclait les derniers débris laissés là par l'ennemi. Dans les derniers restes de la flotte KatiouchaA, seul une cinquantaine d'Hantariens furent ainsi récupérés. Le reste avait disparu : mort pour la plupart et prisonniers pour les autres.

Épisode 12 - Galaxie 33 - le 12/05/anIII - Les mauvaises nouvelles arrivent vite

Secteur 57, centre d'entrainement n°3 - La lettre

Dans son bureau, Nima était figée. Après s'être levée, elle avait reculé jusqu'à ce que son dos butte contre la fenêtre l'empêchant de reculer encore. Ses yeux aggrandis par l'effroi, elle contemplait l'enveloppe cachetée que le vaguemestre lui avait apportée à l'instant. Aussitôt entré, il l'avait salué brièvement, fuyant son regard et, après avoir déposé le pli sur le bureau, était sorti rapidement sans demander son reste. Dans un premier temps, elle n'avait pas compris.

Pourquoi cette lettre ? Tout le monde sait bien ce que cela veut dire !? Alors pourquoi ? Se demandait-elle presque incrédule.

Une lettre... C'était une vieille résurgence des temps passés que l'armée avait conservée. Elle l'avait conservée pour annoncer les mauvaises nouvelles : sans être vraiment humaine, cette méthode était moins abrupte qu'un message holographique ou qu'un mail. Une telle annonce était de toutes façons toujours brutale pour les proches. Au final, l'armée en avait conclu que c'était sans doute la solution la moins pire et elle avait conservé ce mode de fonctionnement.
Nima savait donc au plus profond d'elle-même ce que la lettre signifiait : la mort de Flavian. Brutalement, elle s'était levée, renversant le fauteuil, puis elle avait reculé jusqu'à la fenêtre les yeux remplis de terreur. Arrivée là, bloquée comme un animal aux abois, son coeur s'était mis à cogner dans sa poitrine et son estomac s'était crispé.

Non... Non ! Non ! Non... Pas ça... Non ! Pas lui ! Pas lui ! Se répétait-elle en boucle.

Au bout de quelques minutes, elle réussit pourtant à se calmer. Se faisant violence, elle se rapprocha du bureau sans vraiment regarder où elle allait. Dans un état second, elle ne s'arrêta que lorsque ses cuisses buttèrent sur le rebord du bureau. Elle tendit alors la main et saisit le pli qui portait son nom : commandant Nima BLUTCH du clan BLUTCH - 17ème légion - 3ème rang. Comme un automate, elle décacheta l'enveloppe et saisit la feuille qui s'y trouvait. Elle la déplia. Les mains tremblantes, ses yeux parcoururent les lignes dans tous les sens, sans rien y comprendre, comme si son cerveau était déconnecté. Elle respira profondément, réfrénant une irrésistible envie de pleurer. Au bout d'un temps, elle réussit à se concentrer et déchiffra finalement :

"Madame,
Sommes au regret de vous annoncer que M. Flavian BLUTCH du clan GLUMA, capitaine officier de tir à bord du croiseur d'élite « Molnya », est tombé mortellement lors du combat perpétré en secteur 74 de la galaxie 25. A fait preuve d'une remarquable énergie et du plus grand courage. Est mort le 11/05/an III. Cité à l'ordre de la flotte. Promu officier de l'Étoile du Sud.
Acceptez toutes nos condoléances,
État-major des Armées - Grand Quartier Général"

Ses yeux restaient rivés sur la lettre. Elle n'émit aucun cri mais les larmes commencèrent enfin à lui couler sur les joues. Instinctivement, elle porta une main à son ventre.

Je n'ai même pas pu lui annoncer... Se dit-elle soudainement. Il aurait été tellement heureux et fier... Tellement...

Elle l'avait appris la veille. Ce même jour où Flavian était mort. Après plusieurs jours de retard elle avait été voir l'officier médecin du 3ème rang qui lui avait confirmé ce qu'elle présentait : cela faisait 2 mois qu'un petit être se développait en elle.

Tu ne connaîtras jamais ton père... Pensa-t-elle désemparée en se caressant le ventre doucement.

Ses larmes redoublèrent lorsqu'elle pensa aux jours heureux qu'ils avaient passé ensemble depuis leurs retrouvailles récentes. Tout avait été si vite et semblait si loin maintenant...
Tenant toujours la lettre, elle se dirigea vers la fenêtre et regarda à l'extérieur. Dehors, sur la place du rapport, les sous-officiers menaient la vie dure aux jeunes recrues. Bientôt, eux aussi iraient combattre et mourir.

