Chapitre 05 - Contact |
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Épisode 01 - Quelque part dans l'univers - Frégate hantarienne "Kalinka"
Zak se redressa brutalement en poussant un cri. Des images de Slaine agonisante se bousculaient encore dans sa tête. En sueur, il écarta le drap moite et posa les pieds sur le sol. Le contact froid sur ses plantes de pied lui fit du bien. Il secoua la tête. Il en avait plus qu'assez de ses cauchemars incessant qui martyrisaient ses nuits depuis plusieurs mois maintenant. À chaque fois, Slaine était en danger de mort et il ne pouvait rien faire. Il massa ses tempes douloureuses :
- Encore un mal de crâne qui va durer toute la journée.
Il se leva, nu comme un ver, et se dirigea vers la pièce d'eau qui occupait un coin de sa cabine. Il y trouva 2 cachets qu'il avala avec un grand verre d'eau. De nouveau il secoua la tête :
- Et après ça impossible de me rendormir bien évidemment...
Il soupira en s'habillant rapidement. Tandis qu'il finissait d'agrafer sa veste d'uniforme, il croisa son regard dans le miroir qui lui servait pour se raser :
- T'as vraiment une sale tête... Faudrait essayer de dormir comme il faut au moins un jour dans la semaine.
Il passa la main sur son menton rêche :
- Nous verrons la barbe plus tard.
Puis il boucla son ceinturon et sortie de la cabine. Il traversa la courtine et arriva directement sur la passerelle de commandement. Quelques officiers et sous-officiers de quart vaquaient à leurs tâches habituelles.
- À vos rangs, fixe ! Aboya le premier homme qui l'aperçut.
- Repos, répondit Zak. Bonjour messieurs. Je vois que le quart à changer. Des nouvelles intéressantes ?
L'officier de passerelle répondit aussitôt :
- Rien de nouveau mon général. La zone sera finie d'être contrôlée dans moins de 12 heures universelles.
- Bien. Une fois fait, dans le cas où rien ne serait trouvé, programmez un nouveau bond pour la zone suivante.
- Bien reçu mon général.
Sans attendre, les hommes continuèrent de s'affairer. Sans s'occuper d'eux, le général s'approcha de la vitre blindée qui laissait entrevoir l'espace infini. Il resta un long moment à le contempler sans rien dire. Il serait sans doute resté là un bon moment s'il n'avait pas été interrompu :
- Mes respects mon général. Vous avez mangé ?
- Bonjour Kalmouk. Toujours à me surveiller ! Non, je n'ai pas encore mangé. Mais c'est un détail...
- Vous n'êtes pas sérieux mon général. Il faut faire attention à tous ces détails et montrer l'exemple... Et puis ne pas manger ne résoudra rien.
- Tu as raison... Je me laisse un peu aller en ce moment. Et toi, tu as mangé ?
- Non mon général, je vous attendais.
- Alors allons-y ensemble.
Emboitant le pas de son serviteur, ils quittèrent la passerelle pour rejoindre le mess des officiers. Chemin faisant, Kalmouk l'interrogea par dessus son épaule :
- Toujours ces cauchemars mon général ?
- Hélas oui. Toujours...
- Nous la retrouverons. Chaque arche est équipée d'une balise. D'une façon ou d'une autre nous la retrouverons.
- Oui... Nous la retrouverons...
Le général soupira et poursuivit pour lui-même :
- Mais dans quel état ? C'est là toute la question...
Devant lui, Kalmouk insista, sûr de sa logique et des ses croyances anciennes :
- Je vous le répète : ces cauchemars sont un signe. Si elle n'était pas en vie vous n'en feriez pas.
La réponse du général fut juste un haussement d'épaules. Il ne savait plus trop quoi penser maintenant et s'interdisait de faire des hypothèses à ce sujet.
- Allons manger. Ca ira mieux ensuite. Conclut-il alors pour couper court à la conversation.
- Bien mon général mais ensuite je vous rase. Cette barbe de plusieurs jours ne me plaît pas du tout.
Zak sourit. Son vieux serviteur était toujours là pour lui et il était heureux de l'avoir à ses côtés.
Les jours se suivaient et se ressemblaient de plus en plus dans leur monotonie déprimante mais pour le général Zak LVOV une seule chose comptait : poursuivre les recherches et retrouver l'arche n°44 disparue avec Slaine à son bord.
Épisode 02 - Galaxie Pégasus - Système Mastanabal - Planète Mytonnes - Smyrne - Départ en mission
La troupe avait pris place à bord du porteur d'assaut. On trouvait là les 2 groupes (3C-CDT et 3C2) au complet. Les effectifs avaient été complétés et les armes réapprovisionnées en conséquence. Montant à bord en dernier, Slaine croisa le regard de Mira ZACHTCHOUK, son nouveau caporal. C'était une rescapée de l'arche tout comme elle. Elle ne la connaissait pas encore bien mais c'était une combattante et c'est bien tout ce qui comptait pour cette mission.
Tandis que le porteur d'assaut décollait du tarmac, Slaine donna ses dernières recommandations :
- Je ne vais pas vous répéter le but de la mission, je l'ai déjà fait. Le plus important est qu'il faut que nous finissions ce que nous avons commencé hier, rapidement et sans erreur. Je vous demande une dernière fois de contrôler vos combinaisons "désert". Nous ne serons bientôt plus protégés par le bouclier de la cité, ce sera donc votre seul rempart face à la chaleur extérieure.
Ces combinaisons intégrales étaient directement portées sur le corps, à même la peau. Chaque soldat avait été épilé de près pour ne pas entraver leur bon fonctionnement. Très légères mais résistantes, elles n'entravaient nullement les mouvements et permettaient de porter l'uniforme réglementaire au-dessus. Seule une surépaisseur au niveau des reins contenait le mécanisme particulier de régulation de la température et de recyclage des fluides corporels. Sur les flancs, des réservoirs ultraplats stockaient l'eau purifiée qui pouvait être consommée à nouveau. À ce mécanisme était associé 2 micro-pompes positionnées au niveau des talons et des voutes plantaires. Chaque pas, chaque pression du pied sur une surface dur permettait ainsi aux liquides de circuler soit vers le mécanisme de traitement soit vers les réservoirs récupérateurs par une multitude de canaux comparables à des vaisseaux sanguins. Lorsqu'on l'enfilait, la première sensation était assez désagréable en particulier aux endroits les plus intimes mais ensuite elle s'adaptait à la morphologie de l'individu qui l'oubliait très rapidement. Autour d'elle, les hommes contrôlèrent leur tenue par binôme. Slaine contrôla la tenue de l'adjudant REICH puis se fut à son tour de contrôler la sienne. Finalement, tous levèrent le pousse en l'air pour confirmer qu'il n'y avait rien à signaler. Slaine demanda alors à l'adjudant :
- L'arachnoM est OK ?
- Affirmatif lieutenant, solidement arrimé sur sa base de largage. Le capitaine nous en a obtenu un de 40mm.
- J'ai vu ça quand nous l'avons chargé. Vous avez vérifiez ses munitions ?
- Oui lieutenant. Il a des "pointes dures" sur 2 de ses canons mitrailleurs, les 2 autres ont des explosives avec des traçantes.
- Parfait. J'aime savoir que nous avons des projectiles conventionnels. Cela peut faire toute la différence face à des boucliers d'énergie.
L'adjudant acquiesça sans rien ajouter puis il s'éloigna un peu pour finir de contrôler les droïdes avec l'aide du sergent POPOV. De son côté, Slaine s'installa sur l'une des banquettes à côté de Thélémaque. Comme les autres, il était perdu dans ses pensées toutes entières projetées vers la mission à venir. Face à ce silence pesant et ne tenant pas en place, elle se leva presque aussitôt pour se diriger vers Kedi qui avait été « installé » sur un plateau pour arachno :
- OK ! Tout va bien ? Je serai près de toi pour te libérer aussitôt au sol. Compris ?Elle lui cajola le cou qu'il lui offrit avec gourmandise. Il ronronnait comme un simple chat au coin du feu. Les hommes avaient l'habitude de le côtoyer et de voir leurs échanges amicaux sans que cela ne les choque outre mesure. Kedi était de toute façon un formidable auxiliaire qui faisait sa part du travail en opération. Ce câlin amical fut pourtant de courte durée : dans les écouteurs intégrés au casque de Slaine, un message parvint du poste de pilotage :
- Arrivée sur zone dans 15 minutes.
Laissant Kedi, elle avertit aussitôt les autres :
- Arrivée sur zone dans 15 minutes. Mettez-vous en place sur les palettes de largage. Dernier rappel : arrivée sur la ZL l'arachno et les 2 droïdes "MARK73" seront envoyés en premier avec le sergent POPOV. Ensuite ce sera au tour de QUARTIERNORD, l'adjudant REICH, SAMARITAIN avec le droïde "MARK74". Je suivrai avec ZACHTCHOUK, le sergent MINSKOVO, le droïde "MARK73G" et Kedi. Il y aura 15 secondes entre chaque escouade. Sécurisez vos objectifs une fois au sol. Les canons mitrailleurs de 40mm du porteur nous serviront d'appui-feu lors de la descente et une fois sur zone. Rapidité ! Encore un fois, c'est le maître mot.
