Chapitre 04 - Le bon en avant |
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Épisode 01 - Galaxie Pégasus - Système Banan - Planète Torrtur - Cité d'Arkadia la nouvelle
Slaine tira légèrement sur les commandes. Aussitôt, le chasseur se cabra et fila droit vers le ciel. Il réagissait parfaitement à chaque action qu'elle souhaitait exécuter. Avec un peu de nostalgie, elle se remémora ses derniers combats à bord d'un Prédateur il y avait de ça un an maintenant. Au final, elle constatait que les performances de ce chasseur et du Prédateur étaient comparables même si elle avait une préférence pour le deuxième. Ces souvenirs ramenèrent instantanément l'image de Zak dans sa tête. La gorge nouée, elle déglutie plusieurs fois et tenta de respirer calmement. Il ne fallait pas qu'elle craque, elle devait être forte et maîtriser le chagrin qui pouvait la submerger à tout moment. Elle s'était apaisée depuis quelques temps mais n'était pas à l'abri d'un moment de faiblesse.
Heureusement, son chasseur la ramena très vite à la réalité : une alarme venait de lui indiquer qu'elle était pratiquement arrivée en limite d'atmosphère. Elle n'en était qu'à son deuxième vol réel et n'avait pas encore l'autorisation de la franchir. Soudain calme, elle poussa les commandes et fila cette fois vers le sol. Arrivée à mi-parcours, elle stabilisa l'appareil pour se rapprocher d'Arkadia. Elle l'aperçut bientôt et s'émerveilla encore de ce qui avait été réalisé ces trois dernières semaines.
Oui, quatre semaines après avoir été rasée, une nouvelle capitale avait vu le jour non plus sur le sol mais dans les airs. Elle n'avait jamais vu une telle cité de toute sa vie. Des cités terrestres ou lacustres voir même enterrées elle connaissait mais une cité dans les airs ! C'était vraiment magnifique à voir.
Elle réduisit la vitesse pour éviter tout accident avec la noria de vaisseaux qui arrivaient et quittaient sans cesse les débarcadères. Inlassablement ils vidaient leurs entrailles de tout ce dont la cité avait besoin. Les autres cités amazones faisaient le nécessaire pour reconstruire une capitale digne de ce nom.
Slaine contourna la cité par le Sud, là où avaient été regroupés la majorité des habitations. Agglutinées les unes aux autres, c'était une merveille d'architecture à regarder en plus des tours colossales qui ressemblaient à de gros champignons et se concentraient au centre de la structure.
Les yeux écarquillés elle contemplait la ville comme une enfant émerveillée. Pourtant, une communication interrompit sa contemplation :
- Base opération à Épervier 1.
- Épervier 1 parlez.
- Autorité demande que vous rejoigniez le cadran H35 pour escorte.
- Épervier 1 à base Opération : y serait dans moins de 4 minutes. Terminé.
- Base Opération, bien reçu. Terminé.
Aussitôt, elle obliqua la course de son appareil vers le sol afin de rejoindre le point indiqué.
Elle arriva bientôt sur zone et constata qu'un énorme porteur était en vol stationnaire au-dessus de l'arche hantarienne qui gisait toujours au sol. Depuis plusieurs jours, elle avait entendu des rumeurs à ce sujet la concernant. Certains disaient qu'elle allait être détruite, d'autres qu'elle serait envoyée dans l'espace comme satellite pour la planète... Bien des histoires qui n'avaient pas toujours beaucoup de sens : ce vaisseau hantarien était leur seule chance de repartir un jour, son sort ne pouvait pas être pris à la légère.
Une nouvelle communication interrompit sa réflexion :
- Base opération à Épervier 1.
- Ici Épervier 1 j'écoute.
- Vous êtes chargée de l'escorte du porteur lorsqu'il sera chargé. Vous l'escorterez jusqu'à la nouvelle cité.
- Bien reçu base opération.
- Deux autres appareils vont vous rejoindre. Vous avez le commandement de la patrouille. Terminé.
- Bien reçu. Terminé.
Tandis que deux autres chasseurs venaient se caler sur son aile et que la patrouille commençait à tourner autour du porteur, celui-ci s'était positionné juste au-dessus de l'arche et doucement, s'en rapprochait de plus en plus comme pour l'écraser. Au bout de plusieurs minutes, des ancres magnétiques avaient été déployées et le vaisseau, moteurs à pleine puissance, arracha l'arche du sol. Des navettes et des droïdes eurent juste le temps de tirer plusieurs câbles d'amarrage pour empêcher toute chute et le porteur prit doucement son envol pour emporter sa cargaison vers la cité.
Encore une fois les choses ne trainaient pas avec les Hantariens. Les yeux pleins d'espoir, ceux qui étaient présents regardèrent leur précieux vaisseau s'envoler. L'espoir de retrouver les siens renaissait avec ce vaisseau qui venait d'être arraché du sol.
Épisode 02 - Torrtur - Cité d'Arkadia - Sentiments
- 'tit tour ! 'tit tour ! 'tit tourrrh !
L'enfant ne cessait de répéter cette phrase en pointant du doigt la porte de l'appartement.
- Arrête un peu Joséphine... Nous ferons un "petit tour" après mais pas maintenant, répondit Nima à sa fille.
- Aprrrès. Aprrrès. Aprrrès. Apprrrrès. Renchérit alors l'enfant.
Un peu excédé par ce harcèlement, Nima sourit tout de même devant la mine réjouie de sa fille. Elle avait bien grandit et allait sur ses deux ans maintenant. Que de changements au cours de ces 2 années. Elle pensa soudainement à son défunt époux, Flavian, et un voile de tristesse l'enveloppa. L'enfant se précipita aussitôt sur elle et lui saisit une jambe à plein bras.
- Mâman pas trriste. Nin-nin, nin-nin... Continua-t-elle en faisant mine de bercer la jambe de sa mère.
- Merci José, répondit Nima en lui posant doucement la paume de main sur la tête.
Les grands yeux de l'enfant la regardèrent alors, rieurs et plein de joie. Nima allait se pencher pour la prendre dans les bras lorsqu'elle fut interrompue par Tatiana qui venait d'entrer dans la pièce.
- Commandant... Pardon... Bonjour...
Voyant la scène, elle s'interrompit un peu confuse mais Nima la relança :
- Bonjour capitaine. Allez-y.
- C'est pour vous informer que nous avons enfin réussi à accéder aux données stockées dans les mémoires serveur de l'arche.
- C'est vrai ! Ah c'est une bonne nouvelle !
Aux pieds de Nima, Joséphine ponctua :
- Vrrrai ! Aaaaaaaaaaaaah !Puis elle se mit à battre des mains comme si elle applaudissait. Les 2 officiers, surpris par cette réaction, rirent de bon cœur.
- Tu es une sacrée coquine Joséphine ! Lui dit sa mère. Et va dire bonjour au capitaine s'il te plaît.
La gamine lacha la jambe de sa mère et tendit sa petite main au capitaine. Elle rigola à son tour lorsque Tatiana lui serra doucement la main :
- Bonjour Joséphine !
- 'jour Tati'na ! 'jour !
Puis Nima l'attrapa sous les bras et la posa à califourchon sur sa hanche en la maintenant fermement.
- Allez zou ! Tu viens avez moi toi.Tatiana acquiesça d'un hochement de tête et, précédent son supérieur, sortit de la pièce. Les appartements dévolus aux hantariens étaient tout proche de l'arche, il ne leur fallut qu'une poignée de minutes pour la rejoindre.
Tandis que le trio franchissait la passerelle, trois Hantariens qui travallaient sur le quai commentaient l'événement :
- Le commandant et son adjoint dans l'arche ? Y-a du nouveau !? Demanda le premier.
- J'ai cru comprendre qu'on avait réussi à débloquer les ordi de bord et que tout était accessible... Répondit le deuxième.
- Oui, enfin "tout" c'est beaucoup dire. On a accès à nos archives et aux données techniques, surenchérit le troisième. Mais ça va nous permettre d'avancer et de décarrer enfin de cette planète.
- C'est déjà ça ! Répondit le premier. Puis, suspicieux il l'interrogea :
- T'es toujours au courant de tout dis moi ?
- Exact, répondit le troisième. Je sais même des bruits de couloirs...
Et, pour faire cesser cet interrogatoire auquel il ne voulait pas répondre, il s'interrompit en lançant un clin d'œil au deux autres. Il se retourna alors et interpella une quatrième personne qui était assise un peu plus loin, profitant de la vue magnifique et de la brise légère.
- Bonjour sergent ! Alors, vous êtes seule aujourd'hui ! Pas de chevalier servant pour vous aider ?
Comme piquée au vif, la jeune femme, qui n'était autre que Miléna, se redressa tant bien que mal sans répondre en saisissant ses béquilles. La douleur était encore vive au ventre et à la jambe droite mais elle réussit tout de même à s'éloigner. Dans son dos, l'autre continuait :
- Éh ! Faut pas s'en aller comme ça sergent ! Y'a que la vérité qui blesse non !?
Plusieurs rires gras fusèrent. Rouge de confusion, Miléna réussit à s'éloigner en clodiquant pour ne plus voir les trois autres sur le quai. Elle se sentait faible et diminuée. Enfin seule, elle s'appuya dos à un conténaire de ravitaillement. Cet effort ayant réveillé ses douleurs, elle serra les dents.
J'aurais du leur clouer le bec... ragea-t-elle. Si j'avais été au mieux de ma forme je l'aurais fait... Et puis, zut !
Elle se sentait génée, confuse et troublée. Il faut dire que ces derniers jours, les attentions de Thélémaque ne la laissait pas indifférente. Il s'était tellement occupé d'elle depuis sa blessure qu'elle commençait à s'attacher à lui et à attendre ses visites quotidiennes.
- Oui... Un vrai chevalier servant, murmura-t-elle en souriant.
Les yeux pétillant, son cœur s'emballa soudainement.
- Et puis re-zut ! Finit-elle par lâcher à haute voix. C'est peut-etre vrai. On verra bien...
Elle sourit encore une fois à cet aveux puis reprit son chemin pour vite regagner sa chambre et retrouver Thélémaque qui devait venir la voir.
Épisode 03 - Torrtur - Cité d'Arkadia - Décision pour l'avenir
- L'épice !? Vous en êtes sûre commandant ?
Interloquée par les dernières informations que venaient de lui communiquer Nima, Lysippé n'avait pu retenir sa question.