Secteur xx, Le Massive Attack - La résolution

Depuis la veille May était effondrée. Elle avait appris comme tout le monde par les infos que la flotte principale KatiouchaA avait été réduite à néant. Une grande tristesse s'était abattue sur toute la nation qui pleurait ses morts. May aussi pleurait. Elle pleurait Tatiana qui en faisait partie. Elle pleurait cet amour si récent qu'elle venait de perdre. Inconsolable, elle avait dû avaler tout un tube de somnifère pour arriver à trouver un sommeil agité. Des visions de vaisseaux détruits et de corps déchiquetés l'avaient harcelée pendant cette courte nuit. Mais, dans toute cette désolation, elle voyait Tatiana vivante, très pâle mais vivante. Il faut dire qu'elle avait toujours eu un don pour ce genre de chose : une clairvoyance que toutes les femmes de sa famille possédaient et qu'elle semblaient se transmettre depuis des générations.
Au matin elle s'était levée aux aurores, résolue. Ses visions ne l'avaient jamais trahie et il y avait une lueur d'espoir. Malheureusement, n'ayant aucun statut officiel vis à vis de Tatiana, elle n'aurait jamais aucune information sur le sort de celle-ci. Il fallait aller chercher les informations à la source. C'est pourquoi elle avait décidé de s'engager de nouveau dans la flotte car c'était le seul moyen d'en obtenir. Ce matin là, donc, elle avait laissé le Massive Attack aux bons soins de son frère Thong pour se présenter au centre de mobilisation-recrutement le plus proche et, munie de son brevet de capitaine de réserve, elle avait demandé à être incorporée immédiatement.
La pénurie de personnel était si grande qu'elle avait été prise immédiatement avec le grade de lieutenant en 1er. Aussitôt après, elle s'était retrouvée dans les bâtiments d'instruction avec une centaine de réservistes comme elle. Pendant 2 jours, ils avaient subi une remise à niveau complète de leurs compétences et de leur instruction militaire. Puis, après cette formation dense, du jour au lendemain ils s'étaient tous retrouvés sur le quai d'embarquement de la station orbitale pour un jump vers la G25. D'autres personnels nouvellement formés s'étaient joints à eux et c'est plus de 40000 personnels d'équipages accompagnés par 250 légions et 160 groupes de production qui avaient jumpé.
Les 2 jours de trajet avaient encore été mis à profit pour continuer leur formation. C'est là que May avait appris qu'elle serait affectée à bord d'une FM.
L'arrivée en G25 se fit sans encombre et May put rejoindre son affectation définitive comme officier de passerelle à bord d'une FM.
De là elle put enfin se renseigner et récupérer des informations concernant la destruction de la flotte KatiouchaA. C'est également là qu'elle apprit qu'une mission de la dernière chance allait être entreprise pour tenter de récupérer des survivants.
Sa FM faisait partie de cette mission. La lueur d'espoir qui ne la quittait plus depuis la nuit agitée du 11 au 12 commença à briller un peu plus fort.


Épisode 13 - Galaxie 25 - le 28/05/anIII - Nettoyage

Le général LVOV comtemplait le rapport de combat qui venait de tomber à l'instant :

Rapport de combat.

Enfin ! Se dit-il. Cela faisait plusieurs jours que nous faisons la chasse à cette flottille. Il était temps.

Il fouilla dans les fichiers récents et afficha à l'écran un rapport plus ancien :

Rapport de combat.

Il regarda ce rapport longuement.

Encore une perte. Soupira-t-il. Moins grave que celle du 11 mais quand même...

Ces derniers jours, il s'était beaucoup remis en cause concernant ses capacités de commandement et son avenir à la tête de la Nation. Bien sûr, ça n'était pas la 1ère fois que des flottes étaient perdues sous son commandement et sans doute pas la dernière mais à chaque fois c'était dur à encaisser.
Il se leva brutalement de son siège et alla se planter face à la baie vitrée du bureau qu'il occupait à bord du VML principal de la flotte de guerre reconstituée. A l'extérieur, les vaisseaux se regroupaient, formant de nouvelles flottilles qui iraient chasser l'ennemi sur les bordures de la G25.
Le nettoyage... C'était ça que les Hantariens faisaient depuis 2 mois maintenant. De plus en plus, LVOV pensait que c'était dans ce domaine que les Hantariens excellaient et non dans les gros chocs de mégas flottes que de toutes façons ils ne possèderaient jamais. Ainsi, comme leurs ancêtres des temps passés, les Hantariens ne se sentaient vraiment à l'aise que dans les actions le harcèlement, les coups de main et les invasions rapides. Derrière eux rien ne restait : tout été détruit méthodiquement et recyclé le plus possible pour empêcher l'adversaire de venir se réinstaller. Cela leur occasionnerait certainement quelques revers encore et très certainement une réputation peu reluisante de "pilleurs" mais telle était le domaine dans lequel ils avaient une aisance naturelle et un savoir faire indéniable.
En G25, plusieurs planètes avaient déjà été prises puis démantelées et la formation des légions se faisait de nouveau à plein régime. A l'extérieur, il distingua d'ailleurs 2 navettes rapides qui venaient, avec 60 nouvelles légions, combler les pertes des dernières invasions.

- Les légions... Mordiou ! S'exclama-t-il à haute voix. J'ai une remise de décoration aujourd'hui !

Il retourna à son bureau sur lequel se trouvait un long coffret de bois précieux. Il en effleura le couvercle qui s'ouvrit, démasquant un alignement de médailles plus ou moins colorées et chatoyantes. Il toucha du bout des doigts la première qui était la plus haute distinction militaire hantarienne : l'Étoile du Sud. Il y en avait 10 comme celle là. Il allait les remettre à titre posthume pour ceux tombés dans l'affaire du 11. Sous cette première étoile, une petite plaque était gravée : "capitaine Flavian BLUTCH du clan GLUMA, officier de tir sur CRE". Il prit l'étoile dans sa main et la contempla. Il se souvenait de cette officier, un "ancien" comme malheureusement il n'en existait plus beaucoup maintenant... Il avait une épouse, officier dans les légions. C'était elle qui recevrait cette décoration.
Il resta pensif, regardant cette étoile toute simple et son ruban bleu sombre. Puis, il la rangea précautionneusement et referma le coffret : il fallait qu'il se prépara pour cette cérémonie.
Ensuite, encore une fois, il faudrait continuer la lutte comme les Hantariens l'avaient toujours fait.