Puis comme pour rassurer les visages fermés qui l'entouraient, elle termina :
- Si vous faites correctement votre boulot tout se passera bien.
À son tour, elle fut attachée à son harnais de largage par un sous-officier qui vérifia chaque homme et chaque droïde méticuleusement. Il termina par Kedi et l'arachno. C'est lui qui avait la charge de lancer la troupe dans l'ordre initialement prévu, il n'avait pas droit à l'erreur.
Mais déjà, un voyant rouge s'alluma dans la soute avertissant que l'objectif était en approche. Pris au piège dans leur harnais de largage, les soldats constatèrent que le porteur tirait plusieurs salves de roquettes tandis que 2 droïdes mitrailleurs faisaient feu depuis les 2 tourelles plaçaient sur ses flancs. En réponse, des projectiles ricochèrent sur le lourd blindage ventral du vaisseau. Les hommes, tendus à l'extrême, attendaient juste avec impatience que le sous-officier actionne les commandes pour les larguer. Une fois sur zone, libérés de leurs entraves, ils pourraient agir comme les combattants qu'ils étaient.
Enfin, le voyant passa au vert et il ne fut plus possible de stopper les événements.
Épisode 03 - Planète Mytonnes - Station radar de Smyrne - Les choses se compliquent
Un échos venait d'apparaître sur l'écran de contrôle. Ce point rouge clignotant fut aussitôt détecté par les programmes d'alerte et redirigé en gros plan sur l'écran général de la salle de contrôle radar. L'opérateur chargé de la zone géographique concernée annonça alors :
- Quadran 75. Échos non identifié. Signature en cours d'analyse. Vitesse de déplacement rapide.
Avant qu'il ne termine, l'officier responsable l'avait rejoint :
- Dans quelle direction ? Vers la cité ?
- Négatif. Il se dirige directement sur le quadran 77... Signature identifiée : vaisseau de type corvette.
- Il va droit sur l'objectif de la mission CAR. Avons-nous des patrouilles pour l'intercepter ?
- En dehors de la patrouille de chasse Fleche 09 qui protège la mission CAR, rien à proximité.
- Bien. Déroutez les patrouilles Flêche 03 et Flêche 04 pour qu'elles rejoignent le quadran 77 au plus vite...
- Attendez Tsubay !
- Quoi d'autre ?
- Quadran 65, 11 échos hostiles viennent de se démasquer. Dix signatures de type intercepteur et 1 de type corvette. Ils se dirigent également vers le quadran 77.
- Des pirates ! Faites décoller les patrouilles Flèches 10 à 15. Qu'avons-nous d'opérationnel en vaisseaux lourds ?
- La patrouille Dague 03 comprenant deux corvettes qui est en approche du spatioport pour atterrir.
L'officier se retourna aussitôt vers un autre opérateur et lui ordonna :
- Annuler l'ordre d'atterrissage pour la patrouille Dague 03. Dites leur de rejoindre immédiatement le quadran 77.
Le sous-officier exécuta l'ordre sans attendre. L'officier retourna à son pupitre de supervision, déclarant à l'attention de toute l'équipe :
- Je préviens l'état-major. Prévenez-moi au moindre changement de situation.
Tandis que les ordres était transmis aux différents vaisseaux amazones, l'officier contacta l'état-major qui transmit son appel à Cassandre.
Une fois informée, celle-ci complimenta l'officier pour sa réaction prompte et efficace mais, afin d'augmenter la force frappe amazone, elle lui demanda de faire décoller l'une des 2 frégates amazones qui étaient stationnées sur le spatioport. Elles étaient justement en état d'alerte afin d'intervenir en cas de problème.
Une dizaine de minutes plus tard, la frégate décollait. Moteurs à pleine puissance, elle se dirigea à son tour vers le quadran 77, tentant de rejoindre les 2 corvettes amazones qui, déroutées quelques minutes auparavant, étaient déjà en chemin.
Cassandre espérait de tout son cœur que cela suffirait pour stopper les pirates dont la mission semblait limpide : exfiltrer l'administrateur renégat. Le timing allait être serré pour que la mission CAR réussisse et puisse s'échapper avant que les vaisseaux ennemis soient sur zone. Elle avait confiance pourtant, connaissant maintenant la valeur des combattants hantariens. Mais son espoir fut de courte durée car l'officier de la station radar la recontacta bientôt :
- Üstsubay, les nouvelles ne sont pas bonnes. Nos vaisseaux n'arriveront pas sur zone avant la 1ère corvette ennemie qui va atteindre l'objectif 30 à 35 minutes avant eux. Par contre nous sommes synchronisés avec le 2ème groupe des 11 vaisseaux hostiles...
- Bien. Il faut espérer que la mission CAR est pris l'objectif et qu'elle tienne bon pendant ce laps de temps. C'est jouable. De plus notre flottille plus imposante va...
- Pardonnez-moi mais je ne partage pas votre optimisme. Il y a un autre problème et de taille : une tempête de sable se dirige droit sur la zone en provenance du Nord. Elle va l'atteindre dans 40 minutes et la bloquer pendant une bonne heure. Plus aucune transmission avec la surface ne sera possible sur le quadran. Par conséquent, dans le cas où leur corvette arrive à atterrir et prend le contrôle de l'objectif, rien ne pourra être entrepris pour la neutraliser.
- Décidément ! Nous n'avons pas la chance avec nous pour la capture de l'ex-administrateur... Avez-vous un retour sur la mission CAR ?
- Aux dernières nouvelles, elle est en cours mais je n'en sais pas plus...
- Tenez moi au courant dès que vous avez des informations. Tout va reposer sur elle maintenant.
- À vos ordres Üstsubay .
Cassandre resta pensive un bref instant. Devait-elle en informer la reine ou attendre que tout soit fini ? Et puis, finalement, n'était-il pas préférable d'abattre l'ex-administrateur plutôt que de risquer de le voir s'échapper ? N'ayant pas de réponse à cette question, elle décrocha un communicateur et demanda une liaison direct avec le palais royal d'Arkadia car seule la reine Lysippé pouvait décider de la conduite à tenir sur ce point précis. En attendant la communication, elle pensa aux combattants qui seraient bientôt isolés de tout et devraient tenir afin de mener leur mission à bien. Aurait-elle le temps de les contacter avec les dernières directives sur la conduite à tenir ? Rien n'était moins sûr...
Épisode 04 - Planète Mytonnes - Poste avancé au N-O de Smyrne - L'assaut
Dès que ses pieds touchèrent la plateforme d'atterrisage, Miléna appuya sur le large bouton placé sur sa poitrine, la libérant automatiquement du harnais de descente. Celui-ci, suspendu à son cable, remonta aussitôt vers la soute du porteur d'assaut. Sur sa droite, l'arachnoM était arrivé au sol dans la même seconde et se libéra à son tour de son harnais. Sans attendre, ses canons de 40 firent feu, saturant de leurs projectiles les positions ennemies repérés. Miléna et les 2 droïdes MAKR-73, qui s'étaient posés au même moment, s'abritèrent aussitôt derrière la tourelle éventrée d'un canon léger de DCA. Des projectiles hostiles ricochèrent sur le blindage noirci. Au dessus d'eux, les canons des tourelles latérales du porteur continuaient de cracher leurs projectiles sur les structures de défenses du poste avancé.
"Rapidité !"
L'ordre du lieutenant NAUX résonnait encore dans sa tête. Elle bondit :
- En avant ! Direction la poterne ! Ordonna-t-elle à l'attention des 2 droïdes.
Ils bondirent vers la porte verrouillée, rafalant à leur tour vers les meurtrières d'où quelques tirs sporadiques tentaient de les stopper. Tout proche, l'arachno se mit à progresser également sans cesser de mitrailler les meurtrières hostiles. Derrière eux, le 2ème groupe d'assaut atterrissait appuyant déjà de ses armes leur progression. Aussitôt arrivée à la porte, Miléna plaça une charge explosive à hauteur du verrou. Elle annonça en s'éloignant le long du mur :
- Attention ! Explosion à mon signal.
Les 2 droïdes la suivirent aussitôt, faisant écran de leur corps afin de protéger Miléna d'éventuels éclats.
- Déclenchement.
L'explosion retentit, suivie d'un nuage de poussière et de sable qui masqua un cours instant la scène. Un léger siflement dans les oreilles, Miléna ordonna encore une fois :
- 2.28.14 aider pour ouvrir cette porte. 2.27.29 en couverture.