- Exactement Reine Lysippé. Les documents sont clairs et précis. Dans les archives que nous avons récupérés sur nos bases de données, il est bien indiqué que les recherches sur le jump nécessitent de l'épice. C'est la même chose pour son utilisation. De l'épice, encore et toujours.
- Bien... Je comprends commandant. Dommage que vous n'ayez pas de scientifiques spécialistes sur ce sujet pour nous aider et nous éclairer...
- Malheureusement n'ont n'en avons pas. J'ai juste quelques techniciens de maintenance qui géraient son fonctionnement sur l'arche et, bien sûr, la carcasse de celle-ci avec la technologie qu'elle contient. Avec ça plus les archives techniques découvertes, vos scientifiques et vos infrastructures, nous ne pouvons que toucher au but.
- Je le souhaite commandant... Je le souhaite... Ce serait une grande avancée pour notre royaume que de détenir la technologie du jump. Sinon, pour en revenir à l'épice, elle n'est pas des plus communes ici vous savez. Nous avons bien une colonie reculée qui en exploite en faible quantité... Il faut dire aussi que pour nous l'épice sert juste à agrémenter quelques plats... Et surtout en médecine comme médicament. Elle est également utilisée par certains comme une drogue... Beaucoup en deviennent complètement accro. C'est un fléau contre lequel nous essayons de lutter...
- Il faut pourtant en récupérer de grosses quantités pour accéder rapidement à cette technologie mais aussi pour l'utiliser. Cette colonie est-elle capable de répondre à cette demande ?
- Je ne le crois pas. Il va falloir envoyer une flotte afin d'en reprendre le contrôle et de la développer. Depuis plusieurs mois, il semble qu'elle prend de plus en plus de liberté avec le royaume. Son administrateur ne répond plus à nos messages. Seul le cargo mensuel d'épice continue de nous livrer une faible cargaison sans autre formalité. C'est l'occasion ou jamais de rétablir notre souveraineté sur cet avant-poste éloigné de nos colonies principales.
- Bien. De mon côté, je vais mettre à disposition des droïdes de combat que nous venons de mettre sur pied. Accompagner de quelques-uns de nos meilleurs soldats cela va vous aider. Qu'en pensez-vous ?
- Parfait. Je transmets les ordres immédiatement pour la constitution d'une flotte nécessaire à cette expédition. Je pense également qu'il va falloir fusionner nos troupes de combat pour les mettre sous commandement unique.
Lysippé, tout en pianotant sur un écran tactile, interrogea du regard Nima. Le front plissé, Nima resta plongée dans ses pensées un moment :
J'en connais, avec leur fierté pas toujours bien placée, qui risquent de tiquer sur ce point mais...
Elle acquiesça pourtant :
- Je le crois également. J'avertis l'un de mes adjoints pour qu'il constitue la troupe qui sera commandée par l'un de vos officiers. Vous êtes nos hôtes, il faut que l'expédition soit faite sous votre bannière. Donnez-moi le nom de l'un officier afin qu'ils organisent cela ensemble.
La réponse fût immédiate :
- Cassandre. Le Tsubay... Pardon l'Üstsubay Cassandre.
A son tour, Nima pianota sur son écran tactile puis valida. Les préparatifs devaient se faire au plus vite.
À l'extérieur déjà, les ordres était transmis pour organiser l'expédition.
Épisode 04 - Torrtur - Ruines de l'ancienne cité d'Arkadia - Entrainement
Thélémaque agrippa le rebord du mur à deux mètres quarante du sol. Un instant retenu par le sac qu'il avait sur le dos et qui le tirait inexorablement vers le bas, il s'arquebouta et réussit en tirant sur les bras à poser un coude sur la face supérieure. Derrière lui retentit la voix du sous-officier :
- On se bouge ! Aller ! Plus vite que ça ! Ça devrait déjà être passé depuis deux minutes au moins !
Sourd à ces remarques, Thélémaque, tirant sur ses appuis, réussit à poser son genou pour passer la jambe de l'autre côté. Ensuite, se rétablissant, il se retrouva assis à califourchon, jambes pendantes de chaque côté.
- On passe de l'autre côté ! Aller ! Continua d'hurler le sous-officier qui ne s'occupait déjà plus de lui.
Les épaules et les bras en feu, Thélémaque prit une longue inspiration, essayant de calmer les battements de son cœur. Il allait sauter de l'autre côté lorsqu'il constata que l'un de ses camarades restait agrippé au mur sans arriver à monter. Il ne reconnut pas son visage : tous avaient les même traits fatigués, sales et les cheveux rasés plein de poussière grise.
Le sous-officier se déchaina alors sur le nouveau venu :
- Mais qu'est-ce qui m'a fichu un merdeux pareil !
Il s'approcha du malheureux toujours pendu par les mains et hurla à quelques centimètres de son visage :
- Tu vas te bouger toi ! Hé ! Mais dis donc, tu vas dégager de mon obstacle ! Mais qu'est-ce que c'est que cet abruti qui ne sait même pas passer un simple mur. Tu fais quoi là ? Tu vas rester pendu comme ça toute la journée ou tu abandonnes ? C'est ça hein ? Tu veux arrêter pour retrouver les jupes de ta mère ?Sans réfléchir, Thélémaque saisit son camarade par les sangles de son sac et le tira vers le haut. Deux grands yeux verts le remercièrent silencieusement.
- Une fille... Remarqua-t-il. Puis il l'encouragea :
- Aller. Pose ton coude et essaye de passer une jambe. Ca va aller.
En bas, le sous-officier s'en donnait à cœur joie :
- On a trouvé un bon samaritain pour grimper ! Comme c'est mignon ! Hein "Samaritain" ! Félicitations à vous deux ! C'est pour quand le mariage ?
Mais déjà un nouveau venu se présentait au pied du mur. Ignorant ses deux précédentes victimes il s'en prit à lui aussitôt.
En haut du mur, les deux recrues se regardèrent puis se laissèrent tomber de l'autre côté du mur. Ils reprirent leur parcours en petites foulées. À côté de Thélémaque, la jeune femme le remercia :
- Merci... J'ai bien cru perdre mes moyens face au juteux... Désolée de t'avoir ralenti... Moi c'est Pauline Des Quartiers Nord et toi ?
- Thélémaque... Pourquoi "Des Quartiers Nord" ?
- Nous sommes deux à avoir le même prénom dans le peloton : l'une est "Des Quartiers Sud" et l'autre "Des Quartiers Nord". C'est une invention du juteux. Je crois qu'il n'aime pas trop le fait que nous, les Amazones, n'ayons pas de nom... Enfin, de nom de famille comme eux, les Hantariens...
- Ah...
Thélémaque se concentra sur le parcours qui devenait un peu plus technique à cet endroit. À ses côtés, Pauline gardait la même allure que lui.
- Tu te débrouilles bien à la course, finit-il par lâcher.
- Oui, je cours depuis que je suis gamine. Par contre les obstacles c'est plus compliqué...
- Faut juste s'entrainer et choper la technique. Je t'aiderais si tu veux...
- D'accord. Merci !
Ils n'eurent pas le temps de continuer leur conversation car ils arrivaient déjà sur le pas de tir. Se débarrassant de leur sac, ils saisirent l'arme qu'on leur lançait pour effectuer différents tirs sur cibles. Une fois fait, ils reprirent leur sac et repartir pour la suite du parcours. La journée était loin d'être finie.
Ainsi, l'entrainement de 200 nouveaux cadets amazones était en bonne voie. L'encadrement composé de l'élite amazone et des meilleurs Hantariens ne leur laissait aucun répit pour constituer l'unité qui devait participer à l'expédition prévue par la reine Lysippé et le commandant BLUTCH.
Épisode 05 - Torrtur - cité d'Arkadia - Affectations
Les 200 cadets étaient alignés sur l'esplanade et se tenaient stoïques, regroupés par peloton. Depuis un mois qu'ils s'entraînaient sans faiblir, le jour tant attendu était arrivé : l'üstsubay en 3ème Cassandre les avait convoqués afin de les ventiler dans les différentes sections de l'unité prévue pour la mission envoyée sur l'une des lointaines colonies amazones. Pourtant, tous n'y participeraient pas et seuls les 80 meilleurs allaient être pris.
Au premier rang d'un des pelotons, Thélémaque était là, aussi impatient que ses camarades. Face à eux, Cassandre présentait l'unité :
- ... colonne constituée de trois rangs de combat dont vous allez composer l'ossature...
Thélémaque écoutait d'une oreille distraite espérant de tout son cœur y avoir une place plutôt que de se retrouver dans une unité encasernée de la capitale.
- ... je commande la colonne et tout particulièrement son rang d'appui...
Impatient, Thélémaque regarda les officiers qui se tenaient aux côtés de Cassandre. Il reconnut rapidement Slaine qui se tenait tout à côté d'un autre officier hantarien qu'il ne connaissait pas.
- ... le rang de combat n°3 commandé par le capitaine Tatiana ZEJEWSK qui a pour second le lieutenant Slaine NAUX ...
Pourvu que j'intègre ce rang ! Pensa immédiatement Thélémaque.
- Maintenant, je laisse les commandants d'unités faire l'appel des cadets qui vont composer leurs unités respectives.
Sur ces derniers mots, il y eut comme un soupire de soulagement dans les rangs. Mais tout était encore loin d'être terminé.
Il y eut tout d'abord, l'appel pour la composition du rang d'appui vers lequel vingt cadets furent orientés. Puis celui pour le rang de combat n°1 du subay en 1er Nathalia avec vingt nouveaux noms suivis par vingt autres pour le rang de combat n°2 du subay en 1er Hector.
Thélémaque était au supplice. Son nom n'avait pas été encore été cité. Le lieutenant NAUX s'avança et commença à égrainer les noms des cadets qui incorporaient le rang de combat n°3.
Un à un, les noms de plusieurs de ses camarades furent donnés sans que le sien ne soit cité. Un peu dépité, Thélémaque, pourtant persuadé d'être dans les meilleurs de la promotion, commença à douter de son niveau dans un premier temps puis à se persuader que sa cousine était intervenu et qu'il allait se retrouver mis au placard à la garde du palais. Alors que le dix-neuvième nom était cité, il en était convaincu et enrageait intérieurement. Enfin le lieutenant NAUX annonça d'un voix claire :
- Pour finir, major de sa promotion, nommé au grade d'atsubay en 3ème, Thélémaque dit "SAMARITAIN".