Épisode 14 - Galaxie 25 - Secteur 89 - le 18/06/anIII - Quelques nouvelles

- Et sinon, ça va toi ?

C'était au moins la 6ème fois que Tatiana lui posait la question et May répondait à chaque fois :

- Oui tout va bien. Aussi bien que l'on peut aller en zone de combats. Ne t'inquiètes pas. Le plus important c'est toi. Il faut que tu te remettes sur pieds.

May n'en revenait pas de voir Tatiana sur l'écran holographique. Bien sûr elle n'était pas très vaillante et il lui faudrait encore de nombreuses séances de rééducation pour qu'elle soit complètement rétablie mais elle était debout et c'était bien ça qui comptait. Tatiana vivante c'était le principal. Depuis cette journée du 11, il s'en était passé pour May : réengagement, jump en G25, combats... beaucoup de combats. Mais le plus important était d'avoir retrouvé Tatiana. A côté de ces retrouivailles, le reste lui semblait bien anodin maintenant. Elle ne se lassait pas de regarder le visage de sa compagne. Tatiana était tellement belle, d'une beauté sobre et sans artifice, avec cette étincelle flamboyante dans le regard qui effaçait la dureté de son visage souvent impassible. Pourtant, lorsqu'elle souriait, c'était comme si elle se transfigurait. Quand May voyait Tatiana sourire, plus rien n'existait autour d'elles.
Au même moment le klaxon d'alerte retentit dans sa cabine et un message s'afficha à la place du visage de sa bien-aimée :

"COMMUNICATION INTERROMPUE - ENNEMI EN APPROCHE - AUX POSTES DE COMBAT"

Attrapant sa vareuse au passage, May se rua à l'extérieur. Elle devait rejoindre au plus vite la passerelle de commandement de la FM 15-5.
Celle-ci faisait partie d'une flotte de combat dépêchée en secteur bordure de la G25 pour nettoyer les forces ennemies qui avaient pu s'y réfugier voir même s'y implanter par petits jumps successifs. Cette flotte, la "Katioucha 33", était composé de 2 VM et de 10 flottilles mixtes de frégates et était commandée par le colonel Ivan HARTOP qui connaissait parfaitement son sujet.
Arrivée sur la passerelle, le capitaine Jeff HUSKOFF, nouvellement promu, l'interpella :

- Ah ! Officier en second nous n'attendions plus que vous ! L'ennemi vient d'être repéré et nous allons bientôt lui accorder une "danse".

Avant qu'elle ne puisse répondre, il prit l'intercomm et annonça :

- À tout l'équipage. Aux postes de combat... Pour la Nation !

Ce vieux cri de guerre réapparaissait de plus en plus ces derniers temps à bord des vaisseaux. Comme si les Hantariens retrouvaient leurs racines sur cet univers.
Après quelques minutes de préparation, les 2 flottes furent à portée de tir et le combat s'engagea, implacable. L'adversaire n'avait que peu de chance de s'en sortir :
Rapport de combat.

Au bout de 10 séquences le combat fut terminé faute de combattants. Les Hantariens en étaient sortis vainqueurs. À bord de la FM 15-5, après avoir effectué les vérifications nécessaires qui incombaient à sa fonction, May était impatiente : il lui tardait de retourner dans sa cabine pour continuer la conversion commencée avec Tatiana.


Épisode 15 - Univers inconnu - le 15/07/anIII - Exploration

Propulseurs coupés, le vaisseau fendait l'espace. Destination : inconnue. A bord, la majorité des occupants avaient été triés sur le volet. C'était même la crême de la crême. La plupart était en stase dans des caissons individuels, seul quelques techniciens et navigateurs veillaient au bon fonctionnement du vaisseau. Galina MALIOUKA en faisait partie. C'était elle la représentante du Grand Conseil ici et elle avait décidé de rester en éveil pour suivre le périple de cette arche solitaire. Elle était fière car son idée de voyage d'exploration avait été reprise et acceptée par le Grand Conseil.
Depuis la réunion et le vote du 02/03/an III, elle n'avait pas chômé. Préparation, organisation, recrutement... Les directives initiales du Grand Conseil étaient précises et claires mais c'était quand même une tâche colossale qui s'était dressée devant elle. Pourtant, tenace, elle s'était accrochée. Petit à petit, ce qui semblait insurmontable au départ avait été fait. Avec son équipe, plusieurs milliers de dossiers avaient été étudiés et plusieurs centaines d'entretiens réalisés. L'équipage avait ainsi été formé. En parallèle, une équipe des chaînes de production spatiale hantarienne avait élaboré, toujours sous sa direction, un énorme vaisseau de colonisation capable de voyager pendant plusieurs années. Tout y avait était prévu et le moindre espace libre était occupé. Cette arche gigantesque permettrait à son équipage, quoique réduit, de commencer dans un autre lieu une nouvelle vie.
Galiana en était convaincu, ce vaisseau découvrirait un nouvel eden pour la nation hantarienne et d'autres suivraient ensuite pour les rejoindre.

- Une nouvelle vie. Ailleurs... murmura-t-elle pour elle-même.

C'était l'espoir et l'envie de découvrir qui fendait l'espace avec ce vaisseau.