Avec l'aide du droïde, elle réussit ainsi à faire glisser la porte qui s'ouvrit sur un mur aveugle mais démasquait un large couloir qui partait sur la droite et sur la gauche, longeant le mur extérieur. Aucunement surprise ; elle avait étudié les plans des batiments et savait à quoi s'attendre ; elle cria de nouveau :
- En avant ! 2.28.14 à droite tir de saturation et 2.27.29 à gauche tir de saturation. Ne leur laissons pas le temps de se reprendre !
En espérant qu'ils n'ont pas d'armes lourdes dans tous ces angles morts, continua-t-elle pour elle-même.
Mais cette fois, la chance était avec eux et rien ne répondit aux tirs des 2 droïdes. Seuls 2 cadavres allongés sur le sol indiqués que des hommes se trouvaient là peu de temps auparavant. À l'extérieur, les tirs hostiles avaient considérablement diminués d'intensité et déjà le 2ème groupe d'assaut de l'adjudant REICH les rejoignait :
- Beau boulot sergent. Le lieutenant arrive sur mes talons pour la suite de l'action. Rien à signaler ici ?
- Rien mon adjudant.
- OK...
L'adjudant fut interrompu par le lieutenant qui arrivait avec le 3ème groupe d'assaut :
- Bien. Nous sommes entrés dans la place. C'est une bonne chose. Reste à capturer l'objectif. Nous sommes pris par le temps car je viens d'avoir l'information comme quoi un vaisseau pirate arrivait par ici. Certainement de l'aide pour évacuer notre cible. De plus, une tempête de sable se dirige droit sur nous... Par conséquent voici les instructions pour la suite :
> 1er : le porteur évacue la zone, nous n'aurons plus son appui dans l'immédiat.
> 2ème : nous faisons entrer l'arachnoM. Les couloirs sont assez larges ici pour qu'il soit à l'abri.
> 3ème : nous bloquons cette porte. Ce qui signifie : personne ne rentre, personne ne sort.
> 4ème : nous avancons groupé pour trouver la cible.
> 5ème : une fois la cible prise, nous finissons de sécuriser l'avant-poste en entier.
Des questions ?
- La cible doit-elle être prise vivante comme prévue initialement ? Demanda l'adjudant.
- Affirmatif. Cela m'a été confirmé. Les ordres sont formels. La cible doit être prise vivante et livrée aux Amazones. Quoi d'autre ?
- ...
- Bien. Nous reformons les 2 groupes de la section immédiatement. Sergent, laissez 2 droïdes ici, le MAKR-74 et un MAKR-73. Avec le reste de votre groupe partez en pointe par le couloir de droite et suivez l'itinéraire prévu. Avancez rapidement, je suis derrière pour sécuriser si nécessaire. Mon adjudant : fermer cette porte, soudez là, bloquez là... Faites comme bon vous semble. Prenez toutes les dispositions nécessaires pour qu'elle soit définitivement close. Je vous laisse les 2 droïdes du sergent, QUARTIERNORD et l'arachno pour verrouiller cet accès et le garder. Le reste du groupe me suit.
- Reçu lieutenant ! Répondirent les 2 sous-officiers à l'unisson.
Aussitôt Miléna, laissant 2 de ses droïdes sur place, repartit de l'avant, progressant dans le dédale des couloirs de la station avancée amazone. Derrière elle, le lieutenant suivait avec le reste de son groupe et Kedi qui, cette fois encore, ne la quittait pas d'une semelle. Il ne fallait pas trainer si ils voulaient accomplir leur mission avant que des éléments extérieurs ne viennent tout compliquer.
Derrière eux la porte avait été hermétiquement refermée et barricadée afin que nul ne puisse entrer ou sortir. La voie d'accès était dorénavant close comme pouvait l'être un tombeau.
Épisode 05 - Planète Mytonnes - Vaisseau pirate "Darksnow" - Contrat d'exfiltration
Sur la passerelle de la corvette Darksnow, le capitaine Drachen exultait. Un contrat facile payé rubis sur l'ongle ! Que rêver de mieux pour un pirate avide comme lui.
Le matin même, il avait été contacté via le réseau pirate par une haute personnalité amazone qui souhaitait fuir cette planète. Fin négociateur, il avait flairé le gros poisson et aussitôt imposé des conditions faramineuses : 2 millions de crédits et 100k d'épice. Bien lui en avait pris. Son commanditaire n'avait même pas discuté et avait accepté les conditions sans sourciller. La moitié de la somme était déjà payée, le reste le serait une fois la mission remplie. Depuis, Drachen jubilait. C'est sans doute son plus gros coup depuis qu'il était à son compte. Avec cette histoire, il pourrait bientôt acheter 2 frégates suréquipées voir même un destroyer léger ! Avec sa flotille actuelle de 5 corvettes et de 30 intercepteurs, cela aurait fier allure.
Affalé dans son fauteuil de pacha, il arborait un large sourire qui déformait son visage balafré. Sa bonne humeur avait même déteint sur les hommes de son équipage et certains en étaient presque arrivés à chantonner en s'équipant. Tous étaient persuadés que la mission était déjà finie avant d'avoir commencée. Leur capitaine n'avait-il pas annoncé :
- On arrive. On se pose. On débarque. On rembarque avec le gars. On décolle. On rentre.
Par conséquent, pour tous, c'était juste une formalité.
La corvette avait pénétré l'atmosphère par un quadran qui n'était pas couvert par le contrôle radar amazone. De là, elle avait collé au terrain afin d'échapper le plus longtemps possible au radar pour se diriger droit vers l'objectif : un avant poste amazone au N-O de la cité. Les radars pirates laissés en orbite n'avaient rien détecté d'anormal avant qu'elle arrive à 10 minutes de l'objectif.
- Capitaine ! Détection radar en provenance de la cité amazone : 2 corvettes, 1 frégate et une quinzaine de chasseurs en approche de notre objectif.
- OK. Ils sont à quel distance ?
- À l'allure où ils vont nous arriverons 30 minutes avant eux mais ils vont tomber sur notre force de soutien.
- OK. Déroutez la vers le Nord...
- En plein dans la tempête de sable !?
- OK. Déroutez la à l'Ouest. La tempête sera sur nous quand ?
- Dans 20 minutes.
- Bien !
Drachen, se leva brutalement :
- Fini la rigolade. On reste concentré sur l'exfiltration du client. Nous avons 10 minutes. Si nous faisons ça correctement, tout va bien se passer.
Il réajusta sa tenue puis quitta la passerelle pour rejoindre les soutes. À la douzaine de combattants qui attendaient, il donna les même consignes et conclut par :
- De toutes façons, étant le seul à pouvoir identifier le client, je viens avec vous.
Dix minutes plus tard, la corvette descendait doucement pour se poser sur la plateforme de l'avant-poste. Plusieurs signes semblaient indiquer que, finalement, le contrat ne serait sans doute pas aussi simple à remplir : pas de comité d'accueil, une tourelle DCA détruite, la porte d'accès verrouillée et des impacts un peu partout sur les murs...
Alors que Drachen demandait à ses hommes de faire sauter la porte, un déluge de projectiles s'abattit sur eux. Ils durent rembarquer ou se mettre à couvert précipitamment, laissant 3 des leurs allongés sur le sol. Perdant soudain son calme et sa bonne humeur, Drachen contacta la passerelle et ordonna :
- Activez la tourelle n°1. Pulvérisez-moi cette porte qu'on en finisse.
Épisode 06 - Planète Mytonnes - Poste avancé au N-O de Smyrne - Aide inattendue
Stavros avait été cueilli au saut du lit. Il avait juste eu le temps d'enfiler un pantalon par dessus sa combinaison désert avant d'être amené dans la salle de repos qui jouxtait la pièce sécurisée du contrôle de la station. Là, il avait été poussé brutalement et une voix féminine lui avait ordonné :
- À genoux et les mains sur la tête.
Il s'était aussitôt exécuté sans piper mots. Du coin de l'œil, il avait remarqué que la plupart de ses collègues étaient dans la même posture que lui ainsi que l'administrateur et 3 de ses gardes du corps. Ces derniers, arrivés la veille, avaient pris possession des lieux d'authorité. Connaissant leur brutalité, Stavros, tout comme ses collègues, avait continué son travail espérant qu'ils quittent les lieux rapidement. C'était maintenant pratiquement fait suite à l'attaque éclair de ce commando inconnu qui, à son tour, avait pris le contrôle de la station. Finalement, lui et ses collègues étaient soulagés.
À ses côtés, il constata que l'administrateur avait été ligoté ce qui semblait particulièrement l'énerver. Véhément car commençant à ressentir le manque d'épice, il interpelait ses gardiens de plus en plus bruyament. Passablement excédée par ce vain comportement, l'officier commandant ordonna à l'un de ses hommes :
- Sergent, bâillonnez le... C'est insupportable !
Le soldat interpellé, fit un signe à l'un des robots tout proche qui l'aida en maintenant le prisonnier. L'administrateur continua de vociféré à travers le bayon mais se calma très vite, au bord de l'asphyxie.