Elle le regarda du coin de l'œil et constata le large sourire qui illumina aussitôt le visage du jeune homme.
- J'y suis ! Exulta-t-il intérieurement. C'est parti cette fois. En route pour l'aventure !
Autour de lui, les cadets non choisis restaient sur la place tandis que les nommés rejoignaient leurs officiers et sous-officiers pour être embrigadés. Il fallait s'armer et s'équiper sans plus tarder afin de mener à bien la mission imaginée par leurs dirigeants.
Sept jours plus tard, une flotte réduite partait vers la colonie lointaine de Smyrne sur la planète Mytonnes.
Épisode 06 - Système Mastanabal - Planète Mytonnes - Smyrne ne répond pas
Cela faisait à peine une minute que les deux frégates avaient pénétré l'atmosphère de la planète Mytonnes lorsque les alarmes se déclenchèrent.
- Missiles en approche cadran W43, annonça froidement l'officier de contrôle des radars d'approche de la frégate qui commandait la flotte.
- Ça vient directement de Smyrne, répondit l'üstsubay en 3ème Cassandre, et non d'une colonie voisine. Non seulement ils ne répondent pas à nos appels mais en plus ils nous tirent dessus ! Prévenez le reste de la flotte qu'elle reste pour le moment en orbite mais que la chasse nous rejoigne. Nous allons attaquer.
Depuis l'arrivée en orbite de la flotte d'intervention OEIL, tous les messages envoyés vers la cité étaient restés sans réponse. Devant ce mutisme, les équipages avaient été mis aux postes de combat.
Immédiatement, les boucliers d'énergie furent poussés à leur maximum et les canons mitrailleurs de courte portée braqués vers les missiles. Ils déclenchèrent alors un tir de saturation, inondant la zone entre les frégates et les missiles de leurs projectiles explosifs. Incapables de franchir cet obstacle qui se dressait comme un mur, les missiles furent détruits avant d'atteindre leur objectif. Pourtant, une nouvelle salve fut tirée depuis le sol.
- Ils espèrent quoi avec leurs missiles... demanda Cassandre sans se rendre compte qu'elle parlait à voix haute.
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une énorme explosion ébranla la frégate. Avant qu'elle ne pose la question, l'officier de passerelle annonça :
- Un tir de plasma non détecté a percuté le vaisseau sur bâbord avant. Les boucliers ont tenu mais il s'en est fallu de peu. Aucune avarie d'importance n'est constatée.
- Ça suffit ! S'exclama Cassandre. Où en est la chasse ?
- Elle est à une minute üstsubaytsubay, répondit un autre officier.
- Bien. En dernier recours nous tirerons sur la cité avec les batteries principales mais je préfère que la chasse réduise les défenses plus précisément que nous pouvons le faire. Envoyez lui les coordonnées des positions hostiles repérées et qu'elle intervienne sans tarder.
L'officier des transmissions transmis les ordres sans attendre.
À l'extérieur, les canons à tir rapide tiraient maintenant sans discontinuer, empêchant tous missiles d'atteindre les deux sisterships.
À bord de leurs chasseurs, Slaine et ses 2 ailiers reçurent les coordonnées d'un des objectifs repérés. Jusqu'à présent, elle ne pensait pas avoir l'occasion de combattre comme pilote au cours de cette mission mais comme cela se présentait, elle n'allait pas la laisser passer. Elle était tout de même pilote à l'origine !
Elle se souvint d'une mission de bombardement qu'elle avait faite il y avait plus d'un an dans l'univers S01. Elle annonça à ses ailiers :
- De P40 à P41 et P42, je prends la tête et vous vous mettez en file indienne derrière moi. Je vais concentrer tous les tirs de défense sur moi en mitraillant le plus possible. De votre côté, vous accrochez la cible et balancez vos bombes de pénétration. Vitesse au max, ne perdez pas trop de temps à caler le radar de tir. Nous attaquons par le sud avec le soleil dans le dos.
- P41 bien reçu. Je prends la position n°2.
- P42 bien compris. Je passe en dernier.
- Bien pris P41 et P42. Réglez vos transmissions sur le canal 48-75 pour nos échanges en combat. Terminé.
L'approche fut rapide et, cachée dans les nuages, la patrouille approcha de l'objectif sans problème. Comme un fait exprès, juste au moment de fondre sur l'objectif, une trouée s'opéra et le soleil illumina la cible comme un spot. Slaine régla ses boucliers au maximum vers l'avant de son monoplace. Elle vérifia d'un coup d'oeil ses écrans de contrôle et son armement. Tout était parfaitement opérationnel. Alors, dans une vrille parfaite, elle plongea sur l'objectif ses deux ailiers la suivant comme son ombre, presque invisibles depuis le sol. Très vite trois canons antiaériens se démasquèrent, faisant monter vers eux une multitude de projectiles incandescents. Plusieurs percutèrent les boucliers du chasseur de Slaine. N'étant pas encore à porté de tir, elle resta impassible, continuant son approche. À tout moment son chasseur pouvait être détruit mais elle ne dévia pas, continuant la progression vers la coupole d'un canon à plasma qu'elle voyait parfaitement. Lorsqu'elle fût à porté de tir, elle arrosa au canon la position sans aucun résultat notable et décocha deux roquettes qui s'écrasèrent sur la coupole blindée. La DCA concentrait maintenant parfaitement son tir sur son chasseur qui vibrait sous les impacts. Mais les boucliers tenaient bons, ils étaient encore chargés à plus de la moitié de leur capacité maximale. Enfin, alors que les trois chasseurs n'étaient plus qu'à 400 mètres du sol, Slaine redressa la course de son monoplace, démasquant son 1er ailier qui lâcha aussitôt sa bombe guidée à charge pénétrante. Celui cabra à son tour, démasquant le 3ème chasseur qui lâcha alors une bombe identique. La première explosa en ricochant sur la coupole blindé, n'y faisant qu'une simple éraflure. La deuxième, par contre, pénétra profondément le béton juste à la base de la coupole. Tandis que les assaillants remontaient vers l'abri des nuages, moteurs à pleine puissance et toujours poursuivis par les projectiles des canons de la DCA, une énorme déflagration souleva le sol ainsi que la coupole à l'endroit où la bombe avait pénétré. Un instant suspendue, la coupole retomba lourdement sur son emplacement mais resta de guingois, impossible à manoeuvrer. Son canon toujours dressait vers le ciel s'était définitivement tordu suite à l'onde de choc. Il était hors d'usage et ne pourrait plus gêner les vaisseaux amazones dans leur mouvement d'approche vers la cité.
- P40 à P41 et P42, nous y retournons. Il y a encore quelques canons DCA à détruire là bas. Faisons place nette, ordonna Slaine à ses ailiers.
Dans le ciel, les deux frégates continuaient de descendre vers la cité. La chasse avait fait son oeuvre et les tirs hostiles provenant du sol avaient considérablement baissé d'intensité. Bientôt, le reste de la flotille pourrait les rejoindre.
Épisode 07 - Mytonnes - Cité de Smyrne - Débarquement
Deux transports de troupes atterrirent sur le tarmac du spatioport. Leurs lourdes portent blindés s'ouvrirent pour déverser les soldats qu'ils contenaient. Au même moment, de la frégate amirale positionnée en vol stationnaire juste au-dessus, une navette se détacha pour atterrir tout à côté. Cassandre en débarqua et donna aussitôt ses directives aux officiers présents :
- Nous ne subissons aucun tir. C'est un bon point. Subay Nathalia, avec ton unité tu vas sécuriser immédiatement les bâtiments d'administration, les embarcadères et la tour de contrôle au Nord. De ton côté, subay Hector, avec tes hommes tu vas sécuriser les hangars et les infrastructures à l'Ouest. Faites vite, il faut impérativement que tout reste intact, nous sommes ici pour reprendre le contrôle de la colonie, pas pour la détruire.
Déjà la section de reconnaissance du rang de combat n°2 (Voir les annexes de ce chapitre pour le détail de cette unité.2R) était partie vers son objectif à l'Ouest tandis que celle du rang de combat n°1 (Voir les annexes de ce chapitre pour le détail de cette unité.1R) s'approchait prudemment des bâtiments au Nord. En arrière, les sections de combat attendaient le débarquement des sections d'appui qui prenait plus de temps que prévu : les premiers pas de nouveaux arachnodroïdes en zone de guerre étaient toujours compliqués car leur sens aigu du danger amenait souvent des réactions individualistes inappropriées dans ce genre de situation. Mais cela ne dura qu'une poignée de secondes, le temps qu'ils digèrent et intègrent ces nouvelles données.
De son côté, la 1R tomba assez vite sur un homme qui portait l'uniforme des troupes amazones et qui s'avança vers elle, mains en l'air :
- Je suis le subay en 1er Victor. J'ai sécurisé le spatioport avec mes hommes ainsi que les entrepôts qui le jouxte. Vous n'avez aucune crainte à avoir. Amenez-moi à votre chef.
Il fut immédiatement désarmé et amenait auprès de Cassandre.
- Subay Victor c'est bien ça ? L'interrogea-t-elle alors.
- Exact üstsubay. Mes hommes et moi sommes loyaux envers la Reine Lysippé. J'ai pu réunir une centaine d'entre eux afin de contrôler les alentours et ainsi vous permettre de débarquer sans encombre...
- Peux-tu me dire ce qu'il se passe exactement ici ?
- C'est à cause de l'administrateur de la cité, il y a quelques mois il a décidé de faire le commerce de l'épice pour son propre compte, coupant les ponts avec la capitale... Il a ainsi désarmé les troupes restées loyales au royaume pour les remplacer par ses hommes et des mercenaires. Ils sont grassement payés en épice. Ils contrôlent tout et font régner la terreur partout. Les loyalistes ont pratiquement tous été emprisonnés exception faite des quelques soldats que j'ai réuni. Nous avons pu nous cacher et organiser une résistance... D'ailleurs, si vous attaquez le centre pénitentiaire dans l'heure vous aurez plus de mille combattants qui vous rejoindront !
Cassandre jaugea l'officier rapidement. Était-ce un piège ou simplement la vérité ? L'ennemi ne pouvait avoir organisé un traquenard aussi pointu en si peu de temps, elle décida de lui faire confiance :
- Bien. J'espère que nous n'aurons pas à le regretter. Nous allons les libérer et les armer ils pourront ainsi combattre avec nous. Connais-tu les forces que nous allons devoir affronter ?