Épisode 16 - Galaxie 11 - le 30/07/anIII - Affrontements avec d'anciens amis

La G11... Le Chaos y avait débarqué en nombre et, cette fois encore, les Hantariens en faisaient partis. Comme à leur habitude, besogneux, ils s'étaient attelés à la tâche. Les planètes étaient prises, une à une. Les pertes s'accumulaient mais elles étaient vite remplacées par les chaînes de production installées sur place.
Nima était sur place mais elle ne participait plus aux combats. "Son état" (elle avait horreur de ce terme qui lui donnait l'impression de ne plus être comme tout le monde) ne le lui permettait plus. Elle avait donc demandé à organiser le recrutement et la formation des nouveaux enrôlés ainsi que la réception et le dispatching des renforts. Les légions hantariens changeaient encore ces derniers temps : dorénavant c'était plus de 85% des combattants qui étaient droïdes. De plus, elle était satisfaite car la 17ème légion ne participait pas aux invasions. Elle avait été bloquée pour défendre la planète où, jours et nuits, des légions étaient formées sur place.
Les Hantariens avaient retrouvé d'anciens amis et alliés d'une époque bien lointaine. Maintenant ils les affrontaient sans état d'âme mais avec un léger pincement au coeur. L'amitié entre combattant restait toujours vivement même après un changement d'alliance. En particulier les combats contre la nation Gzz... Grandazz ! L'ancien de la FDE. Le dirigeant de la PAF, alliance qui avait accueilli les Hantariens à une époque. Une autre époque...
Slaine avait participé à plusieurs combats contre cette nation. Elle n'en avait retiré aucun plaisir. Elle avait juste fait son job de pilote. Simplement.
De même les quelques affrontement d'importance contre les alliances SHOG et HOG lui avaient laissé un goût amer dans la bouche :

Rapport de combat. Rapport de combat. Rapport de combat.

Elle en avait parlé à Zak un soir qu'il s'était retrouvé, entre 2 missions. Il avait légèrement haussé les épaules et détourné son regard sans répondre. Cela avait jeté un voile de mélancolie sur cette soirée et, pensif, il n'avait plus rien dit de la soirée, se contentant de lui caresser les cheveux alors qu'elle somnolait sur son épaule. L'allégeance envers une alliance était sacrée pour les Hantariens même si elle rompait de vieilles amitiés.
Le nettoyage s'était donc poursuivit, implacable, et bientôt la G11 serait aux mains des alliances du Chaos.


Épisode 17 - Galaxie 30 - Secteur 44 - le 09/09/anIV - Jusqu'au bout

Les opérations en G30 étaient rondement menées. Sans état d'âme, les Hantariens avaient envahi de nombreuses planètes LOL que beaucoup appelaient d'ailleurs "l'ennemi héréditaire". Il faut dire que cela faisait bien longtemps que les Hantariens les combattaient... Cette galaxie semblait bientôt devoir tomber elle aussi sous le joug du Chaos.
Pourtant un retour offensif de l'ennemi s'était produit et, de façon méthodique, obéissant aux ordres, les Hantariens avaient reculé, suivant le mouvement général du Chaos qui telle une vague sur la plage, refluait en ordre. Les Hantariens avaient donc détruits et ravagés les possessions prises appliquant leur vieille habitude de la terre brulée. Toutes ces planètes avaient même été abandonnées bien avant leur reprise par l'ennemi.
Une seule avait été conservée : la 30.44.7. C'était celle qui avait, initialement, été choisie pour produire les légions dans cette galaxie. Devant l'avance ennemie qui s'était ralentie, elle avait pu être bunkérisée. Quand l'ennemi voulut la reprendre, nombre de ses soldats tombèrent.

-------------------------------------------
La "30.44.7" subissait un nouvel et ultime assaut. Les hordes ennemies continuaient à se déverser inlassablement, heure après heure. Les unités de combat hantariennes étaient maintenant disséminées, formant de solides ilots de résistance autour de plusieurs points stratégiques.
L'usine "Octobre Rouge" était devenu l'un d'entre eux. Elle avait été le fleuron des usines de production de droïdes de combat et n'était plus que l'ombre d'elle-même. Partout murs éventrés, gravats, poutrelles tordues, débris calcinés, cadavres... La désolation et la ruine y régnaient en maitre. Cependant, une unité continuait de s'y battre farouchement : le commando Reivalioutsya. Ce commando bénéficiait de renforts non négligeables car, bien qu'aucune équipe technique ne soit présente, 2 chaines de production souterraines fonctionnaient toujours et permettaient ainsi de combler partiellement les pertes du commando en droïdes de combat. Mais, tous le savaient, la fin était proche. Depuis le matin c'était la 14ème offensive générale que la planète subissait. Pour le commando Reivalioutsya les renforts reçus ne suffiraient pas : il allait plier sous le nombre.
Songeur, l'adjudant Vadim MEDVEDH, contemplait les quelques humains qui l'entouraient. Ils n'étaient plus que 10 "biologiques" comme l'armée aimait à les appeler maintenant sur les 120 combattants qui constituaient encore le commando. Au début, avant le premier assaut, ils étaient 80 biologiques sur 250 combattants. C'était lui, l'adjudant, qui commandait la troupe dorénavant. Les officiers étaient morts le matin, dès la 1ère offensive. C'était également lui qui avait décidé de se retrancher dans l'usine "Octobre Rouge" pour survivre et résister, et jusqu'à maintenant cela avait fonctionné.
Saisissant ces jumelles de précision, il scruta les alentours et en particulier l'énorme trouée du mur d'enceinte par laquelle l'ennemi ne manquerait pas d'arriver. Les alentours de l'usine étaient tellement ravagés qu'il ne restait plus que cet axe pour y pénétrer. Ses jumelles s'arrêtèrent un instant sur les cadavres qui couvraient cette zone. Les uniformes ennemis y étaient en nombre mais on distinguait aussi des civils... Lors du 1er assaut, un grand nombre de civils, voulant se réfugier dans l'usine, s'était trouvé piégé entre la ligne de feu du commando et la ligne de progression ennemie. Il avait fallu "tirer dans le tas" pour stopper l'infiltration ennemie. L'adjudant frissonna : plusieurs images du carnage venait de traverser ses pensées. Il secoua la tête et, sans y faire attention, grommela à haute voix :

- Tu me fais quoi là ? C'est pas l'moment d'flancher...