Des robots, c'était complètement nouveau pour Stavros et encore plus l'énorme félin qui suivait l'officier comme son ombre. Et puis l'armement lui était totalement inconnu. Bref, tout montrait que cette troupe n'était pas amazone.
- Des mercenaires peut-être... Non. Ce sont des militaires. Ils ne travaillent pas pour l'argent... L'officier en particulier...
Toujours du coin de l'œil, Stavros scruta de nouveau l'officier qui s'était éloigné pour répondre à une communication. C'était une femme d'1m68 tout au plus, à la chevelure rousse et au visage grave caractéristique d'un meneur d'hommes. Ce visage, balafré par 3 cicatrices légères qui partaient du front pour s'arrêter à la pommette droite, possédait 2 yeux marrons qui vous transperçaient quand ils se posaient sur vous. Tout en elle indiquait clairement qu'elle savait quoi faire et quand le faire.
Il s'autorisa à l'étudier plus précisément comme un homme peut le faire avec une silhouette féminine. Malgré l'uniforme, il put constater qu'elle n'était pas déplaisante à regarder. Quelques courbes et rondeurs bien proportionnées apparaissaient au gré de ses mouvements.
- Une femme comme je les aime, pensa-t-il en souriant.
Tout à sa contemplation, il fut brutalement interrompu par le sergent qui s'approcha de lui.
- Qu'est-ce qui te fait marrer toi ? L'apostropha-t-elle.
Surpris par la question, il regarda le sol, espérant que l'orage passe. Son rêve fut exhaussé lorsqu'une explosion toute proche ébranla la structure du bâtiment. Toute l'assistance se tendit. L'officier, qui s'était rapprochée entre temps, ordonna dans son communicateur :
- Ils ont détruit la porte ! Cela ne sert à rien de rester mon adjudant. Sauvez vos hommes et repliez-vous vers nous... Si nous n'arrivons pas à les bloquer nous sommes fichus... Le mieux serait de détruire leur vaisseau ou tout du moins de les attaquer à revers...
Sans réfléchir mais les mains toujours sur la tête, Stavros se redressa et l'interrompit :
- Mada... Officier ? Je peux vous aider.
- Tais-toi, répliqua aussitôt le sergent qui faisait déjà mine de le frapper.
- Attendez sergent ! Laissez-le parler.
- Merci... Puis-je me lever et baisser les mains ?
- OK, lui répondit l'officier en plantant son regard dans le sien comme si elle le jaugeait.
Tandis qu'il se levait, le félin s'interposa entre elle et lui.
- Tout doux Kedi. Pas de bêtises, dit l'officier d'une voix douce.
L'animal grogna mais ne bougea pas. Il s'assit simplement sur ses pattes arrières en regardant Stavros lequel, impressionné, déglutit plusieurs fois avant de pouvoir parler :
- Je suis l'Astsubay en 1er Stavros commandant cet avant-poste amazone. Je n'ai jamais renié mon serment à la Reine Lysippé et suis prêt à la servir de nouveau dès maintenant. Si vous voulez ralentir les assaillants qui nous attaquent, il faut déployer les cloisons blindées dans les couloirs. Si vous souhaitez les attaquer à revers, il existe un sas dérobé qui permet de sortir sans être vu...
- Vous avez l'air de connaître l'endroit Stavos mais puis-je vous faire confiance ?
- Vous pouvez. Beaucoup d'entre nous sont restés fidèles à notre reine.
- Je comprends... Puis, comme si elle avait pris sa décision, l'officier se présenta à son tour : Je suis le lieutenant Slaine NAUX de la nation hantarienne. Mon unité, actuellement au service des Amazones pour la Reine Lysippé, a reçu l'ordre de capturer l'ex-administrateur ici présent suite à sa fuite de la cité de Smyre qui est depuis hier pacifiée et de nouveau contrôlé par la reine. Si vous voulez nous aider c'est maintenant. Afin de montrer votre bonne fois, veuillez ouvrir l'accès à la salle de contrôle et déployez les cloisons auxquelles vous avez fait allusion.
L'œil interrogatif de Stavros, incita Slaine à poursuivre :
- Allez-y, je vous suis. Ne vous inquiétez pas pour Kedi, il ne bougera pas.
Stavros quitta donc la pièce suivi par le lieutenant et un droïde qui leur emboîta le pas. Il déverrouilla la porte à l'aide de son code personnel et, une fois dans la salle, rejoignit son pupitre pour activer plusieurs procédures de sécurité. Sur l'écran de contrôle où s'afficha le plan de l'avant-poste, plusieurs indicateurs rouges schématisant de lourdes portes apparurent dans les 2 couloirs latéraux de l'entrée principale. Dix furent ainsi déployées. Au même moment, un homme apparut dans l'embrasure de la porte :
- Lieutenant, j'ai ramené la troupe comme demandé. L'arachno est positionné dans le couloir afin de sécurisé l'accès à ces 2 pièces... Des problèmes ici ?
- Ici tout va bien mon adjudant. Comme vous le voyez nous avons trouvé de l'aide... Vous avez vu combien ils étaient à l'extérieur ?
- Une vingtaine tout au plus mais ils ont posé leur vaisseau. Il est armé et peut occasionné de gros dégâts...
- Il leur faudrait l'armement d'un destroyer ou d'un croiseur, le coupa Stavros. Ils ne sont pas prêts de détruire ce poste avancé, je vous le promets. Les murs sont d'une épaisseur incroyable. Ils ont l'habitude de résister aux ouragans de sable depuis des dizaines d'années.
- Je veux bien vous croire Stavros, répondit Slaine, mais je préférerais savoir ce vaisseau hors d'état de nuire... Mon adjudant, qu'en pensez-vous ?
- Nous pouvons essayer de les bousculer. Avec la tempête qui arrive cela les inciterait à partir. Une bonne action commando devrait suffire. Mais il faut pouvoir sortir...
- Il existe une sortie par un tunnel caché. Elle aboutit à une cinquantaine de mètres dans le désert, à gauche de la plate-forme d'atterrissage...
- Montrez nous cela sur vos plans, répondit Slaine intéressée. Avec une bonne diversion pour les occuper, un groupe de 5 individus pourraient les prendre à revers et leur faire lâcher prise.
L'adjudant et le lieutenant se rapprochèrent alors de Stavros afin d'étudier rapidement la configuration et les axes possibles de progression.
À l'extérieur, pendant que la tempête se rapprochait, l'armement principal de la corvette pirate continuait de matraquer sans relache les murs épais de l'avant-poste.
Épisode 07 - Planète Mytonnes - Poste avancé au N-O de Smyrne - Contre-attaque
Slaine rampa jusqu'à un bloc de granite et put à loisir observer la plateforme de l'avant-poste sans être vue. À ses côtés, Kedi ne la quittait toujours pas d'une semelle.
Là-bas, l'adjudant avec le groupe du sergent POPOV avait réoccupé les postes de défense et, appuyé par une poignée de soldats amazones ralliés, faisait le coup de feu. C'était sa mission : capter l'attention des pirates et les fixer. Cela fonctionna à merveille car les assaillants redoublaient d'effort pour tenter de pénétrer dans la station.
Pendant qu'elle observait l'ennemi, le caporal ZACHTCHOUK l'avait rejointe accompagnée par QUARTIERNORD et SAMARITAIN. Derrière eux, l'arachnoM restait tapis dans le boyau qui les avait amené jusqu'ici, comme une araignée à l'affût. Sans un mot, elle indiqua les endroits où elle souhaitait les voir se poster. Quand tous furent en place, elle appuya 4 fois sur l'interrupteur de son communicateur déclenchant ainsi le signal. Immédiatement, l'arachnoM sortit de son trou et se dirigea vers la station, arrosant la corvette ennemie de ses 4 canons de 40mm. Pour les pirates, ce fût la consternation. D'où pouvait bien provenir cette "araignée" hostile et solitaire ? Alors qu'ils réorientaient leur feu vers elle, le groupe du lieutenant ouvrit le feu à son tour, les obligeant à baisser la tête. Le flottement s'installa un peu plus dans les rangs pirates qui se retrouvaient pris entre deux feux. Un instant, la partie sembla gagné pour les Hantariens. Un instant seulement car l'une des tourelles de la corvette fut pointée vers le désert et commença à riposter aux tirs de l'arachnoM qui continuait d'esquiver tout en mitraillant tel un papillon de nuit virevoltant autour d'une flamme. Il avait 2 atouts principaux face à la corvette : ses munitions qui traversaient les boucliers d'énergie et la possibilité de tirer en se déplaçant. Déjà, on pouvait voir des impacts sur le blindage du vaisseau. Ce jeu du chat et de la souris dura plusieurs minutes, les tirs de riposte s'organisant au gré du repositionnement des advsersaires qui se déplacaient pour se protéger au mieux. Malheureusement la chance passa du côté pirate : un tir mieux ajusté que les autres souleva l'arachnoM et le retourna. Sur le dos, incapable de se redresser dans le sable, il était maintenant à la merci d'un nouveau tir qui pouvait le détruire. Sans réfléchir, Slaine se précipita vers l'arachnodroïde.