- Oui, les plus à redouter sont les deux cents à trois cents mercenaires auxquels il faut ajouter un bon millier d'amazones convertis à la cause de l'administrateur. J'ai constaté que votre chasse avait écrasé les défenses antiaériennes, c'est une bonne chose car nous allons avoir besoin de son soutien pour détruire leur véhicules de combat. D'après les informations que nous avons collectées, ils en ont une cinquantaine tout au plus.
- Parfait. Et de ton côté, tu as en ta possession des véhicules et de l'armement lourd ?
- Nous avons pu récupérer dix véhicules de transport et dix canons d'appui. C'est tout.
- OK. Dispose les armes d'appui afin de protéger le spatioport. Je vais laisser le RC-3 et la (Voir les annexes de ce chapitre pour le détail de cette unité.AA2) du RA pour étoffer ton dispositif. Le RC-1 et le reste du RA vont te suivre pour libérer les prisonniers avec les véhicules de transports. Le RC-2 va attaquer la caserne la plus proche afin de récupérer de l'armement.
- Reçu üstsubay. Je prends 2 de mes groupes pour vous guider.
- Parfait. Ne traînons pas. Plus vite nous bousculerons l'ennemi, plus longtemps nous garderons l'initiative et plus vite nous reprendrons le contrôle de la ville.
Sur le tarmac, les rangs de combat n°1 (RC-1) et 2 (RC-2) étaient maintenant parfaitement opérationnels tandis que le rang d'appui (RA) finissait son débarquement. Il ne restait plus que le rang de combat n°3 (RC-3) dont le transport était en approche pour que l'effectif soit au complet. À proximité, le chasseur de Slaine se posa. Elle en sortit aussitôt pour adopter une tenue plus appropriée au combat terrestre et rejoindre son unité.
Un par un, les RC furent envoyés vers leurs missions respectives, appuyés par les sections du RA.
Déjà, dans le ciel, un énorme cargo s'approchait du spatioport pour embarquer l'épice qui venait d'être découverte dans les entrepôts.
Épisode 08 - Mytonnes - Cité de Smyrne - Centre pénitentiaire
Constance jeta un oeil sur les écrans de contrôle :
- Fait chier, marmonna-t-elle en frappant l'un d'entre eux. Encore cette fichue électronique qui déconne...
Elle en avait plus que marre du sable qui pénétrait tout et ruinait le matériel occasionnant des pannes en cascade. Cette planète était vraiment une tombe inhospitalière. Seule l'épice permettait à beaucoup de tenir dans ces circonstances.
- T'as encore rien fait pour arranger ça ? Demanda-t-elle à son collègue Marcos qui était affalé sur l'une des deux couchettes de la salle de garde.
Ce dernier émit quelques bruits incompréhensibles.
- Si tu pouvais arrêter de te shooter et bosser ça m'arrangerait... Soupira Flore excédée en continuant de taper l'écran dont l'image vacillait toujours. Et en plus y'a un convoi qui arrive... Pas prévu ça aujourd'hui...
En effet, malgré sa mauvaise qualité, on pouvait voir sur la vidéo dix véhicules s'approchant de la porte du pénitentier. Le premier stoppa à quelques mètres et un officier en descendit pour s'approcher de l'interphone :
- Bonjour, subay Hector, nous venons pour les munitions...
- Bonjour. Astsubay Constance. De quelles munitions parles-tu ?
- Beinh... Pour la défense du site !? T'es quand même au courant que nous sommes attaqués ?
- Attaqués !? Ah ! C'était ça les bruits sourds ! Je croyais qu'il y avait des orages de poussières... Comme d'hab' quoi...
- Les gars... C'est sérieux ! C'est une attaque en règle et chaque unité doit recevoir sa dotation de munition pour organiser la défense. C'est un ordre émanant du palais de l'administrateur. Il a été envoyé à tous.
- On a rien eu ici... On a de gros problèmes sur nos transmissions ainsi que sur notre matériel de surveillance. Tout part en couille et personne ne répare...
- OK. C'est bien gentil de me raconter ta vie mais je fais quoi avec les munitions ? Je repars ?
- Nan c'est bon. T'emballe pas ! J'ouvre la porte. Tes véhicules peuvent entrer dans la première cours.
- Ça marche. Merci ! À tout de suite.
- À tout'...
Le portail de la 1er enceinte s'ouvrit alors et, un à un, les véhicules le franchirent pour se garer le long de la deuxième enceinte. Plusieurs soldats descendirent nonchalament des véhicules, grillant une cigarette ou discutant entre eux.
Flore essaya une dernière fois de sortir son collègue de sa torpeur. Celui-ci la regarda les yeux vagues sans réagir.
- Je descends, surveille les écrans s'il te plaît, lui dit-elle sans grand espoir de réponse.
Puis elle déverrouilla la porte blindée pour descendre ensuite les escaliers jusque dans la cours intérieure. Le matin même, la porte blindée qui sécurisait l'escalier n'avait pas été refermée et elle aperçut les véhicules à l'extérieur.
- Tu fais vraiment chier Marcos... La sécurité bordel ! S'emporta-t-elle à haute voix.
Tandis qu'elle franchissait le seuil de la porte, elle constata que les portes de la deuxième enceinte étaient en train de s'ouvrir. Des hommes s'y engouffraient déjà armes à la main. Cela la troubla mais avant qu'elle ne puisse réagir, elle se retrouva plaquée au sol et menotter. Puis, brutalement remise sur ses pieds, elle fût plaquée au mur le canon d'une arme dans les reins. Tout s'était fait silencieusement sans aucun ordre ou cri. Une voix claqua alors :
- Reste comme ça et tu vivras.
Au même instant, elle entendit des bruits en provenance de l'escalier par lequel elle était venue. C'était Marcos qui s'était enfin réveillé et descendait alors qu'il aurait dû rester à son poste.
Épisode 09 - Mytonnes - Cité de Smyrne - Centre pénitentiaire - Prise de contrôle
Le MAKR73G du droïde cracha une courte rafale. Le fou furieux qui vociférait dans la cours en tiraillant dans tous les sens fut stoppé net et s'affala dans la poussière. Des ordres fusèrent pour les assaillants, il n'était plus temps de ruser mais de prendre possession des lieux par les armes.
Son chef du groupe ordonna au droïde :
- 2.24.02, protège la prisonnière. Mets la à l'abri.
Dans l'instant, des projectiles percutèrent le sol, encadrant le groupe de combat.
Le droïde se précipita sur la jeune femme menottée et la saisie à bras le corps, faisant écran de son corps pour la protéger des tirs. Plusieurs chocs se firent sentir dans son dos :
Le droïde, en trois enjambés, rejoignit la porte par où le forcené était apparu et entra dans la casemate. D'une meurtrière, un autre droïde faisait feu sur l'une des tours de la deuxième enceinte. Les deux droïdes restant gravissaient l'escalier afin de sécurité le poste de garde. Le chef de groupe l'interpella :
- OK 2.24.02. Des dégâts ?
Le droïde leva le pousse pour signaler que tout aller bien.
- Bien. Poste toi à l'autre meurtrière et arrose d'explosifs le mirador qui se trouve à 40 mètres sur la droite.
2.24.02 exécuta les ordres aussitôt :
Les trois grenades partirent aussitôt et explosèrent sur la cible sans aucun effet apparent.
Dehors, les tirs s'intensifièrent. Pourtant, le portail extérieur s'ouvrit et plusieurs arachnodroïdes entrèrent. Deux arachnoP s'arrêtèrent près du porche et se mit à arroser les miradors avec leurs tubes de 120mm. Cela n'empêcha pas les mitrailleuses qui s'y trouvaient de continuer leur tir d'interdiction, stoppant la progression des assaillants. Dans la cours intérieure maintenant déserte, seul le cadavre de Marcos restait inerte sur le sable. Non loin de là, deux véhicules avaient pris feu sans que l'on sache si leurs occupants avaient pu s'en extraire à temps. Les autres avaient pu atteindre le porche de la porte pour s'engouffrer à l'intérieure de la deuzième enceinte. Il fallait libérer les prisonniers loyalistes comme la mission le prévoyait.
Dans la casemate, le chef de groupe referma la porte blindée, craignant qu'un projectile ami ou ennemi n'y pénètre. À côté de lui, ses droïdes continuaient de tirer.
Les trois nouvelles grenades furent aussitôt propulsées vers l'objectif. Par chance, l'une d'entre elle réussit à entrer par la large meurtrière qui surveillait la cours intérieure. La déflagration qui suivit éjecta la mitrailleuse ennemie qui s'écrasa au pied de l'enceinte.
- Bien 2.24.02, s'exclama le chef de groupe. Continue d'arroser l'autre mirador.
Le droïde rechargea son arme et cibla le nouvel objectif. Avant qu'il ne fasse feu, l'un des arachnoP réussit à détruire le mirador d'un coup direct ce qui permit au reste des assaillants de pénétrer dans la cours. Ils la traversèrent rapidement pour franchir le deuxième portail toujours ouverte. Derrière eux, la porte de la première enceinte fut refermée afin de prévenir toutes intrusions extérieures.
Dans la casemate, le chef de groupe se retourna vers la prisonnière, il constata qu'un des droïdes s'occupait d'elle :
- Bonne initiative 2.28.06 : elle commençait à convulser.
En effet, pour Constance qui n'avait jamais rien vu de tel de toute sa vie, le stress était trop grand. À cela s'ajoutait le fait qu'elle n'avait pas pris de dose d'épice depuis le matin. Tout s'était accumulé et avait déclenché un tremblement qui s'était vite transformé en spasmes comparables à une crise d'épilepsie. Pour 2.28.06, la réaction avait été immédiate :
Le droïde avait brisé les menottes de Constance pour l'allonger sur le sol. Puis il sortit un bouchon de gaze de son sac de combat et l'introduit dans la bouche de la prisonnière pour éviter qu'elle ne se sectionne la langue ou ne l'avale. Enfin, il lui injecta une forte dose de tranquillisant. Elle se calma aussitôt perdue dans les limbes des produits qui, une fois dans les veines, lui saturaient le cerveau ainsi que le système nerveux.