Surpris, un jeune milicien qui se trouvait à côté de lui rétorqua comme piqué au vif :

- Je ne flanche pas !

Surpris à son tour, l'adjudant rétorqua rudement :

- C'est pas à toi que j'cause.

Vexé, le milicien se renfrogna scrutant la trouée à son tour. Il savait qu'il ne valait mieux pas essayer de discuter avec son supérieur. Pour Vadim, cependant, cela avait eu l'avantage de le détourner de ses pensées tourmentées. Il regarda du coin de l'oeil ce jeune milicien qui ressemblait plus à un étudiant échappé de la faculté qu'à un combattant qui depuis ce jour tuait comme il ne l'avait jamais fait et ne le ferait jamais plus très bientôt.
Derrière eux, Vadim avait positionné 2 arachnodroïdes : 1 "mitrailleur", équipé de 8 machinguns de 20mm et 1 "patateur" qui propulsait des charges de 230mm, ces charges pouvant être creuses ou explosives selon l'objectif. Cela stopperait un temps l'ennemi, c'était certain, mais combien de temps ? C'était là toute la question. À leurs côtés, une quinzaine de droïdes bipèdes étaient positionnés pour tenir la position retranchée. Le reste du commando était réparti en groupe de combat sur les différents points stratégiques de l'usine en ruine. Vadim n'eut pas le temps de se remémorer la position de chacun : l'ennemi approchait, ses éclaireurs venaient de déboucher de la trouée, juste en face de leur position.

Les éclaireurs ennemis approchaient. Comme à l'exercice, ils progressaient par bons, espérant surprendre les défenseurs de l'usine en ruines.
En face, le doigt sur la détente de leurs armes, les défenseurs attendaient que les premières lignes de troupes d'assaut apparaissent. Ils se moquaient bien de ces éclaireurs qui ne représentaient pas le danger. Le danger c'était la ligne compacte d'assaillants qui allaient apparaître pour les submerger. Finalement, elle apparut enfin, sombre, dense, hurlante et grimaçante. C'était comme une grosse vague qui approchait, grondant du martellement régulier de la charge des êtres qui la constituaient. Plusieurs éclairs en jaillirent soudain pour finir en explosions sur les ruines de l'usine.
L'adjudant MEDVEDH attendait. Il attendait qu'elle se rapproche, encore... juste un peu... encore. Puis, lorsqu'elle fut à portée il ordonna calmement dans son communicateur :

- Commando Reivalioutsya. A tous. Feu !

Aussitôt, depuis les positions hantariennes, les armes crachèrent la mort.
Derrière l'adjudant, les 2 arachnodroïdes arrosaient droit devant eux, sans chercher à viser. Ils leur suffisaient simplement de corriger la portée de tir qui ne cesser de se réduire à vue d'oeil car, même si de larges trouées se créaient dans la ligne, celle-ci se reformait aussitôt tel un être vivant. Elle continuait d'avancer.
Ce qui sembla durer une éternité, ne dura en fin de comptes que quelques minutes. Bientôt la vaque ennemie atteignit les positions et le massacre commença. L'aide droite des positions hantariennes tomba presque aussitôt, sans qu'aucun n'en réchappe. Résigné, l'adjudant ordonna de se regrouper un peu plus en arrière dans un bunker de contrôle de l'usine qui n'avait pas été détruit. Cela permettrait de continuer le combat et de survivre encore un peu. La retraite fut pénible. Plusieurs groupes de combat, vendant chèrement leur peau, furent anéantis par la ligne grouillante qui continuait d'avancer et qui cherchait par tous les moyens à les engloutir. L'adjudant perdit ainsi son "patateur" qui, faute de munitions, se précipita sur la horde déchaînée. Il résista un peu, matraquant de ses membres métalliques la membrane palpitante en lui arrachant des lambeaux de chaire. Mais elle l'enveloppa bientôt et il succomba comme dévoré. Grâce à ce court répit, récupérant son "mitrailleur" au passage, l'adjudant flanqué du jeune milicien put fuir rapidement vers l'arrière.
Les fugitifs courraient. Ils courraient comme des damnés essaient de fuir l'enfer. De temps à autre, ils s'arrêtaient, se retournaient et lâchaient de courtes rafales vers la vague qui les talonnaient. Enfin, ils se retrouvèrent à une quarantaine dans le bunker sombre. Le "mitrailleur" de l'adjudant se mit aussitôt dans la coupole blindée qui surplombait la structure, faisant feu de toutes ses armes. Les autres, barricadant le sas d'entrée se précipitèrent aux meurtrières de tir, faisant feu à leur tour. L'air devient bientôt irrespirable à l'intérieur.
A l'extérieur, la ligne ennemie avait été maintenue à distance un court instant, comme décontenancée par ce bâtiment menaçant. Mais reprise en main par sa hiérarchie, elle était repartie de l'avant, grouillant bientôt autour et sur le bunker. Celui-ci résista ainsi quelques temps. Ses murs étaient tellement épais que l'assaillant n'arrivait pas à les percer. Il s'acharnait donc sur la porte d'accès et la coupole du toit d'où le mitrailleur les refoulait inlassablement. Finalement c'est la porte qui céda et la masse grouillante ennemie s'y engouffra aussitôt. Quelques Hantariens purent se dégager et allèrent se recroqueviller vers le fond du bunker. Les autres furent massacrés à leur poste de tir sans aucune pitié. Pour les 10 derniers survivants, aucun répit. Ils se retranchèrent dans la pièce PC du bunker, continuant à tirer.