- Non ! Il faut qu'il continue de tirer sinon tout est perdu !
Derrière elle, Kedi bondit à son tour pendant que les tirs du groupe 3C-CDT tenter de couvrir leur progression. Il la rejoignit tandis qu'elle s'agenouillait près de l'arachnoM.
- Pour nous sauver tous ! Le coupa-t-elle énervée.
Autour d'eux, les projectiles hostiles les encadraient, soulevant des gerbes de sable. Par 2 fois la tourelle ennemie tira sur eux sans réussir à les atteindre. Réfléchissant à toute vitesse, Slaine trouva la solution. Elle actionna l'éjection du blindage dorsal de l'araignée métallique et la bonne vieille loi "action - réaction" fit son œuvre. L'arachno se retrouva sur ses pattes ouvrant de nouveau le feu sur la corvette pirate dont il se rapprocha un peu plus. Laissant Slaine et Kedi pour quantité négligeable, l'ennemi concentra ses tirs sur lui, détruisant l'un de ses canons. Avec les 3 restants, l'arachno concentra son tir sur la tourelle qui l'avait râté de peu juste avant. Les Hantariens virent les projectiles mordre le blindage finissant par le hacher. Une légère fumée sortie de la tourelle dont la cadence de tir ralentit soudainement. De quelques rafales bien ajustées, l'araignée métallique la musela définitivement.
Grâce à cette petite victoire, le feu hantarien redoubla d'intensité, obligeant les pirates à se protéger. Plusieurs d'entre eux durent même remonter à bord du vaisseau pour trouver un abri sûr.
Brutalement, comme pour se rappeler aux bons souvenirs de tous, le vent augmenta d'intensité, cinglant les hommes de sable arraché aux dunes alentours. La tempête arrivait et pour les pirates se fût la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Sans plus attendre, les derniers qui combattaient encore rembarquèrent précipitamment, abandonnant les corps de leur morts. Pour eux, mieux vallait survivre que de risquer leur vie pour une mission qui ne pouvait plus être menée à bien. Quelques secondes plus tard, moteurs à pleine puissance, la corvette s'arracha du sol ajoutant du sable à celui que la tempête amenait maintenant par rafale. Elle se stabilisa une fraction de seconde avant de disparaître dans le ciel.
La joie des vainqueurs fut brève car la tempête était là et il était maintenant impératif que le groupe 3C-CDT se mette à l'abri. La situation était critique pour Slaine et Kedi qui, isolés, n'arrivaient plus à s'orienter dans la nuée de sable qui tourbillonnait autour d'eux.
- L... nant !
Était-ce un appel ou seulement le hurlement du vent ? Slaine s'accrocha à l'échine de Kedi qui affrontait bravement la tempête, essayant de progresser dans la tourmente. En vain. Elle tomba à genoux les deux mains toujours crispées dans les poils du grand félin. La tête lui tourna, elle essaya de respirer à fond sans y parvenir.
- Tu... crois ? Sûr Kedi ? Envi de vomir... Mes yeux... Mal ! Il faut que j'enlève ce masque... ces lunettes !
Kedi la plaqua au sol, l'empêchant d'ôter ses protections. Sous lui, il la sentit suffoquer et gigoter un instant puis elle se détendit. Il saisit alors dans sa gueule l'une des sangles du harnais de Slaine et la traina dans le sable qui les engloutissait presque. Juste devant eux, entre deux évanouissement, Slaine distingua une masse sombre. Pensant l'atteindre, elle se releva pour s'y précipiter mais tomba dans une chute vertigineuse qui la laissa vidée, sans force. Tout se brouilla. Où était-elle ? Finalement, une lueur aveuglante perça l'obscurité. Le calme régna soudainement sans qu'il n'y ait plus aucun signe de la tempête. Suspendue dans le vide, elle flottait dans cette lumière qui lui perforait l'âme, l'obligeant à fermer les yeux. Un mal de tête effroyable partant des ses globes occulaires se propagea dans son lobe frontal. Sa tête sembla exploser sous la douleur. Derrière elle, elle ressentit les battements lents d'un coeur gigantesque, comme si l'univers tout entier était là, à lui irradier le dos. La douleur étant trop intense, elle essaya de fuir sans y parvenir, retenue par d'innombrables mains invisibles :
- Laissez-moi tranquille !
Aucune réponse. Elle ferma encore plus intensément les yeux mais la lumière traversa ses paupières. Elle hurla de nouveau :
- J'ai mal !
Une voix famillière et apaisante lui répondit :
- Slaine ! Je suis là. Slaine, tu m'entends ?
Épisode 08 - Quelque part dans l'univers - La destinée de Slaine
Slaine ouvrit les yeux. Plus aucune douleur ne la torturait. Elle se redressa et constata qu'elle était allongée au pied d'un grand arbre au beau milieu d'une clairière. Tout était calme est paisible. Un soleil printanier accompagné d'une douce brise inondait la scène.
Elle connaissait l'endroit, elle en était certaine. Elle cligna des yeux, cherchant dans ses souvenirs confus. Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, une voix l'interpella :
- Bienvenu Slaine. Heureux de te retrouver ici.
Elle se retourna d'un bloc et se retrouva face à face avec un griffon majesteux. Ses ailes étincellantes repliées sur le dos, il avança vers elle sans agressivité, la fixant intensément de ses yeux flamboyants.
Instinctivement, elle chercha l'une de ses armes qu'elle avait l'habitude de porter mais n'en trouva aucune. Ses doigts ne rencontrèrent que le léger coton d'une tunique blanche. Elle adopta une position défensive, prête à en découdre si il le fallait.
- Je suis donc si différent que cela pour que tu ne me reconnaisses pas ?
Elle resta interloquée une fraction de seconde avant de répondre :
- K... K... Kedi ?
- Lui-même. Je suis heureux de t'accueillir dans mon domaine, Slaine.
- C'est... Ca y est je me souviens ! Oui ! La clairière où nous nous sommes rencontrés ?
- Exact. Mais pas sur la même planète et pas dans le même univers.
- C'est incroyable ! Mais... Pourquoi suis-je ici ? Que sont devenus les autres ? La mission ? Cela... Cela signifie-t-il que je suis morte ?
Une foule de questions lui venait à l'esprit. Rassurant, Kedi inclina la tête :
- Non. Tu n'es pas morte. Cela viendra un jour mais ce n'est pas aujourd'hui...
- Alors pourquoi suis-je ici ?
- Tu es ici parce que tu as une destinée et ton passage était nécessaire ainsi que notre rencontre. Tu dois accomplir de grandes choses et influer sur la destinée de ton peuple et du mien. C'est nous qui avons dérouté ton arche dans cet univers. Ta mission sur la planète Mytonnes était nécessaire car elle est la seule, avec son atmosphère saturée d'épice, qui pouvait permettre ce contact.
- "Nous" ? Vous êtes plusieurs ?
- Oui nous sommes nombreux et nous suivons depuis longtemps la destinée de ton peuple. Tout est déjà écrit. D'ici peu, mon peuple va être attaqué par les Zandowzhans tout comme vous l'avez été. Vous n'en avez pas conscience mais lors de votre affrontement avec eux vous avez été à deux doigts de les vaincre grâce à une technologie que vous n'avez pas pu développer. Cet embrion de technologie est maintenant sauvegardé dans vos archives. Nous maîtrisons les recherches pour la développer mais non n'avons aucune idée de ce quelle est vraiment. C'est pourquoi vous devez nous l'apporter en nous rejoignant...
- Mais je n'ai aucune idée de ce dont tu parles ?
Autour d'eux, la lumière baissa d'intensité subitement.
- Je n'ai plus assez de temps pour maintenir ce pont qui nous relie... Tu risquerais de mourir si cela dure trop longtemps... Tu dois me faire confiance comme tu l'as déjà fait... Il faut déjà que tu retrouves les tiens... Je vais... J'insufle les coordonnées de notre univers dans tes souvenirs et je... je vais te projeter dans un rêve... Tu as quelques minutes pour prendre contact avec lui...
Tandis que la lumière baissait encore un peu plus, une douleur aigue traversa le front de Slaine. Foudroyée, elle réussit tout de même à articuler :
- Kedi ! Je... Je ne comprends rien... Que dois-je faire ?
- Parle-lui ! Indique lui où tu te trouves... Vous retrouvez... Lui aussi fait parti de l'équation... Je serai toujours à tes côtés... Garde confiance...
- Mais parler à qui ?
- Parler à...
Le lien se rompit brutalement et Slaine se trouva projeté encore une fois dans un dédale vertigineux.