À l'extérieur, quelques tirs retentissaient encore de façon sporadique mais tous les bâtiments étaient en passe d'être conquis sans que les défenseurs n'aient pu ou n'aient voulu les défendre. Le centre pénitentiaire était rapidement tombé mais la cité dans son entier était encore loin d'être contrôlée.
Épisode 10 - Mytonnes - Cité de Smyrne - Tentative de reprise du Spatioport
- Unité 1 à unité 4 à vous.
- ...
- Unité 1 à unité 4 répondez !
- ...
- Unité 1 à unité 4, où en êtes vous ? Répondez !
Inlassablement les messages restaient sans réponse. Résigné, l'officier allait abandonner lorsqu'une ombre agare entra dans la pièce. Reconnaissant l'homme, il l'invectiva ausitôt :
- Unité 4 ! Vous ne répondez plus aux transmissions ? Où est votre chef ? Que se passe-t-il ?
Sans répondre l'homme s'affala sur une chaise et saisit une bouteille d'alcool de grain qui trainait sur la table. Il la vida presque complètement sans reprendre son souffle.
- Arrêtez de boire et répondez ! S'énerva l'officier, saisissant l'homme au col de son uniforme.
Surpris, ce dernier lâcha la bouteille qui se brisa sur le sol. Il leva des yeux fatigués vers l'officier et répondit alors :
- Je suis le seul survivant de l'unité 4. Les autres sont morts ou agonisent là-bas...
D'une main vague, il désigna le spatioport d'où provenait le bruit d'explosions et de rafales d'armes automatiques. Puis comme soudainement révolté, il continua :
- Alors comme ça les troupes amazones sont médiocres ! Médiocres !!! Merde si ça c'est du médiocre j'imagine même pas le niveau de leurs troupes d'élite ! Un vrai massacre là-bas...
Devant l'officier médusé, l'homme se leva et se campa devant lui, mains sur les hanches :
- Des putains de combattants nous avons affronté ! Nous nous sommes faits cueillir à 200 mètres de l'objectif. Cloués au sol. Les plus téméraires ont quand même réussi à s'approcher jusqu'à 100 mètres mais aucun n'en est revenu. Ensuite il nous a été impossible de reculer. Tués un par un sous un déluge de tirs croisés. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour arriver jusqu'ici...
Comme si il réalisait soudainement qu'il était toujours vivant il éclata de rire et se rassit content d'être en vie. Il saisit alors une autre bouteille sur la table et commença à la vider comme il l'avait fait pour la précédente.
Sans plus s'occuper de lui, l'officier sortit de la pièce et regroupa son unité :
- Unité 1 avec moi. Nous avons affronter un ennemi plus aggressif que d'habitude. Soyez sur vos gardes. En avant.
En s'approchant de la ligne de feu, quelques fuyards des unités 2 et 3 furent récupérés et aussitôt remis dans le droit chemin.
Arrivé en vue de l'objectif, l'officier abrita ses hommes et scrupta les facades hostiles, essayant de découvrir une faille dans la défense adverse. Juste devant lui et sur sa droite, les unités 2 et 3 s'étaient retranchées et continuaient de faire le coup de feu. Il observa longuement les échanges de tirs, décryptant ainsi les positions adverses. Sa longue expérience du combat lui permit de découvrir le point faible de la cuirasse ennemie. C'était là qu'il fallait frapper, juste à gauche. L'accès semblait difficile mais les défenses y étaient plus clairesemées : certainement la jonction de 2 unités de combat mal coordonnées.
Tandis qu'il donnait déjà ses ordres pour envoyer ses groupes d'assaut au combat, un sous-officier de l'unité 5 le rejoignit :
- Mon officier m'a demander de vous informer qu'il avait fixé l'ennemi sur 200m à votre gauche. Il y a moins de répondant là-bas. Si vous attaquez maintenant pour le soutenir, la position tombera.
- Merci. C'est justement ce que je souhaite faire. Rejoignez le. Qu'il accentue sa pression. Je me charge de faire céder la défense ennemie.
Sans rien répondre, le sous-officier salua rapidement et repartit en sens inverse.
Déjà, plusieurs groupes de l'unité 1 avançaient à couvert pour mener l'assaut.
Épisode 11 - Mytonnes - Spatioport de Smyrne - Combats
Parfaitement invisible du sol, camouflé au dernier étage du bâtiment administratif du spatioport, Thélémaque ajusta calmement une nouvelle cible située à 500m. C'était la troizième depuis qu'il occupait cette position. Il bloqua sa respiration et pressa la détente de son MARK-53 qui se réarma automatiquement. Là-bas, l'homme qui se pensait à l'abri d'un mur, s'effondra soudainement. Les autres, autour de lui, stoppèrent un instant leur progression, se demandant d'où le tir pouvait bien provenir.
Pour les défenseurs du spatioport, la situation était critique. Les troupes loyalistes qui avaient tenu bon jusque là sur la première ligne de défense, étaient bousculées par l'ennemi et commençaient à flancher. Une brèche s'étant ouverte à un point stratégique, l'ennemi s'y était engouffré.
Aussitôt alerté, le capitaine ZEJEWSK dont le RC-3 était resté jusque là en réserve sur la deuzième ligne de défense, avait donné ses ordres pour enrayer cette avancée qui risquait de compromettre la sécurisation du spatioport.
À gauche de la brèche, la 3R du lieutenant PÉPÉ-GUÈS appuyée par les arachnodroïdes du groupe 3A3 était partie pour rétablir une ligne de défense sur les arrières des loyalistes qui combattaient toujours pied à pied. À droite, la 3C du lieutenant NAUX renforcée par le groupe 3A4 devait stopper la débandade parmi les loyalistes et contre-attaquer sur le flanc ennemi. Pour finir, dans l'axe précis de la brèche, le reste de la 3A du capitaine ZEJEWSK ainsi que la AA2 qui lui avait été rattachée devaient faire front et bloquer l'avance ennemie.
- Stoppez les !
Tel était l'ordre que le capitaine ZEJEWSK avait donné. Groupe après groupe, le dispositif se mit en place sans attendre.
Thélémaque, qui était le tireur d'élite de la 3C, faisait parti du groupe de combat de l'adjudant REICH directement sous les ordres du lieutenant NAUX. L'adjudant lui avait ordonné de se postionner en hauteur afin de couvrir l'attaque de la section et de l'informer de tous les mouvements suspects de l'ennmi. C'est ce qu'il avait fait. Plus bas, il pouvait distinguer les groupes de la 3C qui montaient en ligne, se préparant à l'assaut.
Il observa une nouvelle fois aux jumelles la zone à travers laquelle l'ennemi continuait de progresser. Sur sa gauche, il entendit le tac tac caractéristique des canons de 80mm des arachnoM de la AA2. Les troupes du capitaine jouaient leur rôle et tentaient de stopper l'avance ennemie. Il ne s'en occupa pas et continua d'observer le bâtiment qui se trouvait juste en face. Tout à coup, il distingua un frémissement derrière une vitre brisée :
Tiens ! Un de mes homologues, constata-t-il intéressé. Il doit me chercher.
Il repositionna son arme, corrigeant quelques réglages puis attendit de longues secondes, lœil rivé à la lunette du MAKR-53. Lorsqu'il aperçut bien distinctement la silhouette d'un visage humain, il pressa la détente. En face, la silhouette s'affala.
En bas, la 3C partait maintenant à l'assaut. Surpris, plusieurs ennemis furent tués sans réagir. Ils n'avaient sans doute jamais vu de droïdes de combat et cela sembla les impressionner un bref instant. Profitant de cette surprise, la 3C continua son assaut brutal. Un flottement s'amorça alors dans les rangs adverses. Immédiatement, avec une prestance et un sang froid remarquable, un officier ennemi se dressa et réussit à redonner de l'allant à ses hommes.
- Toi ! Il va falloir que tu t'arrêtes... et définitivement si possible. Marmonna Thélémaque pour lui-même.
Il ajusta la silhouette ennemie qui se dressait tel un héros des temps anciens et, après quelques secondes, pressa la détente une nouvelle fois. L'officier s'effondra à son tour.
Face à la perte de leur leader et à la pression de la 3C qui ne faiblissait pas, les ennemis firent alors volte-face, tentant désespérément de repartir par où ils étaient venus. Ce ne fut pas chose aisée car, maintenant, c'était la pression du RC-3 tout entier qui s'exercait sur eux. Aidé par les loyalistes amazones qui s'étaient ralliés, il commença à les écraser sans leur laisser le temps de s'organiser. Déjà, plusieurs groupes d'ennemis jetaient leurs armes et levaient les mains en l'air en signe de reddition. Mais beaucoup s'échappèrent, combattant vaillament pour rejoindre leur position de départ. Mais ils n'eurent aucun répit : du ciel un bruit se fit entendre.
- La chasse ! s'écria Thélémaque.
Il pouvait voir disctinctement trois patrouilles de chasseurs arriver sur sa gauche, au ras des bâtiments. Suivant parfaitement la ligne de bataille ennemie, ils l'arrosèrent aussitôt au canon. Après quatre passages meurtriers, les positions ennemies avaient été anéanties et les survivants lâchèrent prise, s'éparpillant à l'abri des ruelles étroites du faubourg tout proche.
De leur côté, les défenseurs les acclamèrent, exultant d'avoir pu repousser l'ennemi. Leur joie était d'autant plus grande qu'il s'en était fallu de peu que les rôles soient inversés.
Épisode 12 - Mytonnes - Smyrne - Caserne n°1 - Les derniers ordres
- Où en sommes-nous Cassandre ?
- Les choses sont en bonne voie ma Reine. Même si nous avons dû engager de farouches combats autour du spatioport pour repousser les troupes mercenaires de l'administrateur renégat, le reste des opérations s'est passé sans trop de difficultés.
- Beaucoup de pertes dans nos rangs ?
- Assez faible pour la colonne d'intervention que je commande mais sensibles parmi les troupes qui vous sont loyales. D'après les premiers rapports, elles auraient entre 50 et 60 morts.
- Tant que ça !
- Oui ma Reine. Elles ont payé un lourd tribu lors de l'assaut des mercenaires sur le spatioport.
- Cela m'attriste... Tout y est sous contrôle maintenant ?
- Oui. Nous avons d'ailleurs fait partir deux cargos chargés d'épice vers la capitale...
- Parfait ! Avez-vous pu capturer l'administrateur ?