Jusqu'au bout ! À la mort !Telle était leur devise.

Ils n'entendirent même pas le vacarme infernal que fit le "mitrailleur" qui, munition épuisée, essayait vainement de les rejoindre. Gesticulant comme un pantin, il surnagea un court instant puis succomba sous le nombre. Le flot ennemi se rapprochait d'eux. Mais ils tiraient, vidant chargeurs sur chargeurs. La mort continuait à creuser leurs rangs. Ils étaient là, essayant juste de vivre encore un peu alors que l'espoir s'était envolé depuis bien longtemps. Tuer pour ne pas être tuer. Mettre un chargeur. Armer. Tirer devant soi et recommencer. Encore et encore.
Pour le jeune milicien qui avait survécu jusque là, c'était ça le but de cette résistance acharnée : juste survivre encore un peu, respirer encore une fois, sentir le sang battre dans ses veines...

N'était-ce pas ça la vie ? Respirer ! ...

Mais autour de lui, l'air chaud et étouffant puait la mort. La tête éclatée par un projectile, il s'écroula alors.
Un par un ses compagnons furent mis hors de combat. Il en fut de même pour l'adjudant : une rafale l'atteignit au ventre. S'écroulant sur le sol, il regarda calmement autour de lui et constata qu'ils n'étaient plus que 3 blessés (lui et 2 droïdes en piteux état). Résigné, il attendit simplement que la vague entre dans la pièce pour déclencher la charge qu'il serrait entre ses doigts sanglants. Le bunker frémit une dernière fois puis tout se tut. La vague des assaillants reflua alors, laissant son écume de cadavres sur les ruines de l'usine.
Sur "Octobre Rouge" régnait maintenant un silence de mort.

NB : Pour la prise de cette planète :
- cumul des soldats ennemis tués -> 465202
- cumul des soldats hantariens tués -> 171250
- cumul des travailleurs et miliciens hantariens tués -> 245404


Épisode 18 - Galaxie 33 - Secteur xx - le 28/09/anIV - L'avenir pour Tatiana

Tatiana était heureuse car sa convalescence se terminait enfin. Ses blessures avaient mis du temps à se cicatriser et la rééducation, pourtant intensive, avait été longue et douloureuse. Le plus long avait été de remarcher correctement. Pendant longtemps elle avait dû se contenter de béquilles pour se déplacer et son moral jouait parfois au yoyo. Une question la hantait alors : réussirait-elle à réintégrer son poste dans la flotte de guerre ? Tout doucement, jour après jour, faisant d'énormes efforts elle avait retrouvé sa motricité. Maintenant tout cela était derrière elle, d'ailleurs elle ne boitait plus. Bien sûr, lorsqu'elle forçait un peu elle ressentait encore la douleur mais celle-ci ne la clouait plus sur place comme avant. Elle avait repris l'habitude de marcher plusieurs heures par jour, comme quand elle était gamine sur sa planète de la G03. Elle rêvait alors de devenir pilote, rêve qu'elle faisait de nouveau mais pour reconquérir son poste. Ses longues errances l'amenaient loin de la ville. Elle avait pu découvrir plusieurs endroits sauvages et reculés qui lui permettaient de s'isoler et de penser à son avenir.
Ce jour là, elle pensait surtout à May dont elle avait si peu de nouvelles : les combats incessant qui avaient repris en G30 lui laissaient bien peu de temps pour la contacter. Pourtant elle ne manquait jamais une occasion de la contacter et cela avait renforcé leurs liens un peu plus.

Nous nous aimons c'est certain. Ne cessait-elle de penser.

Tatiana était la plus réservée en apparence et May la plus passionnelle mais la passion de Tatiana pour May était sans doute plus farouche et plus complète, ne déviant pas de son but alors que celle de May était plus débordante, plus envahissante mais pas moins intense. Lorsqu'elles se parlaient en visophone, plus rien n'existait en dehors d'elles et elles ne faisaient plus qu'une seule et même personne. Elles étaient la moitié l'une de l'autre.
Tatiana pensait à cela tandis qu'elle était au bord d'une cascade au beau milieu d'une clairière qu'elle avait découverte récemment. Elle sourit, s'imaginant May à ses côtés.

La peau de May, la bouche de May... le sourire de May... sa gorge rebondie... ses hanches...

Soudain, une douce chaleur envahit son ventre et agaça ses reins. Un peu surprise, Tatiana rougit et secoua la tête. Puis elle rit franchement comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps, essayant de chasser les images de May de son esprit. N'y parvenant pas, elle sauta sur ses pieds et repartit en footing vers la ville.

Cela ne me fera pas de mal et m'épuisera un peu... d'une autre façon... Avant que je ne m'épuise autrement lorsque je retrouverai May. Pensa-t-elle.

Elle rit de nouveau mais se concentra sur le chemin pour ne pas trébucher.