Épisode 09 - Quelque part dans l'univers - Nouvel espoir pour Zak
Zak avait suivi le combat sans pouvoir y participer. Bien que tout se soit déroulé au mieux pour les Hantariens, une angoisse sourde ne cessait de le tourmenter. La tempête ! Depuis le début de l'action, tandis qu'il suivait les combattants comme un reporter invisible, il la sentait gonfler et se rapprocher inexorablement. Tous les protagonistes étaient en danger, c'était une certitude. Cela se confirmait maintenant tandis que le vaisseau ennemi décollait. Le vent s'était levé tout à coup, noyant la scène dans un brouillard de sable qui malmenait les hommes. Impuissant, il avait constaté que Slaine ne pouvait rejoindre l'abri tout proche : le boyau de secours par lequel son groupe avait attaqué. Cramponnée à l'animal qu'elle appelait Kedi, elle disparaissait inexorablement de sa vue sans qu'il puisse intervenir. Spectateur impuissant, il serra les poings à s'en faire exploser les phalanges et hurla à plein poumon. Elle ne l'entendit pas et disparut tout à coup. Désespéré, il erra un moment comme une âme perdue.
Il avait la gorge nouée, prête à exploser sans qu'aucun sanglot ne la franchisse. Cela dura un long moment avant qu'il ne sorte de la tempête, se retrouvant tout en haut d'une dune gigantesque. À perte de vue le sable du désert ondoyait sous le soleil brulant. Au loin, la tempête disparaissait à l'horizon. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi avait-il assisté à cette action ? Dormait-il ? Était-ce encore un rêve ? Un fantasme ? La réalité ?
- Mais que fais-je encore ici ? S'interrogea Zak à haute voix.
Alors qu'il n'attendait pas de réponse, il entendit Slaine criait dans son dos :
- Zak ! Zak !!! C'est bien toi ?
Il se retourna aussitôt et vit sa bien-aimée qui se précipitait vers lui les yeux remplis de larmes.
- Slaine !!!
À son tour, il courrut vers elle. Enfin, il l'avait retrouvé et elle était saine et sauve. La peur qui l'avait étreint jusqu'alors s'envola.
Au moment où il pensait la serrer contre lui et où elle espérait se blottir dans ses bras, leur 2 corps ne rencontrèrent que du vide et se traversèrent tels 2 spectres. Continuant leurs courses, il se retournèrent et se regardèrent dépités. Encore une fois le sort s'acharnait sur eux. Résignés, ils se rapprochèrent lentement pour se retrouver à quelques centimètres l'un de l'autre mais sans espoir de se toucher. Zak restait sans voix, contemplant sa bien-aimée qu'il pensait avoir perdue. Devant lui Slaine, séchant ses larmes, lui parla sans attendre :
- Mon amour... Je ne pense pas avoir beaucoup de temps. Je suis en vie et je dois te faire passer un message... Il faut me... nous retrouver. C'est impératif ! J'ai une mission... Je t'expliquerai plus tard mais pour le moment...
Déboussolé par de tels propos alors qu'ils venaient de se retrouver, Zak la coupa :
- Mais que racontes-tu ? Je ne comprends rien ?
- S'il te plaît ! L'implora-t-elle car déjà sa silhouette s'estompait et devenait de plus en plus transparente. Tu dois me chercher et me trouver. Galaxie Pégasus - Système Banan - Planète Torrtur... Je serai là à t'attendre...
Ce fût ses derniers mots avant que son image ne disparaisse.
- Slaine !!! Attends ! ... Je te retrouverai ! Je te le jure !
Zak se réveilla en hurlant, dressé dans la couchette de sa cabine à bord de la frégate Kalinka. Le coeur battant et le dos moite de sueur il regarda autour de lui. Seul. Il était bien seul et n'avait fait que rêver.
- Bordiou de merde ! Hurla-t-il énervé en faisant voler la couverture à travers la cabine.
Le moral de nouveau en chute libre, il se leva pour avaler 2 cachets contre le mal de tête qui lui broyait déjà les tempes. Il savait qu'il devait se calmer et reprendre le contrôle de lui-même. Peu à peu, son cerveau reprit le dessus pour analyser ce qui venait de se passer et entrevoir toutes les possibilités. Ce rêve semblait tellement réel qu'il voulait y croire.
Sous la douche, il se remémora les derniers mots prononcés par Slaine :
Galaxie Pégasus - Système Banan - Planète Torrtur... Après tout ! Je n'ai rien à perdre et ça vaut le coût d'essayer. Si cette galaxie existe je vais la trouver et je l'explorerais de fond en comble.
Ayant fini de se laver, il s'habilla rapidement puis sortit de la cabine, se dirigeant vers la passerelle de la frégate bien décidé à mener à bien l'objectif qu'il venait de se fixer.
Épisode 10 - Planète Mytonnes - Poste avancé au N-O de Smyrne - Porté disparu
- N'oublie pas Slaine, suis le cours de ta vie et nous nous retrouverons bientôt... Je serai toujours à tes côtés...
La voix de Kédi s'estompa soudain et Slaine se retrouva de nouveau propulser à travers l'espace pour se retrouver finalement dans son propre corps. Reprenant conscience d'elle-même, le réveil fut douleur car elle sentait de nouveau tout le poids de son corps qui pesait sur le léger matelas d'une couchette. Une nausée lui tenailla soudain l'estomac. Incapable d'ouvrir les yeux, elle tenta de se redresser. En vain. Au dessus d'elle, elle reconnut des voix famillières :
- Nous avons eu de la chance de la retrouver... Vous pensez que les effets de l'épice vont durer encore longtemps ?
- Oui et non adjudant REICH. Les effets en sont décuplés car elle n'a pas l'habitude d'y être exposer mais tout va rentrer dans l'ordre rapidement.
- J'espère que vous avez raison Astsubay Stavros. Elle est toujours dans les pommes et j'aime pas ça. N'empêche... Nous avons vraiment eu de la chance de la retrouver à l'abri de l'arachno...
- Attendez ! Elle vient de bouger !
Les 2 sous-officiers s'accroupirent au chevet Slaine. L'adjudant REICH lui saisit la main qui venait encore de tressaillir :
- Lieutenant NAUX ! Vous m'entendez ? Si "oui" serrez-moi la main.
Slaine s'exécuta faiblement réussissant à remuer ses doigts entre ceux de l'adjudant. Puis, elle ouvrit les yeux lentement.
- Bravo lieutenant ! Content de vous voir revenue parmi nous.
Faisant un effort presque surhumain, Slaine réussit à articuler :
- K... Ked... i ?
- Désolé lieutenant... Il a disparu... Nous ne l'avons pas retrouvé. Il vous a pourtant sauvé la vie en vous fourrant entre les pattes de l'arachno...
Électrisée par cette annonce, Slaine essaya de se redresser mais les murs se mirent à tanguer autour d'elle. Elle s'accrocha aux bras des 2 sous-officiers qui l'encadraient et murmura d'une faible voix :
- Vomir...
L'adjudant lui tendit aussitôt un récipient dans lequel elle vida plusieurs fois le contenu de son estomac. À côté d'elle, l'Astsubay tenta de la rassurer :
- Ne luttez pas. Il faut vous vider du sable que vous avez ingurgité.
Cela dura de longues minutes douloureuses durant lesquelles Slaine se demanda si son estomac n'allait pas se retourner et lui sortir par la bouche.
- Ca va aller lieutenant. Tenta de la rassurer REICH qui essayait de se rassurer en même temps.
Finalement, plus rien ne sortit. Elle respira un grand coup et elle osa poser les pieds sur le sol mais préféra rester assise encore un peu. Elle commençait à avoir les idées plus claires et poursuivit son interrogatoire :
- Vous avez bien cherché ? Impossible de le retrouver ?
- Oui lieutenant. Nos recherches ont été vaines et avec tout ce sable... Mais nous avons récupéré l'arachno. Le sergent POPOV travaille dessus pour qu'il retrouve ses capacités optimales.
- OK, répondit Slaine d'une voix blanche. Et les pirates ? Finit-elle par articuler.
- Nous sommes tranquilles de ce côté là : ils ont fui. L'avant-poste et ses alentours sont sécurisés. Nous avons repris contact avec l'EM qui nous a confirmé qu'une escadre était en route pour nous exfiltrer.
- Bien...
Slaine tenta de se lever mais, chancelante, se rassit bien vite.
- Vous devriez-vous reposer un peu madame, conclut l'Astsubay Stavros. Ne vous inquiétez pas, vos hommes et les miens ont la situation bien en main.
Triste et déboussolée, elle acquiesca de la tête et s'allongea de nouveau. Les 2 sous-officiers s'étant redressés, s'éloignèrent pour la laisser seule. Le sergent POPOV les rejoignit et s'adressa à REICH :
- Ça va la lieutenant ?
- Ça va. Elle a subi un choc mais va s'en remettre.
- Je l'espère ! Je ne l'ai jamais vu dans cet état... Il ne faudrait pas qu'elle flanche.