- Pas pour le moment ma Reine. Il s'est retranché avec les derniers hommes qui lui sont loyaux et les mercenaires survivants dans le quartier administratif...
- Il faut impérativement qu'il soit capturé vivant !
- Nous ferons tout notre possible ma Reine. Nos effectifs se sont étoffés depuis la libération du centre pénitentiaire et plusieurs unités de sécurité ont mis crosse en l'air et se sont ralliées sous votre bannière. Cela va nous permettre d'agir rapidement dans cette zone urbaine dense.
- Et la population ? Comment réagit-elle ?
- Elle apparaît soulagée depuis notre arrivée et la reprise en main qui s'en est suivie. Plusieurs habitants ont même accueilli nos blessés avant que nous sécurisions l'hôpital. J'ai le sentiment que le début de dictature mit en place par l'administrateur était à deux doigts de déclencher une guerre civile.
- Bien. Nous sommes donc intervenus au bon moment. Merci beaucoup Cassandre. J'attends de tes nouvelles dès que l'administrateur sera capturé. Un nouvel administrateur doit arrivé sous deux jours pour reprendre les choses en main. D'ici là tu as les pleins pouvoirs, je te fais entièrement confiance.
- Merci ma Reine. Je saurai me montrer digne de cette confiance et vous informerai de toutes évolutions de la situation...
- À bientôt Cassandre.
- Mes respects ma Reine.
La communication se coupa, laissant Cassandre pensive devant l'écran vide. Puis elle se resaissit et sortit prestement du bâtiment de commandement de la caserne n°1 pour rejoindre son groupe de commandement qui se trouvait dans la cours extérieure. Elle voulait savoir où en étaient les dernières opérations.
- Astsubay Nadia où en sommes-nous ? Demanda-t-elle à son chef de groupe qui faisait office d'aide de camp.
- Üstsubay, quatre des cinq casernes sont entre nos mains. Il ne reste que la caserne n°5 qui se situe dans le quartier administratif. Des unités de sécurité sont parties pacifier les faubourgs à l'est sans rencontrer de résistance. Pour le reste tout est sous contrôle. Il est clair que le seul noyau dur qui va s'opposer à nous se trouve concentré autour de cette caserne et du palais de l'administrateur...
- Bien. Ordre de regroupement du RC-3 pour qu'il vienne épauler les RC-1 et RC-2 qui sont déjà sur zone. La AA2 doit rester où elle est et sécuriser le spatioport avec les unités loyalistes les plus éprouvées. Appelez immédiatement les commandants des trois rangs afin qu'ils me rejoignent ici. Elle désigna un batiment sur sa carte holographique, tout près de la ligne des combats. Nous allons monter un plan d'assaut pour écraser ce dernier point de résistance et capturer l'administrateur. En avant !
- À vos ordres Üstsubay.
Encore une fois, la rapidité d'action allait être décisive et permettrait peut-être aux hommes de Cassandre d'atteindre l'objectif clairement désigné : capturer l'administrateur félon et reprendre le contrôle de la cité.
Épisode 13 - Mytonnes - Smyrne - Palais de l'administrateur - "Il faut fuir !"
De plus en plus, on entendait les déflagrations à l'extérieur du palais. Comme coupé du monde l'administrateur Sylvain apostropha son adjointe, la secrétaire générale Nathalie :
- Où en sommes-nous de la reprise du spatioport ?
Un peu décontenancée par la question, Nathalie redit ce qu'elle avait déjà dit dix minutes plus tôt :
- Nos forces ont été repoussées et ont subi des pertes sévères. Depuis, elles ont retraités et tentent de contenir les forces loyalistes à la Reine Lysippé qui sont à nos portes.
Sylvain balaya sa réponse d'un revers de la main.
- C'est impossible ! Éructa-t-il. Mes mercenaires sont les meilleurs !!!
Comme fou, il gesticulait dans tous les sens, les yeux écarquillés. Il se remit à arpenter la salle de réunion maintenant déserte.
- Et où sont les autres ? Finit-il par dire.
- Tous ont fui ou sont partis se battre Monseigneur, répondit Nathalie.
Il se planta alors devant elle et hurla de nouveau. Elle remarque ses pupilles grosses comme une tête d'épingle : il avait encore dû user et abuser de l'épice depuis que les mauvaises nouvelles étaient arrivées.
- Non ! C'est totalement inconcevable ! Mais... Mais faites quelque chose à la fin ! Débrouillez-vous mais il faut que tout redevienne comme avant !
Tout à coup, dans la peine-ombre de la pièce, Sylvain la dégoûta. Le teint blafard, transpirant, les mains tremblantes et virevoltantes dans tous les sens, il ne ressemblait plus du tout au grand homme qu'elle avait connu et dont elle était tombée amoureuse. Malgré l'irrépressible envie de fuir qui la tenaillait, elle resta pourtant et tenta de lui faire entendre raison :
- Monseigneur, vous devez fuir. Le combat est dorénavant perdu. Rester ici ne servira à rien. Je vous en supplie ! Partez tant qu'il est tant.
Comme rendu-fou par ce qu'elle venait de dire, il l'a saisi brutalement par les bras. Elle distingua dans son regard d'alluciné l'étincelle qui allait conduire à sa mort. Instinctivement, elle le gifla violemment, espérant le faire revenir à la raison. Il lâcha prise et recula d'un pas. Il secoua la tête en titubant légèrement comme si il se réveillait d'un sombre cauchemar. Puis, il planta son regard dans le sien et il lui dit d'une voie blanche :
- Que me proposes-tu ?
Ce tutoiement fit aussitôt remonter de vieux souvenirs, à l'époque où il était encore un administrateur servant le royaume amazone et non ses intérets personnels. De nouveau le cœur de Nathalie battit la chamade. Les larmes aux yeux elle lui répondit :
- Deux véhicules sont prêts avec dix de vos gardes personnels. En partant immédiatement, ils pourraient vous emmener au Nord-Ouest, au delà des remparts, dans le désert. Nous avons un poste avancé isolé à dix kilomètres de la cité où vous pourrez embarquer dans le vaisseau qui s'y trouve et disparaître ensuite où vous voulez.
Elle rentra la tête dans les épaules, s'attendant à un refus catégorique mais il n'en fut rien. Soudain résigné, Sylvain dit simplement :
- Tu as raison Nathalie. Allons-y. Je te suis.
L'énorme poids qui enserrait le coeur de la jeune femme disparut instantanément.
Il reste un espoir ! Nous allons fuir ensemble et plus jamais nous serons séparés. Je m'occuperais de lui. Il m'aimera. J'en suis sûr. Nous serons enfin heureux.
Quinze minutes plus tard, les deux véhicules blindés roulaient à vive allure dans les rues de la cité. L'administrateur Sylvain abandonnait les derniers de ses combattants tandis qu'il s'échappait, espérant quittait cet enfer qui hier encore était son paradis.
Épisode 14 - Mytonnes - Centre de Smyrne - Quartier administratif - Combats pour la 3C
Le feu s'intensifiait de seconde en seconde. Slaine ne savait pas précisément ce qu'il se passait sur sa droite mais elle avait reçu l'ordre d'avancer sans se laisser fixer. Sa section occupait l'extrême gauche du dispositif amazone, elle devait couper toute retraite de l'ennemi vers la périphérie ouest de la cité et de son mur de protection au delà duquel s'étendait à perte de vue le sable du désert. Ses groupes étaient en passe d'être tous engagés maintenant, il ne restait en réserve que son groupe de commandement et le groupe de combat n°2. Elle appela le sergent POPOV du groupe n°1 :
- Le 3C4 est sévèrement accroché à vingt mètres sur votre droite, je vous envoie l'un des arachnoP et le dernier arachnoM. Rabattez-vous sur eux pour les dégager. Je prends mon groupe, le 3C2 et le dernier arachnoP pour avancer plus sur notre gauche.
Sans attendre la réponse de son subordonné, elle se redressa :
- Allez ! En avant !
Les hommes et les droïdes s'exécutèrent, rasant les murs, se camouflant le plus possible afin de ne pas être vus depuis les positions ennemies retranchées.
Tandis que le 3C1 obliquait pour appuyer de tous ses feux le 3C4 et empêcher l'ennemi de riposter, Slaine déborda la position par la gauche. Sur ses talons, Kedi à l'affût ne la quittait pas d'une semelle. À ses côtés, l'adjudant REICH et le caporal MIKULI avançaient prêts à faire feu. En arrière, le caporal Thélémaque "SAMARITAIN" et le soldat Pauline "QUARTIERNORD" couvrait la progression. Juste à gauche, le 3C2 faisait de même. L'avance fut rapide et le bruit des combats s'estompa bientôt sur leurs arrières.
Alors qu'ils avaient parcourru une bonne centaine de mètres, un bruit de véhicule se fit entendre en provenance d'un croisement vers lequel ils se dirigeaient. Masqué par les hauts murs des bâtiments qui bordaient les rues, il était impossible de voir précisément à quoi ils allaient avoir à faire. Le 3C-CDT se camoufla donc dans une embrasure de porte tandis que le 3C2 se retranchait au rez-de-chaussée du bâtiment d'en face. Puis le caporal SAMARITAIN fut envoyé dans les étages pour observer la rue avec son MAKR53.
- Fais attention à toi Thélémaque ! L'interpella Slaine avant qu'il ne disparaisse dans les étages.
Elle se retourna vers le reste du groupe :
- Adjudant REICH avec QUARTIERNORD défoncez cette porte et débrouillez vous pour remonter le bâtiment et couvrir l'angle du croisement, je voudrais bien savoir à quoi nous avons à faire. Caporal MIKULI vous restez avec moi... et toi aussi, Kedi, tu restes ici.
Dans son dos, le félin grogna d'impatience. Prêt à bondir, elle l'avait bloqué dans son élan qui l'aurait précipité dans la rue face au danger.
- Tu restes ici, confirma-t-elle. Je t'interdis de bouger.
- Prudent toi ! Elle sourit. Mais c'est bien sûr...
Leur conversation silencieuse fut brutalement interrompue par les transmissions. C'était un appel de l'adjudant REICH :
- Lieutenant ! Je suis en position. Deux véhicules blindés en approche. Pas d'infanterie en accompagnement.
- Bien pris mon adjudant. Restez en position, lui répondit Slaine.