Demain : les examens d'aptitude... Une formalité. C'est certain !
Puis, de nouveau commandant d'une frégate. J'espère !
Retrouver May. Impératif !!!
Peut être sera-t-elle mon second... Qui sait !

Plein d'espoir, Tatiana allongea sa foulée espérant rejoindre plus vite cet avenir proche.


Épisode 19 - Galaxie 02 - Nouvelle opération

Début du 11/anIV - Une mécanique bin rodée

Les opérations en G02 avaient commencé à la fin du mois 10. Depuis, elles n'arrêtaient plus. Comme à leur accoutumé, les Hantariens faisaient le nettoyage. Ils s'étaient cantonnés dans les secteurs nord de la galaxie. Les flottes ennemies ayant disparues, il ne restait plus qu'à chasser les survivants et à envahir leur planètes.
Les Hantariens excellaient dans ce domaine. L'administrateur Bianko BORN en était d'ailleurs devenu le fer de lance. Sa mission était tellement prioritaire qu'il avait le commandement d'une flotte d'invasion avec VM, barges, recycleurs et tout ce qu'il fallait à bord pour réduire les poches de résistance ennemie. Pour lui, ce jour là, c'était déjà la 6ème planète à son actif. Les pertes n'étaient pas importantes et elles étaient comblées rapidement. Sitôt prise, les hommes et le matériel avaient débarqué rapidement sur la planète et s'étaient mis à l'oeuvre. Chaque bâtiment allait être détruit et la planète rasée. Une fois la tâche effectuée, la planète serait abandonnée et les Hantariens passeraient à une autre dans ce secteur ou ailleurs. Ils évitaient ainsi une réinstallation facile de l'ennemi sur les secteurs déjà pacifiés.
BORN était resté à bord du VML et coordonnait de là toutes les opérations au sol. Plusieurs mines et puits avaient déjà été détruits ainsi que les usines de productions de vaisseaux. Méthodiquement, tout était démantelé et les ressources vendues à la population ou embarquées dans les soutes de cargos qui allaient les décharger sur d'autres planètes.
Tout se déroulait sans accroc. La mécanique hantarienne parfaitement huilée était à l'oeuvre et dans quelques jours voir quelques semaines au plus tard la G02 serait pacifiée.

Le 25/12/an IV - secteur 45 - Fin des opérations

À bord de son VMC de commandement, le général LVOV compulsait les différents rapports reçus au cours des derniers jours.
Quatre jours auparavant, les Hantariens avaient fait fuir l'une des dernières flotte ennemie qui avait fini par jumper. Se faisant, ils avaient subi des pertes mais le but avait été atteint. Heureusement que l'ennemi avait fui car, face à sa puissance, ils n'auraient pas fait le poids. Ces dernières pertes étaient déjà en cours de reconstruction sur les planètes hantariennes du secteur 45.
Le calme commençait donc à régner en G02 et la Nation envisageait de réexpédier la flotte de guerre en G33 là où elle serait le plus utile. D'ailleurs, elle ne servait pas à grand chose depuis presque 2 mois : l'alliance était partie vers de nouveaux théâtres d'opération depuis bien longtemps laissant les Hantariens en retrait. Ce répit faisait du bien à la Nation qui n'avait pas goûté une telle période de tranquillité depuis des lustres.
Le général pensait à tout cela en regardant le dernier rapport : une restructuration était en cours en G33 et de nouvelles planètes allaient y être colonisées. Il était fatigué et pour lui aussi un peu de repos ne ferait pas de mal. Comme le Grand Conseil en avait décidé la veille, il envoya des ordres pour rassembler la flotte principale en orbite de la planète. Il anticipait le regroupement de quelques jours mais plus vite cela serait fait, plus vite tous rentreraient chez eux. Puis il envoya un court message à Slaine pour qu'ils se retrouvent le soir et qu'il lui annonce la nouvelle : elle aussi avait hâte de rentrer et de se reposer un peu.
Les ordres transmis, il sortit de son bureau. Autour du VMC, les escadrilles de légers et les escadres lourdes commençaient déjà leur regroupement.


Épisode 20 - Galaxie 33 - Secteur 67, planète n°2 - La naissance (extrait du journal de Nima BLUTCH)

01/12/an IV, 21ème heure 30ème minute.
Je me prépare doucement à aller au lit. Ce ne sera pas pour ce soir. Pas l'ombre d'une contraction à l'horizon. Je commence à me dire doucement que je vais avoir encore ma bedaine pour la nouvelle incorporation à la 17ème légion qui doit se dérouler dans 5 jours...

01/12/an IV, 22ème heure.
Je dépose mon livre pour me coucher pour la nuit. Je pense à ton père. Il me manque toujours autant. Tiens, une contraction ! Bah, sûrement que c'est dû à l'effort...

01/12/an IV, 22ème heure 10ème minute.
Une autre contraction. Ah bon, serait-ce encore une "fausse" ou cette fois-ci est la bonne ? On verra bien...

01/12/an IV, 22ème heure 20ème minute.
Éh bien, une certaine régularité ! Les contractions font mal, beaucoup plus que les jours précédents. Je dois me concentrer pour respirer, penser aux vagues. Tu t'en viens ma toute belle ! Je décide quand même d'attendre avant d'appeler le sous-officier de faction qui me surveille jour et nuit depuis des semaines déjà, ça ne fait pas assez longtemps que j'ai des contractions et je suis quand même juste aux 10 minutes... Et les contractions se poursuivent toutes les 8-10 minutes...