- Pas d'inquiètude sur ce sujet. Elle a de la ressource. Il faut juste qu'elle se repose un peu.
Lui non plus ne l'avait jamais vu comme ça mais, d'expérience, il savait que le lieutenant reprendrait le dessus après s'être reposé. Il jeta un coup d'oeil vers Slaine et constata qu'après avoir fermé les yeux, elle s'était endormie. Rassurés, les 3 sous-officiers repartirent chacun de leur côté : il fallait continuer de gérer la troupe et ne pas lui laisser penser que leur meneur n'était plus opérationnel.
Tandis que Slaine sombrait dans un lourd sommeil réparateur, la voix de Kedi résonna en échos dans sa tête :
Épisode 11 - Planète Mytonnes - Espace aérien au N-O de Smyrne - Combat aérien
Les tirs s'intensifièrent. D'un côté la corvette pirate surarmée, de l'autre les 2 corvettes amazones chargées de l'intercepter. Autour d'elles, une nuée de chasseurs amazones combattait les intercepteurs pirates moins nombreux.
La corvette lourde faisait face sans faiblir, rendant coup pour coup. Possédant un équipage rompu au combat, elle réussit plusieurs fois à esquiver les tirs dévastateurs de ses 2 adversaires. En face, l'impatience gagnait les équipages amazones. Cette corvette était pourtant à leur merci ! Pourquoi n'arrivaient-ils pas à la réduire au silence ? Sans réfléchir, la corvette amazone la plus légère, effectua une embardée, s'écartant ainsi de la protection de son sistership. Mal lui en pris, alors qu'elle réalisait son imprudence et tentait de rallier, la corvette pirate pivota rapidement et fondit sur elle. Par cette manœuvre audacieuse, elle réussit à se positionner au plus près braquant ses 4 tourelles qui envoyèrent aussitôt une bordée. Dans le même instant, elle démasqua 2 sabords desquels jaillir des missiles. La corvette amazone riposta du mieux qu'elle put tentant d'échapper aux traits mortels que lui décochait sans discontinuer l'ennemi. Ses défenses diminuées, des incendies se déclenchèrent bientôt ravageant plusieurs de ses compartiments avant. Heureusement, la corvette pirate dut rompre le combat, esquivant le retour offensif de la 2ème corvette amazone qui se ropprochant, l'accablait de ses tirs à son tour. La corvette blessée put alors se retirer sous la protection de sa sœur et sortir de la zone de combat.
De leur côté, les 2 corvettes restantes reprirent leur jeu du chat et de la souris. Autour d'elles, le combat entre la chasse amazone et les intercepteurs pirates était en passe de se terminer, tournant cette fois en faveur des Amazones. Leur supériorité numérique avait fait pencher la balance et les derniers intercepteurs survivants se repliaient maintenant, laissant la corvette lourde se débrouiller seule.
Résignée, celle-ci tenta une dernière esquive qui lui permettrait de s'échapper définitivement car elle subissait maintenant les attaques la chasse amazone qui l'assaillait de toute part. Les monoplaces étaient bien trop rapides pour être ajustés par des missiles prévus pour détruire des vaisseaux lourds et elle n'était pas équipée de tourelles de défense rapprochée seules capables de les détruire. Ses boucliers au plus bas, les nombreux tirs des armes légères de la chasse commencèrent à labourer son blindage sans qu'elle puisse se défendre.
À bord de la corvette amazone qui continuait le combat, le Tsubay Demis s'impatienta et ordonna :
- Ne les laissons pas s'échapper ! Concentrez toute notre puissance de feu sur leur passerelle. Nous allons bien finir par les réduire au silence.
Dépité d'avoir perdu son ailier, il ne comprenait pas pourquoi les tirs de son vaisseau semblaient impuissants sur l'ennemi.
Sont bien gentils au commandement de nous fournir des corvettes rapides et légères mais face aux pirates nous ne faisons pas le poids ! Bougonna-t-il intérieurement.
Comme pour confirmer cela, la corvette ennemie bien que touchée par plusieurs coups directs, continuait sa manœuvre d'esquive. Elle avait presque atteint son but lorsque, venue de nullepart, une bordée de railguns lourds la foudroya réduisant la moitié de ses tourelles au silence et déclenchant un incendie au niveau de ses compartiments moteurs. Sa vitesse au plus bas, elle continuait pourtant de faire feu avec les 2 tourelles restantes.
Sur la passerelle de la corvette amazone, le sous-officier du contrôle radar annonça :
- Frégate amazone L-92 en approche sur bâbord arrière.
- C'est maintenant que vous le dites ? Vous ne l'avez pas vu avant ? Rétorqua Demis surpris.
- Euh... J'étais accaparé par le combat... Je... Je n'ai pas fait attention...
- Ah mais bravo ! Vraiment bravo ! Nous en reparlerons une fois que tout sera terminé...
Demis décrocha son communicateur pour prendre contact avec la frégate mais une communication entrante l'en empêcha :
- Frégate L-92 à corvette D-133.
Demis répondit :
- Corvette D-133. Tsubay Demis à l'écoute. Parlez.
- Ici Üstsubay Xéna. Vous informe que nous prenons la relève pour destruction de la cible. Vous pouvez évacuer la zone et rejoindre la station pour exfiltration de la mission CAR.
- Bien reçu. Corvette D-133 cesse le combat et évacue la mission CAR.
- Bien pris Tsubay Demis. Terminé.
Immédiatement, la corvette amazone stoppa ses tirs et, escortée de quelques chasseurs, elle prit le large en direction de l'avant-poste qui se trouvait à une dizaine de kilomètres de là. De son côté, la frégate amazone s'approcha encore plus, suspendant le tir de ses railguns. Méthodiquement, son armement secondaire entreprit de détruire ce qui restait de l'armement de la corvette pirate qui continuait de résister.
- Ils ne lâchent rien ! S'exclama le Tsubay Anthony, officier en second de Xéna.
- Vous êtes nouveau et ne les avez jamais affrontés... Évidemment qu'ils ne lâcheront rien ! Ils préfèrent mourir plutôt que de se rendre.
Elle se retourna vers l'officier de tir et ordonna :
- Faisons leur cette honneur. Dirigez les batteries principales sur l'objectif. Qu'elles ne cessent le feu que lorsque la cible sera anéantie.
Quelques secondes plus tard, les projectiles des railguns labourèrent le blindage du vaisseau pirate. Celui-ci ressembla bientôt à un amas de ferraille duquel plus aucun tir ne provenait. Amas qui finit par se briser en deux avant que tout se désagrège en une multitude de débris éparses qui percutèrent le sol tout proche. Aucune capsule de secours ne s'échappa de ses flancs et tout l'équipage disparut avec le vaisseau. La frégate L-92 resta tout de même sur zone, le temps que la corvette D-133 évacue la mission CAR et retourne vers Smyrne, rejoignant sur le trajet du retour l'autre corvette endommagée. De Smyrne parvenait déjà des renforts pour remettre en état l'avant-poste du N-O.
Cette fois, les choses avaient tourné en faveur des Amazones. C'était ça le "jeu" de la guerre : gagner ou perdre tenait parfois à un détail mais aussi plus souvent à "celui qui avait la plus grosse".
Épisode 12 - Planète Mytonnes - Retour vers Arkadia - Donner le change
Tatiana était soucieuse. Bien sûr la ville avait été pacifiée et les pertes étaient minimes. Bien sûr la mission CAR avait atteint son objectif et les prisonniers remis aux autorités locales amazones. Bien sûr. Mais l'entretien qu'elle avait eu avec le lieutenant NAUX à son retour de mission la laissait soucieuse.
Pourtant, après avoir frolé la mort, son lieutenant avait repris sa section en main et tout était rentré dans l'ordre. Enfin dans l'ordre... Pour Tatiana, tout ça n'était que poudre aux yeux. L'échange qu'elle avait eu avec son subalterne lui avait montré une jeune femme fébrile et tendue, surtout lors de l'évocation de la disparition du félin. La jeune femme s'était soudainement crispée et, au bord des larmes, avait eu toutes les peines du monde à continuer leur conversation.
En plus, il était clair que Slaine lui avait caché des choses aux sujets des événements qui s'étaient produits lors de sa disparition. Tout ça empêchait le lieutenant de se libérer. Et puis, pour Tatiana, il y avait plus grave encore : elle avait été incapable de trouver les mots justes pour réconforter son subalterne. Connaissant les antécédents récents de Slaine, elle ne pouvait qu'envisager le pire. Elle le ressentait comme un échec personnel. Elle qui s'était toujours crue capable d'aider les autres en arrivant à les cerner au premier coup d'oeil, avait lamentablement échoué avec Slaine.
De son côté, Slaine donnait le change comme elle le pouvait, espérant que ses hommes et surtout sa hiérarchie la laisse tranquille. Mais elle n'était pas dupe. Toutes ses esquives, tous ses subterfuges ne pouvaient masquer la réalité qu'un temps et bientôt tous comprendraient que le désespoir commençait de nouveau à l'envahir.