Elle envoya un ordre au dernier arachnoP qui les avait suivi mais était resté en couverture à l'autre bout de la rue. L'ordre reçu, il arriva rapidement, se positionnant en plein milieu de la rue, juste entre les 2 groupes amazones. Son but était simple : stopper les 2 véhicules en approche.
Ceux-ci débouchèrent bientôt sur le croisement. Un instant indécis face au monstre métalique qui lui bloquait la rue, le premier se décida pourtant à avancer, engageant à la mitrailleur l'arachnoP qui ne bougea pas sous le déluge des projectiles. Le deuzième resta au carrefour, tentant d'ajuster l'arachnoP. C'était peine perdu car l'engin qui s'était engagé devant lui l'empêcher d'ajuster sa cible et de décocher l'un des missiles dont il était équipé. De son côté, l'arachnoP cibla le premier blindé avec l'un de ses tubes de 120mm et tira. La charge creuse perfora l'avant du blindé qui stoppa instantanément. L'explosion interne qui s'en suivi pulvérisa l'avant du véhicule qui obliqua sa trajectoire et finit par percuter la façade de l'un des bâtiments bordant la rue. La poignée d'occupants qui put s'en extraire fut aussitôt réduite au silence par les tirs provenant des hommes de Slaine. Mais l'arachnoP était maintenant bien visible par le deuzième véhicule resté en retrait. Par réflexe, les deux adversaires déclenchèrent leur tir simultanément. Foudroyé par un missile à courte porté, l'arachnoP s'effondra sur lui-même et prit feu. En face, son armement principal détruit, le véhicule commença d'avancer doucement, ouvrant le feu avec les 2 mitrailleuses secondaires qui étaient toujours intactes. Il progressa dans la rue, arrosant les fenêtres part où les hommes de Slaine tentaient de l'atteindre.
- Nous allons être piégé comme des rats ! S'exclama Slaine en voyant le véhicule se rapprocher du porche où elle se trouvait.
Avant qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche pour ordonner au caporal MIKULI et à Kedi de se replier par la porte que l'adjudant avait défoncée, le caporal s'élança seul face à l'engin qui avançait lentement. Arrivé à sa hauteur, il l'escalada afin d'atteindre une ouïe d'aération endommagée. Il décrocha calmement une charge explosive de son harnais de combat, l'arma et la glissa dans l'ouverture. Ensuite il redescendit pour se plaquer face contre terre. À côté de lui, le blindé tressauta avant de s'immobiliser. De la fumée s'échappait d'une écoutille complètement arrachée. MIKULI bondit sur ses pieds et se précipita à l'arrière du véhicule dont la porte de débarquement s'ouvrait, en criant :- Sortez ! Mains en l'air !
D'une autre écoutille, une silhouette se dressa alors menaçante. Elle fut immédiatement abattue d'un tir précis de Thélémaque toujours positionné sur les hauteurs de la rue.
- N'essayez pas de résister ! Sortez !
Plusieurs individus sortirent en trébuchant. L'un deux, peut être blessé, s'affala même au sol. Le caporal s'approcha et ordonna encore :
- Retourne toi ! Je veux voir tes mains.
Avant même de comprendre ce qu'il se passait le caporal vit le supposé blessé se retournait vers lui lâchant plusieurs fumigènes qu'il serrait entre ses doigts. Un écran opaque masqua aussitôt la scène.
- Caporal ! Hurla Slaine qui s'était entre temps approchait avec Kedi.
Elle n'eut qu'un cri étouffé comme seule réponse.
Épisode 15 - Mytonnes - Centre de Smyrne - Quartier administratif - La mort
La gorge en feu et les yeux larmoyant, Nathalie suivait Sylvain qui, encadré par deux gardes du corps, courait devant elle. Elle trébucha, complètement désorientée et perdue dans le brouillard opaque des fumigènes. La situation lui semblait irréelle depuis la destruction de leurs véhicules quelques instants auparavant. Suite à cela, elle subissait les événements sans ne plus avoir aucune prise sur eux.
Des balles sifflaient aux oreilles des fuyards, les empêchant de s'arrêter. Après une vingtaine de mètres, ils sortirent enfin de l'épaisse fumée artificielle qui les avait protégés jusque là. Devant elle, les autres s'étaient arrêtés à l'abri pour reprendre leur souffle. Elle les rejoignit.
- Allez ! Ordonna l'administrateur en la voyant. Il faut continuer !
Sans attendre de réponse, il s'injecta une dose d'épice dans le nez. Machinalement, les deux soldats en firent autant. Au même moment, un troisième garde du corps les rejoignit.
- Alors ? L'interrogea Sylvain.
- Ça va. Y'en a au moins un qui nous emmerdera plus...
Le soldat afficha un large sourire de satisfaction en essuyant un couteau maculé de sang sur sa manche. Brutalement, alors qu'il ouvrait la bouche en rangeant son arme, une ombre lui tomba sur les épaules. Il roula sur le sol avant d'être saisi brutalement à la gorge. Les os craquèrent. Terrifiés par cette vision, les 3 hommes s'enfuirent, laissant Nathalie pétrifiée.
- Viens pauvre folle ! Cria Sylvain avant de disparaître au coin d'une rue.
Face à elle, un énorme fauve finissait d'égorger le soldat.
- Assez Kedi !
Malgré la terreur, Nathalie distingua une femme armée sortir de l'épais brouillard artificiel.
- Arrête Kedi ! Ça suffit ! Insista-t-elle.
Au moment où l'animal lâchait sa prise, Nathalie sentit son regard sur elle et une voix grogner dans sa tête :Immédiatement son instinct lui fit retrouver l'usage de ses jambes, elle fit demi-tour et s'enfuit à son tour.
- Stop ! Arrêtez-vous ! Hurla la guerrière derrière elle.
Nathalie continua sans obtempérer. Un coup de feu claqua aussitôt suivi d'une brûlure intense qui lui perfora les reins. Un goût de sang dans la bouche, elle continua pourtant de fuir, insensible à la douleur qui se propageait dans tout le dos. Derrière elle, des tirs d'armes automatiques retentirent comme si une centaine d'hommes s'affrontait. Elle ne s'arrêta pas pour comprendre et continua de s'échapper. Elle tourna au coin de la rue, espérant rejoindre Sylvain et les deux autres. Après une course folle de quelques minutes, elle fut brutalement saisit et plaquer contre un mur. Ce mouvement lui arracha un cri de douleur :
- Arrête de brailler, tu vas nous faire repérer ! Ordonna Sylvain agressif.
- Je... Je suis blessée, répondit-elle comme pour se justifier.
Sans lui demander son avis, l'un des 2 gardes du corps osculta la blessure après avoir soulevé sa veste sans ménagement. Il soupira et conclut à l'attention des 2 autres :
- C'est pas beau à voir... Elle n'en a plus pour longtemps : les reins sont touchés. Elle se vide. Elle est fichue...
- Monseigneur, laissons là ici et reprenons notre progression, suggéra le 2ème.
Sans accorder un regard à Nathalie, Sylvain ordonna :
- OK. C'est bon, on continue.
- Mais Sylvain ! Supplia-t-elle, l'appelant par son prénom pour la 1ère fois.
- Assez ! Répondit-il le regard mauvais, dégageant le bras qu'elle lui avait saisi. Tu me répugnes avec tes sentiments mielleux. Tu t'imaginais quoi ? Continua-t-il la bouche tordue par un rictus ironique.
- Je t'en prie ! Aide-moi !
- Tu me saoules... Lâcha-t-il méprisant.
De nouveau, elle distingua l'étincelle de mort qu'elle avait déjà vu dans son regard avant leur départ du palais. Insensible à ses suppliques, Sylvain sortit son arme et, posément, lui tira une balle dans le genou. Elle hurla en s'affalant, le genou éclaté. Incapable de se relever, elle sanglota.
- Au moins tu serviras à quelque chose. Tu occuperas 5 minutes le fauve qui nous poursuit. C'est toujours ça de pris. Aller ! Allons-y. Commenta-t-il satisfait.
Les yeux remplis de larmes, elle regarda l'homme qu'elle avait aimé disparaître de son champ de vision sans qu'il ne se soit retourné une seule fois. Soudain lasse, elle souhaita mourir et appela la mort pour qu'elle vienne vite. Son attente fut courte car une poignée de minutes plus tard, elle la sentit s'approcher d'elle. Une forte odeur de fauve lui chatouilla les narines. Elle aurait dû être terrorisée comme tout à l'heure mais non, plus rien ne lui faisait peur maintenant. Elle était simplement arrivée au bout du chemin.
- Viens. Je suis prête, murmura-t-elle comme une prière.
Sans lui répondre, le fauve bondit sur elle et plongea les crocs dans sa chaire déjà meurtrie en lui broyant les os. Malgré la douleur, Nathalie ne cria pas. Tandis que sa vue se brouillait et qu'elle se laissait aller, sa dernière pensée alla à l'homme qu'elle avait aimé et vénéré jusqu'à ce jour funeste :
- Sois maudit, pensa-t-elle.
- Kedi assez ! Ordonna de nouveau la guerrière qui les avaient rejoint.
Slaine s'agenouilla aux côtés de la mourante. Celle-ci fit un dernier effort et réussit à articuler quelques mots :
- Base... Base de repli... Quadran X... X77... au Nord... Nord... Ouest... Vaisseau... Fuir... Là-bas... Maudit... Maudit soit-il...
À l'agonie, elle sombra dans l'obscurité.
Épisode 16 - Mytonnes - Muraille au Nord-Ouest de Smyrne - Mission accomplie ?
Perchée en haut de la muraille, Tatiana contemplait le désert à perte de vue. À ses côtés, l'adjudant REICH et le caporal SAMARITAIN scrutaient les dunes à l'aide de lunettes de précision. Derrière eux la voix du lieutenant NAUX augmenta brutalement de volume :
- Vous me demandez de stopper les recherches ? C'est ça ? ...
Mais elle se tût, écoutant la réponse qui lui était faite.
- Bien reçu capitaine mais ça n'est pas de gaieté de cœur...
Elle coupa la communication et revient vers ses hommes :
- On remballe. Une unité de sécurité amazones va venir prendre le contrôle de la zone. Nous repartons vers le spatioport. Des véhicules viennent nous chercher.