01/12/an IV, 22ème heure 50ème minute.
J'appelle le sous-officier et lui dit que ce sera ce soir. Il me demande si on appelle ma famille tout de suite. Je lui dis que non (je n'en ai plus), je veux prendre un bain avant pour m'assurer que les contractions demeurent. Je vais dans le bain : on verra bien dans 10 minutes.

01/12/an IV, 23ème heure 10ème minute.
J'embarque dans le bain. Aïe ! Une contraction qui arrive en force. Ça fait mal. J'essaie de me détendre mais c'est difficile dans le bain. Elle part... et ça revient ! Tout de suite ! Je me concentre sur ma respiration, sur les vagues. Je crie au sous-officier d'appeler le vaisseau sanitaire (qui est toujours en attente sur la base) tout de suite, ça urge ! Les contractions n'arrêtent jamais. Comme une seule grosse vague qui déferle et se gonfle sans fin, à l'infini, sans jamais retourner à l'océan pour s'évanouir. Il faudrait que je sorte du bain mais j'en suis incapable. J'ai toujours des contractions, jamais de répit. Je gémis, je respire, je pense aux vagues, je pense à toi qui arrive.

01/12/an IV, vers la 23ème heure 30ème minute.
Je continue à me concentrer sur ma douleur, sur ta venue. Ça va tellement vite! Ça fait mal, c'est tellement intense ! Je me sens ouvrir. Je te sens descendre. Tu arrives ma belle, tu arrives ! L'équipe sanitaire arrivent. Avec le sous-officier ils me sortent du bain. J'ai tellement mal ! Je n'ai pas de répit. Toutes mes forces sont concentrées sur le contrôle de ma douleur, je n'ai plus trop conscience de ce qui se passe autour. Je suis dans ma bulle. Alors qu'ils essaient de m'allonger, je me mets à quatre pattes et je me balance un peu. J'essaie de changer de position, mais c'est la seule qui me permet de gérer correctement ma douleur. Je perds une partie des eaux. Ça coule entre mes jambes.

01/12/an IV, vers minuit.
Les secouristes veulent m'emmener mais je dois m'habiller parce que je suis nue. Je n'en suis pas capable. Toute ma concentration est fixée sur mes contractions, sur toi qui arrive. Je suis dans ma bulle et je me moque un peu d'eux. Le responsable des secouristes me sermonne un peu. Quel idiot ! Je sors juste assez de ma bulle je me redresse et lui répond du tac au tac. Je lui dis qu'il est bête, que c'est un idiot et que je ne l'aime pas. Mais au fond il n'est pas si méchant : il a utilisée la seule tactique qui pouvait fonctionner pour me faire bouger... Je fini par mettre ma robe de chambre et prends une paire de bas de laine pour pouvoir mettre des chaussures. Je perds encore du liquide en sortant de ma chambre.

02/12/an IV, 15 minutes plus tard.
Les secouristes entrent la civière. Je dois partir avec eux. Je me couche et on gonfle la civière. Je ne peux plus bouger. Ils m'emmènent au vaisseau.

02/12/an IV, 20ème minute du jour.
Le vaisseau sanitaire décolle. Les contractions me font atrocement mal parce que je suis couchée sur le dos et que je suis attachée. J'ai de la difficulté à gérer les vagues et je me sens perdre le contrôle. Je gémis de plus en plus. Je fixe mon attention sur ma respiration. Et sur mes bas de laine que je sers comme une bouée entre mes doigts. Chaque vibration du vaisseau me déchire le corps de douleur. Je me rends compte qu'il ralentit soudain. On arrive. Tu seras bientôt là ma puce...

02/12/an IV, 35ème minute du jour.
Le vaisseau atterrit. On circule dans l'hôpital. J'essaie d'écarter mes jambes malgré la coque de la civière. Tu pousses... On arrive à la maternité. Je n'en peux plus et je repousse la coque qui retiennent mes jambes pour pouvoir les écarter et pousser un peu. On m'entre dans une chambre. Je suis transférée sur un lit. Je m'y mets à quatre pattes. On me demande de me mettre sur le dos pour vérifier ta position et la dilatation. Je ne veux pas. Je suis dans ma bulle. On me le redemande et je me couche. La dilatation est complète. On me dit de ne pas pousser. Trop tard. Tu veux sortir. Tu pousses tellement fort sur mon ventre. Je pousse un petit coup et ta tête sort ! C'est le branle-bas dans la chambre. Plusieurs infirmières entrent en coup de vent. Il n'y a pas de médecin.

02/12/an IV, 46ème minute du jour.
Je pousse encore un petit coup et tu glisses en entier ! Tu es là ! On te dépose sur moi. Tu sens le liquide amniotique, le bébé tout neuf. Tu es tellement belle ! Je suis heureuse et triste à la fois. Tu es là, dans mes bras. Mais ton papa n'y est pas. Je me sens si seule. Tout en étant si comblée de t'avoir dans mes bras. On me propose de couper ton cordon. Quel drôle de sensation de couper le lien qui nous a unies pendant tous ces mois...

02/12/an IV, quelques minutes après ta naissance.
Le docteur arrive peu de temps après en lançant un retentissant « Commandant si vous ne vouliez pas accoucher avec moi, vous auriez pu le dire avant ! ». Il sourit et me lance un clin d'oeil. Tu étais si pressée de sortir ! Mais il arrive pour la sortie du placenta. Il m'a suivi tout au long de ma grossesse et semble satisfait que tout se soit passé correctement. Il me demande quel prénom je vais te donner. Ce sera Joséphine.