Ainsi, même si Slaine essayait de s'en persuader, tout n'allait pas pour le mieux. La profonde déstabilisation émotionnelle qu'avait engendré la disparition de Kedi l'avait remise devant une évidence : elle était seule, seule et impuissante face à tout ce qui pouvait lui arriver. Dans cet état d'esprit négatif comment donner des explications à Tatiana !? C'était impossible... Maintenant, elle s'en voulait d'avoir expédier son supérieur de la sorte mais elle était persuadée qu'elle l'aurait prise pour une folle. De plus, elle ne connaissait pas assez Tatiana pour se confier à elle. Elle restait pourtant émerveillée de ce qui lui était arrivé et d'avoir revu Zak.
- L'épice a permis ce contact, se répétait-elle en boucle. C'est incroyable ! Fantastique !!!
Hélas, rapidement, l'absence de Kedi refaisait surface ramenant son moral au plus bas. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait disparu.
- Cela n'aurait-il pas été mieux de l'avoir à mes côtés pour retrouver l'être qui s'était incarné en lui ?Au final, bien qu'elle ait des moments d'euphorie, cette absence ramenait toujours son moral un plus bas.
- Zak qui me promet de me retrouver... Oui c'est super ! Mais pour le moment je suis seule et ni lui ni Kedi ne sont là...
Ces derniers mois, elle avait tellement pris l'habitude de sentir le fauve toujours à ses côtés que cette absence lui devenait insupportable. Tout lui manquait : leurs échanges, sa présence, son odeur... Tout. Instinctivement, lors de ses déplacements, elle scrutait chaque recoin, s'attendant à le voir surgir de l'ombre pour la rejoindre en l'interpelant. C'était usant. Seuls les devoirs et les responsabilités de chef de section l'obligeaient à ne pas sombrer. Elle se forçait d'autant plus que l'adjudant REICH, percevant sa fragilité, ne la quittait pas d'un pouce remplaçant presque par sa façon d'agir, le félin disparu.
Cela dura plusieurs jours tandis que la morosité gagnait la troupe bloquée sur Smyrne. Puis, l'ordre de retour vers Torrtur fût donné et un soupir de soulagement parcourut la troupe hantarienne : ils allaient retrouver le reste des rescapés et l'avenir ne pouvait être que meilleur avec l'épice qui allait bientôt leur permettre de retrouver leur peuple.
L'embarquement se passa rapidement et, une fois le vaisseau parti et la troupe installée, Tatiana ZEJEWSK appela le commandant BLUTCH depuis la cabine qui lui avait été attribuée :
- Bonjour commandant.
- Bonjour capitaine. Ça y est, vous êtes sur le départ ?
- Oui, nous serons de retour dans quelques jours... Comment cela avance là-bas ?
- Les choses se mettent en place. Je pense qu'enfin une lueur d'espoir se dessine concernant notre avenir.
- J'en suis heureuse !
- Moi également... Sinon comment ça va ? Vous ? Les hommes ?
- Ça va. Les hommes sont heureux de rentrer. La fatigue commençait à se faire sentir et...
- Et ?
- Je ne sais... Concernant... Concernant le lieutenant NAUX... Vous savez... Suite à l'aventure qu'elle a eu, je la trouve tendue, nerveux. Elle semble prête à exploser à tout moment. Je pense qu'il... Enfin...
- Allez-y, continuez.
- Il faut que vous ayez une conversation avec elle à notre retour. Je l'ai sentie fragile lors de notre entretien... Je n'ai pas su trouver les mots... Je ne voudrais pas qu'elle sombre de nouveau dans la dépression...
- Je vous remercie de votre franchise capitaine. Dès votre arrivée, je verrai directement avec elle.
- OK commandant. Je pense qu'avec vous les choses se passeront mieux qu'avec moi... Je n'ai pas su la mettre en confiance. Nous ne nous connaissons pas assez et cela a joué en ma défaveur.
- Pas d'inquiétude, je m'en occupe.
Puis devant la mine sérieuse de son subalterne, Nima enchaîna :
- Capitaine ZEJEWSK ?
- Oui commandant ?
- Allez vous reposer c'est un ordre !
- Merci commandant et à bientôt.
- À bientôt.
La communication se coupa. Dans le vaisseau qui fendait maintenant l'espace, les Hantariens et les Amazones prirent un repos bien mérité.
Épisode 13 - Planète Torrtur - Cité d'Arkadia la nouvelle - Nouvelle amitié
- Aller Slaine, racontez-moi. Dites-moi ce qu'il s'est passé là-bas et ce qui vous tourmente.
Slaine tressaillit. C'était la 2ème fois que Nima l'appelait par son prénom. La 1ère fois, c'était lors de leur arrivée sur cette planète alors qu'elle était au plus mal et avait cherché à mourir. Elle tenta d'ouvrir la bouche puis la referma sans qu'aucun mot ne sorte. Elle jeta un oeil par la fenêtre du bureau du commandant. Le temps était au beau mais elle frissonna. Elle ramena son regard sur le bureau devant elle et tritura fébrilement ses doigts.
- Slaine. Pourquoi te fermes tu ainsi ? Demanda Nima d'une voix posée.
Slaine tressaillit de nouveau. Kedi... Cela faisait longtemps que quelqu'un ne l'avait pas tutoyée ! Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle tenta de les retenir sans succès. Ce fut alors un flot de larmes qui s'échappa de ses yeux et coula sur ses joues.
- Slaine... Murmura tendrement Nima comme une mère à sa fille. Puis, elle se leva, contourna le bureau et la prit dans ses bras. Slaine continua de sangloter plusieurs minutes avant de pouvoir reprendre son souffle. Elle se calma et essaya ses joues mouillées. Nima s'écarta alors légèrement d'elle en la tenant par les épaules :
- Pourquoi es-tu dans cet état ? Racontes moi tout.
Slaine prit alors une profonde inspiration et raconta tout ce qui lui était arrivé lors de la mission CAR et tout ce qui lui était arrivé avec Kedi. C'était la première fois qu'elle en parlait librement à quelqu'un. Pendant tout son récit, Nima ne la quitta pas des yeux et ne montra aucun signe d'impatiente ou de moquerie. Une fois son récit terminé, Slaine attendit craintive les remarques de son supérieur.
- C'est étrange la relation que tu avais avec cet animal. Je connais ça... Depuis mes blessures...
Instinctivement elle toucha le côté de son visage où, caché sous la peau, l'os avait était remplacé par des implants cibernétiques.
- Je peux rentrer en contacter avec les droïdes et les arachno-droïdes sans ouvrir la bouche... J'ai également une endurance et une force décuplée... Mes réflexes sont plus vifs, mes sens plus aiguisés. J'ai même souvent l'impression de me comporter comme un arachno au combat...
Elle sourit pour elle-même et scruta Slaine qui la regardait attentivement.
- Tu vois, tu n'es pas la seule à vivre des choses totalement insensées pour le commun des mortels. Je pense que tout comme moi tu as une destinée particulière qui te fait vivre des choses extraordinaires...
Alors qu'elle s'était mise à marcher de long en large dans le bureau durant son monologue, elle s'arrêta nette sur ces derniers mots et se retourna vers Slaine toujours assise :
- Je crois en ton histoire. Je suis persuadée que nous reverrons le général et que, ayant ton message, il va tout faire pour nous retrouver. Ceci étant dit, il faut que tu ailles de l'avant, que tu continues à agir pour que tout cela se réalise. Je comprends ton chagrin face à la disparition du fauve mais, d'après ton récit, le Kedi avec lequel tu as vécu tous ces derniers mois existe toujours ! Tu le reverra un jour ou l'autre et, si tu y mets du tien, cela pourrait peut-être arriver plus vite que tu ne le penses.
Tout en écoutant Nima, une douce quiétude envahit Slaine. Nima avait parfaitement raison, il fallait qu'elle se bouge et aille de l'avant. Rassurée elle répondit :
- Merci commandant...
- Nima ! Appelles moi Nima s'il te plaît. Tu peux me tutoyer également. Tant que nous ne sommes pas devant la troupe ou en opération. Non !? Qu'en penses-tu ?
- D'accord N... Nima. Je ne promets rien mais je vais faire un effort.
- Merci Slaine et essayons de devenir amies ? Cela te fera du bien et à moi également.
- Merci Nima. Merci pour cette offre. Cela me va droit au coeur.
Cette conversation avait complètement ouvert les yeux de Slaine. Rassurée et détendue, elle quitta le bureau du commandant pour retrouver ses quartiers. Autour d'elle, Arkadia se développait encore. Dans le ciel, un nouveau cargo chargé d'épice approchait. Sa cargaison alimenterait bientôt de nouvelles recherches dans les laboratoires flambant-neufs de la cité.
(FIN du chapitre)