Personne ne répondit mais la mine renfrognée de l'adjudant et des autres sous-officiers commandants les groupes de la 3C, en disait long sur leur état d'esprit. Cependant, sans protester, hommes et droïdes s'engagèrent dans l'escalier au pied duquel les véhicules les attendaient. Pauline, comme une somnambule, entama la descente à son tour. Soudain épuisée, elle demanda à haute voix sans s'en rendre :
- On continue pas alors ?
Juste derrière elle, l'adjudant lui donna une tape amicale sur la nuque :
- Tu as des oreilles comme nous ? Alors n'insiste pas QUARTIERNORD. On a déjà bien les boules comme ça, ça sert à rien de remuer le couteau dans la pl...
Il se mordit la lèvre et s'arrêta, honteux de ce qu'il allait dire. Autour de lui personne ne réagit. Une ambiance maussade s'installa pendant toute la descente et continua après que les groupes de la 3C aient grimpé à bord de 4 véhicules lourds.
Pendant le trajet, Pauline se remémora ce qui s'était passé au cours de la poursuite des fuyards : depuis la destruction des 2 véhicules ennemis jusqu'à l'arrivée au pied de l'immense mur qui protéger la cité des attaques de vers et des dunes de sable.
C'était elle qui, avec l'adjudant, avait retrouvé le caporal MIKULI baignant dans son sang. Il était déjà mort et l'adjudant lui avait juste clos les yeux comme aurait pu le faire un père à son fils. Ensuite, sans avoir le temps de s'attrister, ils étaient repartis de l'avant, rejoint par Thélémaque et le 3C2 du sergent MALAKOFF. C'est là qu'ils avaient retrouvé le lieutenant et son félin. Au même moment, un groupe ennemi en retraite, leur était tombé dessus. Une violente fusillade avait éclatée. Elle avait cru sa dernière heure arrivée. Deux des droïdes de la 3C2 avaient été détruits et Thélémaque légèrement blessé.
Ce dernier était maintenant assis juste en face d'elle, un large pansement autour de la cuisse. Comme elle le regardait, il lui fit un petit signe de la main comme pour lui dire "Tout est OK !". Elle répondit pas un triste sourire crispée et replongea dans ses pensées tourmentées.
Heureusement, les groupes 3C1 et 3C4 les avaient rejoints et, avec l'appui de 2 arachnodroïdes, les avaient dégagé de cette mauvaise situation. Sans attendre, le lieutenant avait aussitôt redéployé ses groupes pour poursuivre les fuyards, demandant même au 3C3 de rallier en urgence le reste de la section. Une course folle s'en était suivie et la section avait ainsi atteint la muraille à la porte Nord-Ouest de la cité. Hélas, les fuyards avaient pu s'échapper. C'est là que la section avait été informée que l'administrateur renégat Sylvain était parmi eux. Ils avaient également appris que les combats étaient en passe de se terminer car la plupart des mercenaires et des soldats adverses, apprenant la fuite de leur chef, se rendaient en grand nombre. Mais cela n'engendra aucune joie chez les Hantariens.
Le véhicule stoppa brutalement.
- Nous sommes déjà arrivés au spatioport ? S'autorisa à demander Pauline.
- Non QUARTIERNORD, répondit le lieutenant NAUX, nous embarquons juste le caporal. Tout le monde doit rentrer. Dans la mesure du possible, nous n'abandonnons personne, mort ou vivant.
Confuse, Pauline frissonna, revoyant tout à coup le visage livide du mort. Entre temps, l'adjudant était descendu et, avec l'aide du sergent POPOV et de 2 autres hantariens, ils chargèrent le caporal dont ils avaient recouvert le visage, entre les 2 banquettes arrière du véhicule. Pour Pauline, s'en était trop. La tension nerveuse accumulée au cours de cette dure journée, rompit les barrages qui avaient tenu jusque là. "Et maintenant, c'était le corps du caporal à ses pieds ! Non. S'en était trop !" Elle se cache le visage dans les mains et sanglota silencieusement. Le sergent POPOV qui s'était assise à côté d'elle, la prit par les épaules et lui dit calmement :
- Ça va aller Pauline. Ne t'inquiètes pas. La journée est finie. Tu es vivante. Calme-toi.
La jeune soldat ne se calma pas pour autant, laissant les larmes couler sans discontinuer. C'était de toutes façons une réaction saine voir même nécessaire pour un jeune combattant comme elle. À son tour, le sergent sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle prit sur elle, inspira et expira lentement pour ravaler sa tristesse. Puis, elle jeta un regard complice à Thélémaque. Celui-ci lui fit un bref sourire : lui aussi aurait voulu qu'elle le serre dans ses bras afin d'oublier cette journée éprouvante.
Le véhicule était maintenant reparti et filait à vive allure en direction du spatioport. Le chemin si laborieusement fait depuis le matin fut cette fois parcouru en quelques minutes. Un repos mérité attendait les hommes au spatioport avant qu'ils ne soient affectés à de nouvelles missions.
Épisode 17 - Mytonnes - Tarmac du spatioport de Smyrne - Dernier au revoir
Très tôt le matin, les officiers de la colonne mixte avaient été convoqués par Cassandre. Sans plus attendre, elle commença le débriefing :
- À tous, merci d'être venus. J'espère que vous avez pu vous reposer ainsi que vos hommes la nuit dernière. Comme vous le savez maintenant, nous avons entièrement repris le contrôle de la cité. Les derniers retranchements ennemis qui se trouvaient dans les bâtiments administratifs se sont rendus dans la soirée d'hier. Je sais que la troupe aspire à un repos bien mérité mais il va falloir qu'elle patiente encore quelques jours. Nous allons verrouiller les portes de la ville afin qu'elle soit complètement fermée. Personne n'entre et personne ne sort. Les troupes de sécurité pourront ainsi effectuer les contrôles nécessaires afin de nettoyer les derniers ennemis qui pourraient se cacher dans la population. Le rang n°1 se positionnera donc sur le quart Nord-Est pour y contrôler la porte principale et les 4 poternes qui s'y trouvent. Le rang n°2 prendra position sur toute la moitié Sud de la muraille pour y contrôler les 2 portes principales et les 2 poternes qui s'y trouvent. Elle sera appuyée par le rang d'appui qui sécurisera le spatioport tout proche. Pour finir, le rang n°3 se positionnera sur le quart Nord-Ouest pour y contrôler la porte principale et les 3 poternes qui s'y trouvent. Bien évidemment, les troupes du tsubay Hector vous assisteront pour parer à toutes éventualités. Pour finir, je vous informe que 2 groupes hantariens du rang n°3 vont être envoyés dès ce soir afin de capturer l'administrateur Sylvain qui doit répondre de ses actes. Cette unité a été désignée car c'est elle qui a obtenu les informations sur la base refuge d'où le traitre espère s'enfuir et je pense qu'elle a à cœur de finir le travail proprement.
Elle regarda ostensiblement le petit groupe d'officiers hantariens dans lequel se tenait le capitaine ZEJEWSK qui hocha la tête en signe d'assentiment. Cassandra conclut alors :
- Je vous demande enfin de rééquiper vos unités en dotation complète et de combler vos pertes avec des remplaçants, hommes ou droïdes. Merci de votre attention. Rompez.
Sur ces derniers mots, les officiers sortirent de la pièce sans tarder mis à part les 3 officiers hantariens qui se rapprochèrent de Cassandre.
- Vous avez des remarques particulières ? Un problème avec la mission ?
Le capitaine s'avança et dit :
- Non, il s'agit d'une simple requête üstsubay . Nous avons perdu un homme aujourd'hui. Le premier depuis notre arrivée parmi votre peuple. Nous aimerions que vous participiez à la cérémonie qui va avoir lieu en sa mémoire avant que son corps ne reparte vers Arkadia. Vous acceptez ?
- Bien évidemment ! Nous vous sommes redevable. Je suis très triste des pertes que nous avons subi. Les vôtres comme les nôtres. Allons-y, je vous suis.
Quelques minutes plus tard, sur le tarmac du spatioport, le rang n°3 était réuni au complet. Cassandre se tenait là, avec les 3 officiers de l'unité. Le lieutenant NAUX s'avança alors et pris le commandement de l'unité :
- Pour l'ensemble. À mon commandement. Garde à vous !
D'un seul mouvement, droïdes et humains s'exécutèrent.
- Présentez... Armes !
Une nouvelle fois d'un seul et même mouvement, les mains claquèrent sur les armes. Slaine continua :
- Nous sommes ici pour honorer la mémoire du caporal MIKULI Antone, mort après un acte de bravoure qui a sauvé ses camarades d'une mort certaine. Nous allons le ramener sur Arkadia et de là nous le ramèrerons à sa famille, à son peuple, à notre nation. Soyez en assuré ! Aucun Hantarien ne sera abandonné. Vous retrouverez vos familles. Nous reprendrons notre voyage pour rejoindre les nôtres...
Émue, la voix de Slaine se brisa légèrement mais elle se reprit immédiatement :
- Pour lui. Pour tous ceux tombés hier. Souvenons-nous.
Elle inclina légèrement la tête en direction de l'adjudant REICH qui, de sa voix grave, entonna aussitôt un vieux chant hérité d'une civilisation maintenant disparu :
J'avais un camarade,
L'unité, toujours au garde à vous, reprit en cœur la suite du champ :
De meilleur il n'en est pas
Dans la paix et dans la guerre
Nous allions comme deux frères
Marchant d'un même pas,
Marchant d'un même pas.
Mais une balle siffle,
qui de nous sera frappé ?
Le voilà qui tombe à terre
Il est là dans la poussière
Mon cœur est déchiré,
Mon cœur est déchiré.
Ma main il veut me prendre,
mais je charge mon fusil,
Adieu donc, adieu mon frère
Dans le ciel et sur la terre
Soyons toujours unis,
Soyons toujours unis.
Un lourd silence s'abattit après ce chant poignant que seul rompit Slaine :
- Reposez... armes ! Repos.
Pour finir, s'adressant aux sous-officiers, elle conclut :
- Unité à disposition des sous-officiers pour retour au casernement et préparation au départ.
Ces derniers saluèrent et reprirent aussitôt en main leur groupe respectif. Le départ était prévu dans une heure car une nouvelle mission les attendaient.
À l'autre bout du tarmac, un cargo décolla. Dans ses flancs chargés d'épice, la dépouille du caporal avait été montée à bord. Direction Arkadia avant son dernier voyage qui, tous l'espérait maintenant, les ramènerait vers leur peuple grâce à l'épice.
(FIN du chapitre)